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Étude de l'essai I, 31, Des Cannibales de Michel De Montaigne

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Par   •  2 Novembre 2014  •  578 Mots (3 Pages)  •  1 178 Vues

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Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de

sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun

appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ; comme de vrai, il semble

que nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et

idée des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la

parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes

choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits

que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité,

ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de

l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là

sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et

propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons

seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et si pourtant,

la saveur même et délicatesse se trouve à notre goût excellente, à l’envi des

nôtres, en divers fruits de ces contrées à sans culture. Ce n’est pas raison

que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère

Nature. Nous avons tant surchargé la beauté et richesse de ses ouvrages par

nos inventions que nous l’avons du tout étouffée. Si est-ce que, partout où

sa pureté reluit, elle fait une merveilleuse honte à nos vaines et frivoles

entreprises,

Et le lierre vient mieux de lui-même

Et l’arbousier croît plus beau dans les antres solitaires,

Et les oiseaux, sans art, ont un chant plus doux.

Tous nos efforts ne peuvent seulement arriver à représenter le nid du

moindre oiselet, sa contexture, sa beauté et l’utilité de son usage, non pas la

tissure de la chétive araignée. Toutes choses, dit Platon, sont produites par

la nature ou par la fortune, ou par l’art ; les plus grandes et plus belles, par

l’une ou l’autre des deux premières ; les moindres et imparfaites, par la

dernière.

Ces nations me semblent donc ainsi barbares, pour avoir reçu fort peu de

leçon de l’esprit humain, et être encore fort voisines de leur naïveté

originelle. Les lois naturelles leur commandent encore, fort peu abâtardies

par les nôtres

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