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Équitan : courtoisie et chevalerie à deux côtés

Dissertation : Équitan : courtoisie et chevalerie à deux côtés. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Décembre 2016  •  Dissertation  •  2 073 Mots (9 Pages)  •  3 501 Vues

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« Equitan : courtoisie et chevalerie à deux côtés » [pic 1]

Commentaire composé

Présenté par

Julianne Lamarche

(7674741)

Dans le cadre

Du cours FRA3561 Le Moyen Âge

Donné par Karine Bougie

Université d’Ottawa

Département de français

Mercredi le 23 novembre 2016

La courtoisie et la chevalerie sont des thèmes qui reviennent souvent dans des textes du Moyen Âge. D’ailleurs, ceux-ci faisaient donc partie de la vie de tous les jours à cette époque ; la courtoisie et la chevalerie sont donc des éléments quotidiens d’actualité dans la vie médiévale. Les gens médiévaux font affaire à la cour, aux chevaliers et à la féodalité. Selon le Dictionnaire des symboles de Chevalier et Gheerbrant : « L’idéal de la chevalerie se résumait en un accord de loyauté absolue envers des croyances et des engagements auxquels toute la vie est soumise[1] ». Par ailleurs, Le Petit Robert définit la courtoisie comme une politesse raffinée[2]. Dans «  Equitan  », un des  lais de Marie de France, on peut voir ressortir les thèmes de courtoisie et de chevalerie à plusieurs reprises, ainsi leurs inverses, c’est-à-dire des mots et des actions qui font preuve de discourtoisie et d’anti-chevalerie. Nous étudierons les valeurs courtoises et chevaleresques  du roi et de la femme du sénéchal, et comment ces valeurs vont disparaître tout au long de leur relation secrète et interdite. À première vue, nous analyserons les valeurs courtoises et chevaleresques à partir de la narration ainsi que par le monologue et le dialogue, suivit par une analyse des valeurs discourtoises et anti-chevaleresques, encore une fois en passant par la narration ainsi que par le monologue et le dialogue.

D’abord, nous analyserons les valeurs courtoises et chevaleresques à partir de la narration. Les lais de Marie de France se composent, la plupart du temps, d’une part plus grande de narration que de dialogue ou de monologue. Le lai se commence par une introduction par la narratrice. Elle informe le lecteur que les Bretons sont des gens nobles et courtois, et qu’ils écrivent leurs lais pour préserver des mémoires pour ne point les oublier. Ensuite, elle introduit le personnage d’Equitan en disant : « [qu’il] mult fu curteis, / sire des Nanz, justise et reis[3] ». Dans ce vers, la narratrice décrit le roi Equitan comme un roi courtois qui est aussi un seigneur et un juge de la justice. Elle continue par dire que le roi fut fortement honoré par les gens de son royaume, qui donne ainsi l’impression aux lecteurs qu’il est un homme de grande courtoisie. Prochainement, la narratrice introduit la femme du sénéchal, et elle fait ceci par un changement de paragraphe. Elle dit que la dame a une beauté extraordinaire et qu’elle est bien éduquée ; elle est donc l’exemple parfait d’une femme courtoise.  Le changement de paragraphe devient ici pertinent, puisqu’après cette description de la dame, le lecteur en voit une autre, mais qui se concentre uniquement sur la physique de la dame, oubliant les éléments courtois de celle-ci. C’est ainsi que le changement de paragraphe fut inséré, puisque la description des valeurs courtoises du roi ne coïncide pas avec les descriptions physiques de la dame. Par ailleurs, le sénéchal, ne sachant pas que le roi est amoureux de sa femme, demeure fidèle à lui et se sent mal de ne pas connaître la maladie qui fait souffrir  le roi. Le sénéchal fait ici preuve de chevalerie, puisque d’après Le code de la chevalerie, l’un des codes dit : « tu t’acquitteras exactement de tes devoirs féodaux […][4] ». Le sénéchal demeure loyal au roi sans savoir qu’il se retrouve dans un piège.

Nous analyserons ensuite les valeurs courtoises et chevaleresques à partir du monologue et du dialogue. Au début du premier monologue d’Equitan, il reconnait que son action pourrait être fautive : « E se jo l’aim, jeo ferai mal » (LMF, vers 75). Le roi Equitan fit preuve de sagesse et de courtoisie en se questionnant sur le bien et le mal. De plus, il dit : « Jeo quit que mei l’estuet amer » (LMF, vers 74) ; il dit qu’il ne croit pas qu’il ne puisse l’aimer. Le choix de Marie de France d’ajouter le mot « quit » (qui signifie ici « croire ») intensifie l’incertitude chez le personnage d’Equitan. Cette incertitude vient encore appuyer l’idée qu’il se questionne sur ce qui est bien et ce qui est mal, une caractéristique très chevaleresque. D’ailleurs, lors d’un dialogue entre la dame et le roi, elle lui dit : « Mielz valt uns povres huem leials » (LMF vers 142). La dame dit d’abord qu’un homme pauvre et loyal vaut plus qu’un homme riche, mais trompeur. Elle dit aussi : « S’alcuns aime plus haltement / qu’a sa richesse nen apent, / cil se dute de tute rien » (LMF vers 147-149), qui signifie que celui qui aime plus haut qu’il ne peut est toujours dans le mal – en se référant à son statut inférieur à celui du roi. Les vertus de la dame sont bonnes, puisqu’elle se sert de son intelligence et de sa courtoisie pour voir si le roi la trompera et si cette relation vaut être réalisée. Dans ce même échange de dialogue, le roi réplique en disant : « Ne me tenez mie pur rei, / mes pur vostre hume e vostre ami ! ». Il dit qu’il veut se faire traiter comme un serviteur plutôt qu’un roi quand il est avec la dame. Cette citation crée un lien vassalique entre le roi et la dame, élément courtois et chevaleresque.

Nous allons maintenant analyser la discourtoisie et l’anti-chevalerie chez les personnages à partir de la narration. Cette discourtoisie et anti-chevalerie se présente au tout début du lai, lorsque la narratrice dit qu’Equitan aime le plaisir de l’amour et n’est pas le genre d’apprécier les relations engagées. De plus, il donne toutes ses tâches à accomplir au sénéchal pour qu’il puisse réjouir des plaisirs de l’amour encore plus. Il se préoccupe donc des plaisirs plus que ses propres responsabilités comme roi. Ensuite, la narratrice décrit la dame, mais comme mentionné auparavant, elle se concentre sur les aspects physiques de la dame. L’allitération du b dans « bele buche » (LMF vers 36) vient amplifier l’attention sur la physique de la dame. De plus, la narratrice dit alors : «  Qu’en direie jeo altre chose ? » (LMF vers 40), en impliquant que cette longue description sur la beauté de la dame est la seule chose qui intéresse le roi, sans prêter attention à son intelligence ou à son éducation. La narratrice continue en disant que le roi a commencé à désirer la dame avant même de l’avoir vue. D’une part, il est très incourtois d’aimer la femme de qu’elquun d’autre puisque ceci mènera sans doute à l’nfidèleté. D’une autre part, Marie souligne donc l’importance de la vue, puisque c’est la beauté extérieure qui intéresse le roi ; elle aurait pu donc dire qu’il l’aimait avant de l’avoir rencontré, mais le choix du sens de la vision ajoute à la superficialité du roi. Il y a ensuite la personnification d’Amurs, en disant : «  Une saiete a vers lui traite, / ki mult grant plaie li a faite : / el quer li a lanciee e mise » (LMF vers 59-61) ; Amour lance une flèche qui a blessé le roi en s’implantant dans son cœur. Cette personnification et métaphore indiquent que le roi est victime des flèches du Cupidon ; ce rôle de victime pourrait lui donner raison pour ses actions. Quand les amants se rencontrent en cachète, le roi invente des mensonges pour qu’ils ne se fassent pas dérangé. Cependant, un des codes selon Le code de la chevalerie est : « Tu ne mentiras point et seras fidèle à la parole donnée[5] » ; l’anti-chevalerie se voit lorsque le roi brise ce code. En ce qui concerne le temps, la durée de l’histoire n’est pas plus que trois mois. L’élément temporel du lai côtoie les éléments dans l’histoire : le roi est vite à trahir le sénéchal, l’histoire se poursuit donc rapidement, elle aussi. Dans la dernière portion du lai, le roi et la dame se livrent aux plaisirs de l’amour sur le lit du sénéchal. Le choix du lieu fait par Marie met l’emphase sur la trahison du sénéchal ; non seulement le roi et la dame ont l’audace d’être infidèles au sénéchal, mais ils vont aussi se plaisanter dans son habitation. Comme l’expression se dit, ce geste « ajoute de l’insulte à la blessure ». Encore dans cette dernière portion du lai, lorsqu’Equitan tombe dans la cuve, la narratrice dit brusquement : « Iluec murut e eschalda » (LMF vers 304) ; il meut soudainement. Ce vers est très court et rapide, tout comme la mort du roi ; Equitan était vite à trahir le sénéchal et il était encore plus vite à mourir.

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