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Voltaire Contre Pascal

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Par   •  6 Juin 2014  •  802 Mots (4 Pages)  •  790 Vues

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2. « Lettre contre Pascal »

J’ai choisi avec discrétion quelques pensées de Pascal : j’ai mis les réponses au bas. Au reste, on ne peut trop répéter ici combien il serait absurde et cruel de faire une affaire de parti de cet examen des Pensées de Pascal : je n’ai de parti que la vérité ; je pense qu’il est très vrai que ce n’est pas à la métaphysique de prouver la religion chrétienne, et que la raison est autant au-dessous de la foi que le fini est au-dessous de l’infini. Il ne s’agit ici que de raison, et c’est si peu de chose chez les hommes que cela ne vaut pas la peine de se fâcher. […] En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, et ces contrariétés étonnantes qui se découvrent dans sa nature (10), et regardant tout l’univers muet, et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il est venu y faire, ce qu’il deviendra en mourant, j’entre en effroi, comme un homme (11) qu’on aurait emporté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître où il est, et sans avoir aucun moyen d’en sortir ; et sur cela j’admire comment on n’entre pas en désespoir d’un si misérable état.En lisant cette réflexion je reçois une lettre d’un de mes amis (1), qui demeure dans un pays fort éloigné. Voici ses paroles : « Je suis ici comme vous m’y avez laissé ; ni plus gai, ni plus triste, ni plus riche, ni plus pauvre ; jouissant d’une santé parfaite, ayant tout ce qui rend la vie agréable ; sans amour, sans avarice, sans ambition, et sans envie ; et tant que tout cela durera, je m’appellerai hardiment un homme très heureux. »

Il y a beaucoup d’hommes aussi heureux que lui. Il en est des hommes comme des animaux : tel chien couche et mange avec sa maîtresse ; tel autre tourne la broche, et est tout aussi content ; tel autre devient enragé, et on le tue. Pour moi, quand je regarde Paris ou Londres, je ne vois aucune raison pour entrer dans ce désespoir dont parle M. Pascal ; je vois une ville qui ne ressemble en rien à une île déserte, mais peuplée, opulente, policée, et où les hommes sont heureux autant que la nature humaine le comporte. Quel est l’homme sage qui sera plein de désespoir parce qu’il ne sait pas la nature de sa pensée, parce qu’il ne connaît que quelques attributs de la matière, parce que Dieu ne lui a pas révélé ses secrets ? Il faudrait autant se désespérer de n’avoir pas quatre pieds et deux ailes. Pourquoi nous faire horreur de notre être ? Notre existence n’est point si malheureuse qu’on veut nous le faire accroire. Regarder l’univers comme un cachot, et tous les hommes comme des criminels qu’on va exécuter, est l’idée d’un fanatique. Croire que le monde est un lieu de délices où l’on ne doit avoir que du plaisir, c’est la rêverie d’un sybarite. Penser que la terre, les hommes et les animaux, sont ce qu’ils doivent être dans l’ordre de la Providence, est, je crois, d’un homme sage.

En 1732, il écrit cette épître dans laquelle il commence à attaquer Pascal : « ce dévot satirique », « qui enseigne aux humains à se haïr eux-mêmes ». Il considère Pascal comme un génie, mais un génie qui hait l’Homme. Voltaire s’en prend

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