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Un moment de tension

Commentaire d'oeuvre : Un moment de tension. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 092 Mots (9 Pages)  •  714 Vues

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INTRODUCTION

Cet extrait met en scène la métamorphose progressive de Jean en rhinocéros. Cette transformation apparaît tout à la fois ridicule et étrangement fantastique. Elle s'opère lors d'un dialogue serré, véhément et rapide qui oppose deux protagonistes : tandis que

Jean, péremptoire et agité, défend la légitimité de la " rhinocérité ", Bérenger, plus réfléchi et pondéré, s'insurge au nom des

valeurs humaines, veut le ramener à la raison. Mais en vain: la " contamination " intellectuelle de Jean va se concrétiser dans sa

métamorphose qui le transforme en animal déchaîné.

Le commentaire composé pourra s'attacher à étudier ce moment critique à travers l'animation de la scène, les contrastes entre les

personnages. Il analysera ensuite plus précisément la métamorphose, motif comique et monstrueux qui sert cependant une réflexion plus abstraite sur l'humanité.

UN MOMENT DE TENSION

La scène apparaît particulièrement tendue comme en témoignent différents éléments tels que la vivacité du dialogue, la

gestuelle des personnages, les différences qui les opposent et aboutiront à une incompréhension mutuelle.

A. Un dialogue animé

• Le rythme de la conversation frappe par sa rapidité : elle comporte de nombreuses phrases brèves, juxtaposées (l. 9,

20, 46, etc.). Certaines, inachevées, ébauchent des raisonnements incomplets que mettent en évidence les points de

suspension. Ainsi Bérenger tente-t-il d'argumenter (" Mais dans le fond, personne... ", l. 23 ; " Car, vous le savez aussi

bien que moi, l'homme... ", l. 35 ; ou encore les lignes 37 et 39), aussitôt interrompu par son interlocuteur. D'autres

répliques se réduisent à peu de mots (" Et pourquoi donc ? ", l. 8 ; " - La nature ! " - " La nature ? ", l. 18, 19 ; " Des

bêtises ! ", l. 41, etc.). En outre, elles s'enchaînent vite, comme le prouvent les rebondissements, lorsque l'un des

personnages attaque sa réponse par la reprise d'un terme précédemment utilisé par son interlocuteur (" Tout de même,

nous avons notre morale [...] " - " La morale! [...] ", l. 14-15 ; " Car, vous le savez aussi bien que moi, l'homme... " - "

L'homme, ne prononcez plus ce mot ! ", l. 34 à 36).

B• Les différentes modalités utilisées traduisent la vivacité du dialogue : on rencontre des assertions fortes, contenant

une interdiction (" Je vous l'interdis absolument ", l. 2), une formule d'insistance (" Je vous dis que ce n'est pas si mal

que ça ! ", l. 10), des formules tranchantes et définitives (" La nature a ses lois. La morale est antinaturelle ", l. 20,

etc.). Les exclamations abondent, exprimant la véhémence (" L'humanisme est périmé ! ", l. 38 ; " Des clichés ! ", l.

40 ; " Des bêtises ! " , l. 41, etc.). Enfin, les interrogations reflètent elles aussi la tension du dialogue (" Que dites-vouslà, cher ami ? ", l. 4 ; " Et pourquoi donc ? ", l. 8 ; " Perdez-vous la tête ? ", l. 43 ; " Comment ? ", l. 48, etc.). Elles

reflètent l'étonnement, le besoin d'explication et finalement l'incompréhension qui s'installe entre les deux personnages.

• L'agitation physique de Jean, perceptible dans les didascalies, représente concrètement sa nervosité " Jean entre dans

la chambre ", " allant et venant dans la pièce, entrant dans la salle de bains, et sortant ", " l'interrompant, et allant et

venant ", etc. Ici, l'emploi fréquent du participe présent marque la concomitance entre les déplacements réitérés et la

conversation. Ces allées et venues signalent en effet son irritation face au discours de Bérenger ; elles constituent des

réponses concrètes. À partir de la ligne 38, " il entre dans la salle de bains ", où il demeure avant de " faire une

apparition effrayante ", ligne 50, enfin métamorphosé. Cela traduit nettement son isolement par rapport à Bérenger, le

refus des arguments qu'il avance, leur séparation.

B. Le contraste entre les personnages

• Bérenger. Il apparaît d'emblée plus conciliant, pondéré que Jean, comme en témoignent son souci de le guérir (l. 1) et

son apostrophe fraternelle (l. 4 " Cher ami "). Ses précautions oratoires tempèrent la contradiction apportée à son

interlocuteur très virulent (" évidemment... pourtant ", " tout de même ", " Cela se dit. Mais dans le fond... ").

Le recours aux hypothèses (" À condition que... ", l. 12 ; " Si je comprends... ", l. 21), l'emploi du champ lexical de la

réflexion (" penser ", " se rendre compte ", " juger ", " comprendre ", " réfléchir ", " connaître ", " pensée ", " esprit ",

etc.) expriment clairement son désir de raisonner Jean grâce à la logique et à l'examen lucide des propos énoncés.

On observe, par ailleurs, une évolution dans son discours. À la formule : " Il m'est difficile de dire " (l. 9) succédera

l'affirmation: " Je ne suis pas du tout d'accord avec vous " (l. 25). Relativement timoré au début, il exprime de plus en plus nettement ses convictions. Le pronom " Je ", récurrent dans ses paroles, traduit certes d'abord sa confusion, mais

aussi, par la suite, son engagement

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