Dissertation de philosophie : la vie de l’esprit
Dissertation : Dissertation de philosophie : la vie de l’esprit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lemeilleur • 14 Juillet 2021 • Dissertation • 4 364 Mots (18 Pages) • 732 Vues
Dissertation de philosophie : la vie de l’esprit.
Raoul Croonenberghs. Hkbl.
L’affaire V. Humbert au début des années 2000 a posé la question de ce qu’est la vie de l’homme lorsque le corps n’est plus fonctionnel et que la vie n’est que la vie de son esprit renfermé sur lui-même, privé de ses manifestations extérieures. La vie de l’esprit y est indépendante de celle du corps. Les demandes répétés de suicide assisté de la part du jeune homme mettent en lumière la grande difficulté à penser une vie qui n’est que vie de l’esprit. En effet, penser la vie de l’esprit revient à la distinguer de la vie de l’homme et d’une vie du corps et à supposer que l’esprit peut s’accomplir en tant qu’être, indépendamment des deux autres. La vie d’un être est l’actualisation de son principe d’être dans le temps. L’actualisation de l’esprit est ce qui justement fait la vie en l’homme. En cela elle est principe d’être. C’est pour cela qu’il est considéré que la mort est la disparition de cette esprit en l’homme. Ainsi, l’homme ne vit plus lorsqu’il n’a plus son esprit qui est actualisé. Pour cela, penser la vie de l’esprit comme être indépendant est paradoxal vu que l’esprit y serait principe d’être (de l’homme) et en même temps un être ayant son principe qui lui octroierait justement la vie. Ainsi la vie de l’esprit pose l’alternative entre l’esprit comme principe ou l’esprit comme être. La vie de l’esprit est-elle ce qui fait l’homme ou ce qui le dépasse ? Dans un premier temps il sera question de voir la vie de l’esprit comme manifestation de l’intelligible du monde. Ensuite, il s’agira de voir comment la vie de l’esprit est d’abord présence de soi hors du monde sensible. Finalement, vie de l’esprit n’est peut-être que vie de l’homme à partir du moment où l’on considère l’esprit comme manifestation de la volonté et la liberté en lui.
Premièrement, l’esprit se présente comme l’intériorité qui permet de penser, d’imaginer et qui ressent les diverses sensations. Ainsi, l’esprit se nourrit de l’extérieur qu’il perçoit à travers les sens pour le rendre intelligible. Cette esprit qui est vécu par l’homme comme intériorité marque la distinction entre le sujet qu’il est et le monde extérieur qu’il perçoit à travers les sens. Ainsi dans les Méditations Métaphysiques, Descartes met en doute l’extérieur, le monde qui n’est perçu qu’indirectement à travers les sens pour essayer de trouver l’unique chose dont l’homme peut être certain. Cette chose dont l’homme peut être certain est ce qui ne provient justement pas des sens. Cette première certitude est que « je suis, j’existe » vu qu’elle ne provient pas d’une connaissance extérieure. Pour atteindre cette connaissance, il faut se servir de sa propre raison et ainsi on se rend compte que l’on existe lorsque l’on pense « je pense donc je suis ». L’esprit existe ainsi en tant qu’intériorité en l’homme et il ne peut pas le remettre en doute vu que s’il décidait de le faire, il ferait usage de sa raison. Ainsi l’esprit est pris à la première personne du singulier et la vie de l’esprit serait donc ce qui permet le développement de cette faculté humaine de penser. Le monde extérieur n’est donc pour le moment pas encore doué d’esprit. Mais si l’homme est capable de penser le monde, les corps étendus, il peut trouver un ordre dans le réel. En effet, si l’homme par son esprit est capable de comprendre le monde cela signifie que le monde est compréhensible, qu’il est connaissable. Cela suppose qu’il y ait un ordre au monde qui précède la connaissance de l’homme (l’étonnement) et que ce monde est connaissable. Le mythe de la caverne de Platon renvoie justement à cette idée selon laquelle l’homme est capable de comprendre le sens du réel, ce que chaque élément qui parait à première vue contingent, particulier, à une raison d’être précise qu’il faut tacher de découvrir. L’homme est capable de comprendre le réel car il y a de l’intelligible dans le réel et de l’intelligence en l’homme. On voit alors que l’esprit est en l’homme qui découvre un ordre, un sens mais que le monde est également doué d’esprit. La vie de l’esprit est donc le monde comme cosmos : Au-delà du chaos apparent du réel, il y a un ordre que l’homme perçoit par sa raison. L’esprit dépasse donc l’homme vu qu’il ne s’agit plus uniquement de sa faculté à penser mais de l’ensemble de la rationalité du monde. Pour comprendre la vie de ce monde qui est esprit, il faut donc voir quel est le principe d’être de ce monde : la vie de l’esprit est alors la vie de ce qui donne de la vie à tous les vivants. Par exemple, l’âme en l’homme est ce qui permet d’actualisé son être selon Aristote. Le vie de l’esprit est le principe de vitalité même. Il semble que ce principe d’être n’est pas compréhensible pour l’homme, il pourrait s’agir d’une puissance au-delà de la compréhension humaine qu’il faudrait postuler ou d’une vitalité ex nihilo. La divinité est alors cet être qui est au-delà du compréhensible qui a donné vie au monde ainsi qu’un ordre. On peut penser au mythe d’Epiméthée où ce Dieu a donné un sens, une raison d’être à tous les animaux sauf à l’homme qui a reçu le feu et la technique (esprit) pour comprendre ce monde. La vie de l’esprit est donc le monde qui a un ordre divin : vie car le monde est fait d’être vivants (zôon) qui ont une existence en tant qu’êtres indépendants mais qui forment par les liens qu’ils entretiennent avec les autres êtres un ordre intelligible. L’ensemble de la nature pourrait sembler être un Un unique, intelligible, dans lequel les différentes forces en présence entretiennent une relation dialectique mais qui a une vie propre. De plus, la notion de vie renvoie au mouvement et à l’évolution à travers le temps. Par le jeu des volontés et des forces du monde, une évolution se met en place qui correspond à l’évolution de l’histoire. Ainsi, on pourrait penser un sens au monde à travers le temps qui correspondrait au déploiement de la vie avec différents âges historiques et qui avancerait dans le temps comme un homme avec une jeunesse, un acmé, un dépérissement. Cette avancée dans le temps de l’esprit serait alors le progrès historique (Marx, communisme…). On voit donc que la notion d’esprit peut prendre plusieurs sens : intériorité en l’homme qui lui permet de penser le réel mais également intelligible de l’extériorité (monde). Ainsi la vie de l’esprit dépasse l’homme mais en fait toute sa grandeur vu que persévérer dans son être, accomplir sa nature correspond justement à comprendre cet esprit. La vie de l’esprit serait alors deux choses : le mouvement du monde comme évolution du rapport de force entre les différents éléments le composant (histoire), ce sens serait davantage lié à l’histoire de l’homme à cause de sa liberté, qui le rend indéterminé et le pousse à tout le temps évolué selon une dialectique hégelienne. Mais également un sens cosmologique si l’on considère le monde comme Un, intelligible et vivant grâce à la grandeur divine, dont l’homme peut rendre compte par son esprit.
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