Étude du roman Au Bonheur Des Dames d'Emile Zola
Rapports de Stage : Étude du roman Au Bonheur Des Dames d'Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar mary_tgfe • 6 Septembre 2013 • 900 Mots (4 Pages) • 670 Vues
Avec cet ouvrage Brigitte Émile-Zola invite son lecteur à feuilleter un album de famille. Ce sont des souvenirs qui s’accumulent ici, avec leur désordre, leurs ellipses, leur caractère lacunaire. C’est aussi un trésor in- time dans lequel le lecteur peut puiser comme si lui étaient ouvertes les armoires de la maison de Brienne-le-Château, dans l’Aube, où l’auteur de ce livre range ses collections familiales : des documents inattendus en surgissent parfois, qui restituent le passé, livrent des fragments d’une histoire qu’on croyait pourtant connaître, mais qui, à chaque découver- te, apparaît étrangement intacte, presque renouvelée.
L’œuvre de Zola n’est pas absente de ce récit autobiographique, bien sûr, mais elle n’en occupe pas le centre; elle s’y trouve à l’arrière-plan, dessinée comme un horizon de lecture. En rédigeant ce texte, Brigitte Émile-Zola a surtout pensé à la façon dont elle devait se situer face à un héritage moral qu’elle assume avec gravité.
Très tôt, dès son jeune âge, un homme lui a insufflé ce devoir moral. Cet homme, c’est son grand-père, Jacques Émile-Zola, le fils de l’écri- vain. C’est à cet homme qu’elle entend rendre hommage, en se tournant
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vers lui, en lui disant à travers ces pages tout son amour, toute son affec- tion. Entre elle et lui se dresse par instants la figure de son père, Fran- çois Émile-Zola, dont elle a été brutalement séparée au début de son adolescence et qu’elle s’efforce de comprendre, à travers la succession des événements de l’existence.
Toute une généalogie s’ébauche ici. Et une interrogation revient constamment. Elle porte sur ce qui a constitué l’origine familiale, un siè- cle plus tôt – cette déchirure qui a marqué la vie d’Émile Zola, partagé entre deux femmes qu’il a également aimées et entre lesquelles il n’a pas voulu choisir : Alexandrine, son épouse légitime ; et Jeanne Rozerot, celle qui lui a donné ses deux enfants, Denise et Jacques, nés en 1889 et 1891.
Le livre de Brigitte Émile-Zola ne peut réparer cette fracture. Mais il tente au moins de retrouver la force de la passion amoureuse qui a uni Zola et Jeanne, en donnant la parole au fils de Jeanne, Jacques, seul té- moin capable de donner accès à ce passé disparu.
De Jacques, cet album de famille nous propose différentes images: celle du grand-père affectueux, que met en scène le récit des étés à Brienne; celle du médecin et de l’humaniste, que permettent de saisir les témoignages rassemblés au moment de sa mort, en 1963 ; et, en der- nier lieu, celle de l’enfant, que nous livre cette étonnante correspondan- ce des années 1892-1899, dont les textes sont reproduits en fac-similé, pp. 155 à 163.
L’hommage de 1963 éclaire la fin d’une existence. Il rappelle la gran- de générosité intellectuelle de celui qui a su accueillir dans son appar- tement de la rue Pigalle, après la Seconde Guerre mondiale, toute une génération de chercheurs avides de redécouvrir l’œuvre de son père, et qu’il a soutenus par ses conseils ou ses encouragements. La corres- pondance des années 1890 nous montre, au contraire, comment cette existence s’est forgée ; de quelles sources, morales et affectives, elle s’est nourrie.
Jacques est âgé d’un peu plus d’un an lorsque son père lui écrit
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