LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Un poème de Ponge

Commentaire de texte : Un poème de Ponge. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2014  •  Commentaire de texte  •  650 Mots (3 Pages)  •  737 Vues

Page 1 sur 3

Ce poème de Ponge nous entraîne dans une forme de désacralisation ; en effet, quel objet plus chargé de symboles, plus lourd de significations que le pain et ce pour l’ensemble des religions du livre : pain de libération de la Pâques juive, pain de vie de l’Eucharistie chrétienne, dans l’Islam même, il n’est pas douteux que le pain doive être revêtu d’un sens fort. Pain révéré, pain adoré pour ce qu'il représente, or voici que le poète nous en donne une image séculière, le pain image du monde et non plus image du corps divin ou du passage et de la promesse, non ! mais image de cette terre croûteuse que nous foulons. Elle nous renvoie (1) cette apparence familière que nous reconnaissons dans sa surface, mais sa fabrication nous initie (2) au secret même de la création, pain cosmogonique, mais pain, encore, caché, (3) secret qui par un retour du sacré nous invite à le rompre dans le partage. D’emblée nous quittons l’univers chrétien : « La surface du pain est merveilleuse », elle n’est pas miraculeuse, elle suscite l’émerveillement, celui de l’émotion esthétique, par la façon dont elle remplit l’œil. Ce pain est bien terrestre, il n’affiche pas de valeur spirituelle, il représente la terre, sa superficie, sa croûte. D’ailleurs, n’est-ce pas le même mot qui désigne l’un et l’autre, pain et terre à leur surface, tous deux sont d’abord croûte, épaisseur dure où s’inscrivent reliefs, montagnes et vallées, pain panorama qui donne à voir le monde à son échelle réduite, qui produit au regard ce que l’astre ne saurait faire, sa dimension l’en empêchant, « une impression quasi panoramique » de soi. Le pain c’est d’abord cela : la terre en son entier, à portée de main « comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. »

Etre sous la main, ce pourrait être une qualité essentielle du pain, il y a dans l’être du pain un rapport nécessaire à la main, du pétrissage de la pâte au pain rompu, c’est peut-être pour cela qu’on l’imagine d’abord boule, sphère car qu’est-ce qui y mieux tient, dans les mains, qu’une boule sphérique. Pourtant il laisse cette première impression d’être pour lui-même, d’être pour soi, et c’est la croûte qui l’autorise, elle s’est bien faite, elle-même, croûte, sans la main « elle s’est façonnée » dans sa dureté qui fait son caractère. Qu’est-ce qui l’a durcie ? l’expérience de la chaleur du four, le contact avec celle-ci, en effet il faut en passer par elle pour aller au pain. Dans le four des étoiles, se sont constitués ces destins qui s’inscrivent en lignes sur cette peau rugueuse protectrice de la mie. Croûte de l’expérience des choses, rugosité d’un tempérament façonné par les coups et les caresses comme ses mains de vieillards qui racontent des vies de labeur et de soleil.

Comme la terre, encore, le pain perd sa dureté sous la croûte, la mie s’enfonce sous le doigt, elle répond avec mollesse à sa sollicitation. Revient alors l’image de l’éponge que nous avons déjà rencontrée, qui est Ponge ? L’éponge ? Bizarrement la voici à nouveau, ignoble, sensation de lenteur est de difficulté de se faire. Eponge qui résiste au geste créateur, tu es de la blancheur des pages que je désespère de noircir, tu es l’anti-poème ! Oui, ignoble, car j’étais si bien parti avec

...

Télécharger au format  txt (3.8 Kb)   pdf (62.3 Kb)   docx (9.2 Kb)  
Voir 2 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com