Fiche lecture Jacinthe Pepin

Introduction :

Après des débuts comme infirmière clinicienne aux soins intensifs, Jacinthe PEPIN obtient un poste de professeure à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Elle s’inscrit au doctorat en sciences infirmières à l’université de Rochester aux Etats-Unis. Au fil des années, elle développe une expertise d’enseignement dans les domaines concernant la discipline infirmière et la science de la formation infirmière. De 2007 à 2010, elle est Directrice du Centre d’innovation en formation infirmière (CIFI), ce dernier est devenu une référence internationale sur les questions et les enjeux de la formation infirmière. Elle assure la direction scientifique de l’Équipe de recherche FUTUR, travail axé sur la formation universitaire plus précisément sur l’apprentissage des professionnels de la santé, subventionnée par le FRQSC (fond de recherche du Québec société et culture). Membre régulier du Réseau de recherche en interventions en sciences infirmières du Québec (RRISIQ), elle a contribué au développement de cette plateforme à l’échelle internationale (2014-2019). Docteure PEPIN préside le Conseil consultatif sur la formation infirmière du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) depuis 2017. Elle a dirigé des études et prises de position internationales sur la formation infirmière et est auteure de nombreuses autres publications, dont le livre « La pensée infirmière » (4e édition, 2017). Docteure PEPIN a été lauréate en 2015 du Prix de l’ACÉSI Pat Griffin Scholar Award, décerné pour sa recherche en formation infirmière. En 2019, elle a reçu le Prix Florence, catégorie rayonnement international, de l’Ordre des infirmières et infirmières du Québec.

« Après avoir décrit succinctement ces composantes de la pensée infirmière, des exemples de leur intégration à la pratique, à la recherche et à la formation seront donnés ».

Développement :

Cet article présente l’évolution de la pensée infirmière à travers des concepts dans la pratique, la recherche et la formation. Il est souligné l’importance des connaissances afin d’alimenter les recherches scientifiques pour garantir des pratiques professionnelles de qualité.

La perspective infirmière signifie la manière dont l’infirmière est en relation avec des personnes, familles ou communautés qui traversent des situations liées à la santé. Selon Risjord, la perspective infirmière permet une compréhension plus complète de la santé humaine tandis que celle actuelle se focalise sur les problèmes de santé. Selon de nombreuses théoriciennes, la mission sociale et les valeurs professionnelles s’inscrivent dans la discipline infirmière. Ces théoriciennes sont à l’origine de concepts qui orientent la pratique dans les différents secteurs d’activité des infirmières. Ces concepts sont rassemblés en écoles de pensée infirmière. La difficulté est d’harmoniser l’application de ces concepts dans les différents milieux de soins. Tapp relève la nécessité d’encourager la participation des infirmières au travers de lieux d’échange, de questionnements et d’ajustements. Cela permettrait aux infirmières de participer à la santé des personnes qui pourrait s’en trouver améliorée. Les valeurs humanistes et sociales fédèrent les infirmières en une culture qui orientent les connaissances produites et utilisées. La pratique infirmière et les connaissances qui en résultent en lien avec les chercheurs permettent de répondre aux phénomènes rencontrés quotidiennement dans la pratique infirmière. Ces sciences infirmières en lien avec d’autres sciences mettent au cœur de la prise en charge la pratique infirmière.

La pensée infirmière par et pour la production et l’utilisation de connaissances scientifiques en pratique fait référence à une approche qui lie directement la pratique infirmière à la recherche scientifique. Trois situations d’étude sont présentées dans lesquelles différentes questions sont soulevées : l’équité dans les soins à toutes personnes, les questionnements éthiques, l’importance des échanges pour réfléchir de façon collégiale à l’amélioration de leur pratique.

Ces études soutiennent la place de la culture identitaire au travers d’une réflexion critique sur la pratique infirmière ou des articles scientifiques. Participer à ces réflexions théoriques et scientifiques afin de répondre à des problématiques dans leur pratique contribue à la discipline infirmière et à l’amélioration de la santé des personnes, familles et communauté. La production et l’utilisation de connaissances par les infirmières contribue à la recherche scientifique.

Il est important que les chercheurs s’interrogent sur la manière dont leurs recherches contribueront à la production de connaissances qui pourront s’intégrer dans la discipline. Les chercheurs doivent préciser les référents (philosophiques, conceptuels ou théoriques), qui garantissent la cohérence de la recherche dans toutes les étapes. Lors de ces dernières, il doit être pris en compte les connaissances existantes tant dans la discipline infirmière que dans les disciplines semblables afin d’apporter une nouveauté, mais aussi pour mettre en lien les nouvelles connaissances avec l’existant. L’article présente deux exemples de recherche pour illustrer cette démarche : le sens des cris de personnes âgées avec démences vivant en hébergement (Bourbonnais) et une série d’études visant à améliorer les compétences du raisonnement et du leadership des infirmières nouvellement diplômées (Goudreau). Ces exemples montrent que la recherche en sciences infirmières permet de développer des connaissances dans la discipline, mais également dans d’autres

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