La diffusion de la monnaie papier

“Qui a inventé la monnaie ? Personne ou plutôt tout le monde'', c'est précisément en ce sens que Benoît Malbranque l'auteur du livre ''D'or et de papier'' définit toute l’étendue de la complexité de la création de la monnaie et son fonctionnement. Alors, c’est pourquoi il conviendra d’attacher une étude particulière à la question de la diffusion de la monnaie-papier afin de comprendre toute sa dimension.

La monnaie est un instrument de paiement en vigueur en un lieu et à une époque donnée en vue d'effectuer des échanges commerciaux. Aristote définit 3 fonctions de la monnaie : une unité de compte ; une réserve de valeur, c'est -à -dire la capacité que possède un la monnaie de transférer du pouvoir d'achat dans le temps ; un intermédiaire des échanges.

A l’origine, à l’époque néolithique (8000 av J.C.), il existait déjà des échanges marchands se faisant grâce à des transactions permettant de former une certaine activité économique. En effet, les premières transactions entre les hommes se faisaient initialement par du troc par le biais d’un échange d'objets. Pour ce faire, les hommes se dotaient d’une forme de monnaie très variée selon les différents groupes humains, on parlait de matières premières (sel…) ; de produits agricoles (des feuilles, du bétail…) ou même d’êtres humains (esclaves).

Ensuite apparaît la monnaie, l'or et l’argent comme unité de compte venant faciliter les échanges commerciaux et l’activité économique aux alentours de 650 av JC. Ces métaux rares et précieux vont donc venir faciliter les échanges économiques autour du bassin méditerranéen, celui-ci étant symbole de pouvoir et de richesse. Et cette forme d’échange sous des métaux précieux va persister dans nos échanges durant des millénaires.

Mais apparaît enfin, grâce à l’invention du papier en Chine (105 ap. JC), la monnaie en papier (la monnaie fiduciaire) au VIIIème siècle ap. JC en Chine, cela prenait notamment la forme d’une dette payable. Mais cette monnaie papier va réellement servir aux échanges commerciaux à partir du Xème siècle ap. JC. Cette monnaie papier, plus pratique, plus légère, va venir substituer les métaux rares et précieux de l’époque et va donc faciliter les échanges commerciaux. De sorte que même aujourd’hui, nous faisons davantage face à une unité de compte sous forme de papier plutôt que des pièces de métaux rares. Mais cette consécration au début du millénaire de l’an 1000 n’est pas sans effet sur notre monnaie contemporaine.

Ainsi, il est particulièrement intéressant d’apporter une étude particulière à la question de la diffusion de la monnaie-papier en vue de comprendre toute la dimension l’entourant, c'est-à- dire à la fois sa consécration mais aussi ses conséquences sur notre monnaie contemporaine.

Alors, il conviendra de s’interroger sur la question suivante : L’apparition de la monnaie papier au Xème siècle correspond-t-elle aux prémices d’une dématérialisation de notre monnaie contemporaine ?

Dans un premier temps, nous porterons notre une étude sur le progrès économique qu’a apporté l’apparition et la diffusion de la monnaie papier mais nous verrons que celle-ci n’est pas sans conséquence sur notre monnaie, nous verrons donc qu’elle correspond aux prémices d’une dématérialisation de notre monnaie contemporaine.

I) L’apparition et la diffusion de la monnaie papier au Xème siècle : un progrès monétaire

L’apparition de la monnaie papier en Chine au Xème siècle ap. JC vient complètement bouleverser l’activité économique de l’époque dans la mesure où celle-ci est un véritable progrès financier et monétaire.

Cette monnaie papier va ainsi se diffuser à travers tout l’Occident (A) et va avoir de multiples effets sur l’activité économique mondiale de l’époque (B).

L’apparition de la monnaie papier

Tout d’abord, durant des siècles, la monnaie était sous forme de pièces confectionnées avec des matériaux relativement rares selon la valeur que nous voulions lui donner. Des matériaux comme du bronze, du métal, de l’argent et bien même de l’or. Cependant pour de grosses transactions, ce système de pièces n’était pas optimisé. En effet, le poids des pièces était assez encombrant et octroyait des barrières aux échanges.

Pour remédier à ce problème, les commerçants chinois ont trouvé une alternative aux pièces de monnaie. Effectivement sous le règne de la dynastie Tang (618-907), le commerce à l’intérieur même de la Chine mais également à travers le monde s'est développé. De ce fait, les commerçants ont pris des habitudes de paiement à crédit afin de faciliter les transactions commerciales. Ces crédits se traduisaient en déposant de l’argent à des corporations qui étaient des associations de métiers. Cela signifie que les artisans se regroupaient en corporations afin de déposer de la monnaie et en recevant des “Hequans” qui était un “billet de contrepartie” permettant de retirer la même somme dans une corporation identique dans une autre ville, d’une certaine manière, ce “Hequan” est l’ancêtre de notre carte bancaire actuelle.

Au début du IX° siècle, à la suite d’abus de ce système de la part de certains commerçants, l’Etat chinois prend le contrôle de ces échanges de monnaies en créant un système de reçu officiels se nommant le “Feiqian” qui signifie “monnaie volante” qui se retirait seulement auprès des administrations de l’Etat. Le fait que l’Etat s’investisse dans ce système a permis le développement et la démocratisation de ce système dans tout le pays.

Le premier billet monétaire est ainsi apparu entre la fin du X° siècle et le début XI° siècle en Chine grâce à l’invention de l’imprimerie, mais également en raison de la pénurie des matériaux nécessaire à la création de la monnaie en pièces comme le métal, l’argent etc.

Les premiers billets servant à des transactions se nommaient les "Jiaozis" apparues sous la Dynastie Song (960-1279). Ces billets étaient garantis par une réserve de pièces pour l’époque et de nos jours par une réserve en or et d’argent.

Par la suite, les billets ont connu différentes évolutions. En effet, initialement, ils étaient imprimés avec de l’ancre noir sur des plaques en bois ou de bronze avec un symbole au mileu de cette plaque indiquant la valeur que possédait le billet. Enfin, entre le XIII° siècle et le XIV° siècle, la fabrication des billets devait suivre un protocole bien précis

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