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Les Pays Emergents

Mémoires Gratuits : Les Pays Emergents. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2013  •  451 Mots (2 Pages)  •  688 Vues

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Elle insiste d’abord sur leur statut de victimes. Si, en effet, l’extrait s’ouvre sur son indignation personnelle (« rouge de colère »), très vite il évolue vers une vision collective par le passage au pluriel dans les interrogations oratoires, et le choix du pronom « nous » : « et pourquoi soumises, s’il vous plaît ? », « Sommes-nous donc des esclaves ? » Cette victimisation collective s’appuie sur une image péjorative de la maternité renforcée par les interrogations oratoires nombreuses, et par l’anaphore de « N’est-ce pas assez ». La Maréchale développe une vision audacieuse, même si elle utilise des périphrases pour énumérer tous les inconvénients d’être une femme qu’elle reprend à son compte : les femmes sont « sujette[s] tous les mois à des incommodités très désagréables », la grossesse devient « une maladie de neuf mois, qui quelquefois est mortelle », idée reprise par « la suppression d’une de ces douze maladies par an [...] capable de me donner la mort », enfin l’accouchement se fait dans « de grandes douleurs ». N’oublions pas le nombre de femmes qui, faute d’une élémentaire hygiène et d’un suivi médical sérieux, mouraient en accouchant au XVIII° siècle ! La dernière touche ajoutée à ce triste tableau est le rappel de la minorité juridique de la femme, qui n’a pas le droit de gérer ses biens, ni même de garder un héritage : ainsi un fils pourra la « plaider quand il sera majeur », c’est-à-dire la dépouiller de tout. Le statut de la femme n’est donc guère enviable à cette époque…

Il est logique alors que la Maréchale revendique la reconnaissance d’une égalité entre l’homme et la femme, qu’elle fonde sur une double argumentation. Elle remplace habilement l’idée d’une différence naturelle (« des organes différents de ceux des hommes ») par celle d’une complémentarité qui rétablit une égalité : « nous rendant nécessaires les uns aux autres ».

Portrait de Catherine II de Russie Puis une fois rétablie une forme d’égalité physique, elle revendique l’égalité intellectuelle, en détruisant l’argument masculin par le choix même des verbes qui le présentent : « Ils prétendent avoir aussi la tête mieux organisée, et, en conséquence, se vantent d’être plus capables de gouverner ». Elle répond à cette affirmation masculine par un exemple, celui de la « princesse allemande », qui rappelle Catherine II de Russie pour laquelle Voltaire a toujours témoigné une vive admiration. On notera ainsi l’énumération élogieuse, soutenue par la récurrence de « toutes/tous ». Il s’agit ici de l’image du monarque « éclairé », idéal du siècle des Lumières, rapportée à une femme, d’où la conclusion logique pour l’Encyclopédiste que fut Voltaire : pour qu’une femme égale un homme, il suffit d’augmenter

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