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Étude du poème L'albatros de Charles Baudelaire

Mémoire : Étude du poème L'albatros de Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Janvier 2013  •  5 574 Mots (23 Pages)  •  1 374 Vues

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Charles Baudelaire : l'Albatros

Ce poème, paru seulement en 1859, comportant quatre quatrains composés d'alexandrins en rimes croisées, apparaît dans la section "Spleen et Idéal" des Fleurs du Mal.

L'idée initiale remonterait à un incident du voyage à la Réunion (1841). Pour symboliser le poète, Baudelaire ne songe ni à l'aigle royal des romantiques, ni à la solitude orgueilleuse du condor, décrite par Leconte de Lisle. Il choisit « un symbole plus douloureux » : l'albatros représente « la dualité de l'homme » cloué au sol et aspirant à l'infini ; il représente surtout le poète, cet incompris.

Il a vraisemblablement été inspiré à Baudelaire par son voyage en bateau à destination de l'île Bourbon alors qu'il avait à peine 20 ans. La « pêche à l'albatros » (avec une ligne portant un liège et un triangle de fer amorcé à la viande) était traditionnelle à bord des voiliers au « grand long cours » au-delà des trois caps. L'instrument de pêche triangulaire servait d'ailleurs d'emblème à l'association des anciens marins cap-horniers.

L'albatros était souvent vu par les marins de l'époque comme malfaisant car un homme tombé à la mer (qu'on ne pouvait pas en général repêcher) était aussitôt attaqué à coups de bec par les albatros.

Traditionnellement, l'albatros ainsi pêché servait aux marins à réaliser divers objets en dehors de leurs heures de quart : la peau des pattes devenait blague à tabac, certains os servaient à confectionner des mâts et vergues pour les maquettes de navires et le bec était monté sur une tête d'albatros en bois sculpté, comme pommeau d'une canne faite de vertèbres de requin enfilées sur une tige de fer, classique cadeau de l'équipage à son capitaine en fin d'une bonne traversée.

Baudelaire n'avait pas choisi cet embarquement de plein gré : il y avait été contraint par son beau-père, le Général Aupick, qui espérait ainsi le « corriger de ses inconduites » et s'il détesta l'expérience et ne s'intégra pas à l'équipage, il fut néanmoins marqué par ce voyage qui influença son œuvre.

(source : wikipedia)

Claude Pichois, dans l'édition des Fleurs du Mal parue aux éditions de la Pléade, apporte les précisions suivantes (page 835) :

"Jean Pommier a rencensé les sources possibles ; elles sont nombreuses. Ajoutons aux témoignages le suivant, qui est contemporain du voyage de Baudelaire. Le docteur M. Yvan, chargé de mission en Chine, publie en 1855 la relation du voyage qui, en 1844, l'a fait relâcher à l'île de la Réunion (De France en Chine, Hachette, coll. "Bibliothèque des chemins de fer"). Après avoir quitté l'île, il voit pétrels et albatros s'abattre sur le sillage du vaisseau : " les marins amorcent ce grand palmipède en lui jetant de longues lignes armées d'un hameçon garni de morceaux de lard ou de volaille. Le pauvre oiseau se laisse prendre facilement à cet appât perfide. Lorsqu'il est attiré sur le pont d'un navire, l'albatros ne cherche pas à fuir ; il regarde avec étonnement les ennemis qui l'entourent, il marche sur le sol ferme et résistant ; on dirait que sans l'aide agitée des eaux, il ne peut s'élancer dans les airs."

Ce texte a le mérite de consigner une impression qui fut aussi, semble-t-il, celle de Baudelaire.

Le problème posé par cette pièce d'anthologie (et considérée comme telle dès 1862) est celui de la date de composition.

Ernest Prarond, évoquant ses souvenirs sur Baudelaire pour Eugène Crépet en 1866 précisera : " Il est certain que L'Albatros lui fut suggéré par un incident de sa traversée. Il nous le récita dès son retour." Et plus loin : L'Albatros, la seule pièce bien certainement rapportée de son voyage, je veux dire composée pendant le voyage. De même Henri Hignard, condisciple à Louis-le-Grand qui a encore fréquenté Baudelaire de 1843 à 1846, rapporte que son ami lui récite L'Albatros à cette époque et que la poésie avait été "composée sur le pont du navire en pleine mer" (Revue du Lyonnais, juin 1892)

L'Albatros est-il donc un poème de jeunesse (1841-1842) ou un poème de maturité (1859), contemporain du Voyage, des Sept vieillards, etc ? La réponse est double.

(...) Ainsi, rien n'empêche de croire que la première version de L'Albatros de Baudelaire date du voyage (1841-1842), qu'elle a été écartée ensuite (en 1859, Asselineau, qui est l'ami de Baudelaire ne connaît pas la poésie), pour être reprise enfin à Honfleur et peut-être déjà sous une forme légèrement différente de la version de 1841-1842. Au reçu du poème, Asselineau avait écrit à son ami : "la pièce de L'Albatros est un diamant ! - Seulement je voudrais une strophe entre la deuxième et la dernière pour insister sur la gaucherie, du moins sur la gêne de l'albatros, pour faire tableau à son embarras. Et il me semble que la dernière strophe rejaillirait plus puissante comme effet." On donnera raison à Asselineau : l'addition, acceptée par Baudelaire, de l'actuelle troisième strophe est très heureuse.

En demandant à Baudelaire d'ajouter une strophe, Asselineau se souvenait sans doute d'un autre poète pour lequel il éprouvait une vivre admiration, Gautier, dont Le Pin des Landes (Espana dans Poésies complètes, 1845) présente, avec un symbole analogue, la même structure que L'Albatros dans sa version finale :

On ne voit en passant par les Landes désertes,

Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,

Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes

D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,

L'homme,

...

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