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Dissertation de philosophie - Douter

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Par   •  22 Mars 2021  •  Dissertation  •  2 721 Mots (11 Pages)  •  317 Vues

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Dissertation de philosophie : DOUTER

Comment différencier rêve et réalité ? Comment être certain que nous vivons dans le monde réel ? Ces questions sont posées dans le film Inception (2010) de Christopher Nolan où l’on retrouve une certaine ambiguïté en ce qui concerne la réalité. Cette ambiguïté volontaire invite à penser que la vie est un songe, personne ne pouvant prouver que le réel n’est pas un artefact de la conscience. En effet, le personnage principal, Cobb, et sa femme, Mal, ont élaboré un processus permettant d’influencer l’inconscient d’une victime en se rendant dans son rêve. Mais ils étaient tellement impliqués dans ce projet qu’ils se perdirent : en pensant être en train de rêver, sa femme s'est suicidée croyant ainsi revenir à sa vision de la réalité. En outre, on ne peut jamais savoir si on est vraiment réveillé au moment où nous parlons. Même si l’action humaine s’appuie sur une quantité nécessaire de certitudes, il faut cependant admettre que ces certitudes peuvent toutefois être relatives. En ce sens, il apparait judicieux pour l’homme de douter de celles-ci. Douter signifie ordinairement hésiter sur le vrai et le faux, il s’agirait d’une incapacité involontaire de choisir ou de savoir. Mais douter prend un tout autre sens en philosophie, il s’agit d’une activité méthodique, une remise en question de toute certitude, volontaire. Les premiers à avoir jeter un regard soupçonneux sur la connaissance sont les philosophes sceptiques grecs, tenant tout pour faux de peur de se tromper. Mais si le doute nous est présenté comme attitude philosophique, est-il quelque chose de si positif? En effet, il semble qu'il est peut-être exagéré de douter de tout. Il vient donc à se demander jusqu’où faut-il douter ? Quand il s’agit de vivre, nous ne pouvons douter sans cesse… De plus, le fait de douter ne doit-il pas précisément servir à établir des vérités, et donc aboutirai à ne plus douter ? En effet, douter doit être une attitude systématique qui apparait inévitable chez les sceptiques, refusant les incertitudes. De plus, le fait de douter serait un moyen de recherche du vrai. En ce sens, si le doute permet de rechercher la vérité, nous n’aurions plus à douter par la suite. Par conséquent douter n’apparaitrait plus comme une attitude constante et obligatoire.

Douter apparait comme une attitude systématique chez les sceptiques qui refuse de se laisser berner par l’opinion. Dans un premier temps, aucune connaissance semble indubitable. Partons de la connaissance la plus immédiate, la perception. Si l’on prend l’exemple de la température on remarque que les hommes peuvent avoir une impression radicalement différente de celle-ci au même endroit et au même moment selon leur état. Or, comment puis-je savoir que je perçois la bonne température? Comment puis-je vérifier que mon ressenti décrit la réalité? Le sceptique nous montre ici que tout ce que l’on ressent n’est pas nécessairement réel. En ce sens, il y a une différence entre ce qui est perçu et ce qui est. Cette idée est soutenue par le principal disciple de Pyrrhon, Timon de Phlionte, à l’origine du phénoménisme, c’est-à-dire à l’origine de la distinction entre la chose et son apparence subjective, dans Des Sensations :  « Que le miel soit doux je ne l’affirme pas mais qu’il paraisse doux j’en conviens ». Par conséquent, dans le domaine de la perception, le doute est donc rationnel,  car nous ne pouvons jamais être certain d'être dans le vrai.

De plus, dès notre enfance, des connaissances fausses nous sont inculquées. En effet, dans ses Méditations Métaphysiques Descartes exprime l’idée selon laquelle : « Dès mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables ». En ce sens, il montre bien que durant l’enfance on reste passif devant un enseignement qu’on considère indubitablement comme certain, sans chercher à le remettre en cause. En effet, Wittgenstein dans De la certitude montre bien que si l’enfant doutait constamment des certitudes avancées par le maître, il se placerait dans une position de « non-apprentissage ». Toutefois, l’élève n’a pas si tort que cela s’il doute du maître dans la mesure où l’histoire par exemple repose sur le témoignage des autres. En ce sens, comme le montre Hume dans l’Enquête sur l’entendement humain, toute connaissance à caractère informatif sur le monde est incertaine.

Ainsi, Pyrrhon dans son scepticisme disait qu’il fallait renoncer à énoncer des affirmations catégoriques. Le scepticisme ne se définit pas en effet comme une doctrine mais il se définit par son action comme le montre son étymologie. Scepticisme vient de <skepsis> qui signifie examiner, regarder attentivement, en grec. En effet, pour les sceptiques on ne peut rien connaître avec certitude, on ne peut émettre de jugement, on se limite à l’observation . C’est ce que montre Agrippa à travers la régression à l’infinie selon laquelle tout argument réclame une preuve ou encore à travers l’argument du diallèle selon lequel A est prouvé par B et B par A. Sur ce constat, les sceptiques concluent qu’il faut s’abstenir de toute affirmation, l’opinion est en effet trop incertaine pour être affirmée. De plus, le philosophe sceptique Sextus Empiricus avance l’idée selon laquelle celui qui suspend son jugement est à tous égards heureux. Par exemple, celui qui déclare que la richesse est un bien et la pauvreté un mal est doublement troublé de ne pas être riche car il ne possède pas de bien et il travaille à l’acquérir et lorsqu’il le possède il est également troublé car il travaille à maintenir cette richesse et il connait la crainte de la perdre. A contrario, celui qui suspend son jugement sur la richesse et qui ne la considère pas comme nécessaire ou qui ne se réjoui pas de sa présence n’est en aucun cas troublé. En ce sens, en cherchant à atteindre l’ataraxie en déterminant la nature des choses, le sceptique à rencontrer des incertitudes et à donc suspendu son jugement et par le biais de cela, il a découvert que cet état le menait à l’ataraxie. Cette idée est soutenue par le philosophe AEnésidème qui exprime l’idée selon laquelle le bonheur serait atteint lorsque le philosophe aurait la sagesse de savoir qu’il ne comprend rien avec certitude.

En ce sens, le fait de douter apparait comme une fin en soi pour les philosophes sceptiques, permettant de montrer que les connaissances sont incertaines et qu’il peut amener l’homme à atteindre l’ataraxie. Toutefois, peut-on vraiment considérer le fait de douter comme une fin en soi ? En effet, le fait de douter peut également être un moyen de recherche de la vérité.

Le fait de douter peut être un moyen de recherche de la vérité permettant les échanges d’idées et l’ouverture des esprits. En effet, sous les régimes totalitaires l’objectif est de ne pas faire évoluer les mentalités pour que celles-ci ne remettent pas en cause le régime. En quelque sorte en excluant la possibilité de douter, on fige la raison de l’homme, on le maintien dans l’obscurantisme. C’est également le cas dans certaines religions où le doute est considéré comme une menace pour la foi. A l'époque de Kant, ceux qui voulaient publier des livres dont le contenu n'était pas en accord avec l’Eglise courraient le risque de la censure. Ainsi dans Qu’est-ce que la lumière ? Kant exprime l’idée selon laquelle la liberté d'opinion et d'expression est ce qui permet à un peuple de progresser. En ce sens, il encourage l’homme à douter. En effet, Nietzsche stigmatise l’attitude de ceux qui ne doute de rien comme étant celle du « troupeau » autrement dit ceux qui suivent sans se faire leur propre opinion, sans même comprendre ce qu’il se passe. Par conséquent, penser par soi-même, remettre en cause le bien-fondé de ce qui nous entoure permet à l’homme de devenir un « homme libre ».

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