LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Zola Analyse

Rapports de Stage : Zola Analyse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Novembre 2012  •  3 085 Mots (13 Pages)  •  976 Vues

Page 1 sur 13

Analyse

Intérêt de l’action

Zola voulut faire d’abord du roman «le poème de l'activité moderne». Mais, ayant décidé de faire de Denise l'héroïne, il y introduisit un côté passionnel et dramatique qui allait prendre une place essentielle et déterminer l'organisation du récit. Le livre, où il a mêlé une histoire d'amour à celle d'un grand magasin, montre l'irrésistible ascension de celui-ci avec en trame de fond la vie d'une jeune provinciale débarquant à Paris en pleine crise sociale.

Quatorze chapitres de longueur à peu près égale, mais d'intérêt gradué, mènent à ce triomphe. Le romancier les répartit en trois grandes masses se terminant chacune par une grande vente, une description de la foule et du grand magasin à trois états différents que Mouret contemple du haut de l'escalier central, son poste d'observation favori.

Premièrement : octobre 1864, chapitre IV, grande vente des nouveautés d'hiver. La recette est de 87742.10 francs et Mouret regarde son magasin animé, puis encombré.

Deuxièmement : 14 mars 1867, chapitre IX, grande vente des nouveautés d'été, à l'occasion de l'inauguration des nouveaux magasins. La recette est de 587742.30 francs. En fin d'après midi, une cohue envahit le magasin embrasé par le soleil couchant.

Troisièmement : février 1869, chapitre XIV, grande vente de blanc et inauguration de la façade du magasin enfin achevé. La recette est de plus d'un million de francs et un piquet d'ordre a été nécessaire pour faire circuler la foule qui, dès le matin, a envahi le magasin.

Le déroulement du roman est assez optimiste par rapport à ceux d’autres romans de Zola (“Germinal”, “L'assommoir”). En effet, l'héroïne du roman, Denise qui arrive à Paris sans argent et en ayant ses frères à sa charge réussit à sortir de cette situation (non sans difficulté), à la fin du roman, en se mariant avec Mouret. Car le roman est aussi un conte bleu, où l'amour, qui finit par triompher.

L'histoire se déroule à Paris pendant le XIXe siècle (entre 1864 et 1869).

L’action est focalisée sur le Grand Magasin qu'est “Au bonheur des dames”.

Intérêt littéraire

On peut apprécier le sens de l’image chez Zola. “Au bonheur des dames” est : «une cité du négoce» (page 50), «une cathédrale» (pages 88, 260, 456, 464), «un harem» (page 133), «une gare» (page 275), «une locomotive» (page 409), «une nef» (pages 260, 275, 314, 440, 463), «un monstre» (pages 26, 31, 61, 133, 257, 402) «qui dévore» (pages 34, 92, 133, 224, 387, 402, 427), «un colosse» (pages 35, 46, 208, 223, 243, 257, 402, 426), «une machine» (pages 38, 69, 92, 111, 115, 125, 174, 175, 182, 322, 366, 377, 387, 389, 402, 424, 451).

On remarque, quand il parle de la maison de Bourras, son passage de la comparaison : elle est «comme une verrue déshonorante» (page 403), à la métaphore : «Et il regardait l'entraille ouverte, le creux libre enfin dans le flanc du Bonheur des dames, débarrassé de la verrue qui le déshonorait» (page 421), et à la métaphore filée : «Déjà la plaie laissée à son flanc par la démolition de la masure de Bourras, se trouvait si bien cicatrisée, qu'on aurait vainement cherché la place de cette verrue ancienne» (page 426).

Intérêt documentaire

‘’Au bonheur des dames’’, grand roman descriptif, inventaire encyclopédique, est un très bon document sur un des phénomènes les plus caractéristiques du monde moderne, le développement du grand commerce, et confirmait l'intérêt de Zola pour les nouvelles formes de production et de diffusion des biens et plus généralement pour les questions économiques et sociales. Il voulut «faire le poème de l'activité moderne [...] aller avec le siècle, exprimer le siècle, qui est un siècle d'action et de conquête, d'effort dans tous les sens». Le sujet du roman est d'abord la guerre sans merci entre le petit et le grand commerce. La vie de ce magasin de nouveautés, l’attirance fascinante qu’il exerce sur les femmes, furent des prétextes pour montrer l’expansion des grandes entreprises, la ruine où elles entraînent les petits commerçants et la prodigieuse fièvre de luxe et de frivolité qu’elles sont capables de déchaîner.

Le XIXe siècle vit naître de nouveaux points de vente : les «magasins», les «marchands de nouveautés» qui s'opposaient par leur taille, la profusion des marchandises, la diversité des produits, le nombre des rayons et des employés, au petit commerce, aux «boutiques», univers terne, froid et laid, qu’on avait vu chez Balzac (“La maison du chat-qui-pelote” et “Grandeur et décadence de César Birotteau”), qui connut des tentatives de sauvetage (dans le roman : Bourras, Robineau, Gaujean) mais aussi un déclin inéluctable. ‘’Au bonheur des dames’’ est une colossale entreprise qui, peu à peu, dévore tout le pâté de maisons et tue les petites boutiques du quartier.

Le Second Empire, qui fut une période d'activité intense, caractérisée par le développement des affaires financières, industrielles et commerciales, vit l'apparition des grands magasin. Marqué par le saint-simonisme, Napoléon III s'intéressa aux questions économiques et souhaita développer la prospérité matérielle du pays. C’est peut-être en ce domaine que son œuvre fut la plus hardie. Allant à l'encontre de la tradition française, il imposa le libre-échange qui pliait les industriels français aux règles de la compétitivité et du marché. Ainsi naquirent et se développèrent “Le bon marché” (1852), “Le Louvre” (1855), “Le printemps” (1865) “La Samaritaine” (1869). Zola s'intéressa tout particulièrement au “Bon marché”, fondé par Aristide Boucicaut, et qui lui servit de modèle. Mais l'évolution du commerce n'a pas été aussi régulière et surtout aussi rapide qu’il le montra, “Au bonheur des dames” croissant autant en cinq ans que ses modèles, Le Louvre et Le Bon Marché, en quelque trente années. En présentant sa prodigieuse croissance, il ramassa en moins de dix ans une évolution qui s'étendit sur plus d'un demi-siècle. Le naturalisme de Zola y perd en véracité, mais l'œuvre y gagne en cohérence.

Toujours aussi soucieux, en véritable ethnographe, d’aller sur le terrain, Zola parcourut les rayons du grand magasin, interrogea

...

Télécharger au format  txt (19.2 Kb)   pdf (179.4 Kb)   docx (16.6 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com