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Stranger, Incipit : Présentation

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Par   •  12 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 732 Mots (7 Pages)  •  698 Vues

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L’Etranger, Incipit : introduction

Camus écrit L’Étranger en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale.

Nombre de ses œuvres seront marquées par cette guerre et par les sentiments nés de l’absurdité du monde et du besoin de révolteface aux crimes commis par l’humanité.

L’Étranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » et qui transpose en roman sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’existence n’a pas de sens et seule la fatalitéet le hasard guident nos pas.

Le récit de Meursault illustre effectivement ces idées : il se contente de décrire les événements de manière distante et détachée, même lorsque quelque chose le touche de près, comme la mort de sa mère dans l’incipit.

Problématiques possibles sur l’incipit de L’Etranger:

♦ Qu’est-ce qui fait l’originalité de cet incipit ?

♦ En quoi cet incipit éclaire-t-il le titre du roman (L’Etranger) ?

♦ Comment est construite dans cet incipit la personnalité ambigüe de Meursault ?

♦ Meursault est-il présenté comme un anti-héros ?

Annonce du plan

Dans cette lecture analytique, nous verrons que ce chapitre 1 présente à la fois des caractéristiques classiques d’un incipit et des éléments surprenants (I), notamment l’attitude du narrateur, un personnage tout à fait atypique(II). Il faudra cependant nuancer notre jugement et prendre en compte l’ambiguïté de la narration (III)

I – Un incipit à la fois traditionnel et déroutant

A – Caractéristiques classiques

Comme dans les incipits de romans traditionnels, les premières pages de L’Etrangernous donnent un cadre spatio-temporel précis.

Le début du deuxième paragraphe nous informe ainsi que le narrateur se trouve à Alger, qui est « à quatre-vingt kilomètres » de Marengo (où se trouve l’asile de vieillards où vivait la mère du narrateur).

Même si nous ne savons pas à quelles dates précises se déroule l’action, le texte comporte de nombreuses indications temporelles : « aujourd’hui » (premier mot), « hier » (deuxième phrase), « à deux heures », « après-demain », etc.

Ce début de roman est également classique en ce sens qu’il présente une situation initiale particulière, qui déclenche l’intrigue : le narrateur vient de recevoir « un télégramme de l’asile » lui annonçant la mort de sa mère, il va donc entamer un court voyage et se rendre à Marengo pour régler les formalités et assister à l’enterrement.

B – L’originalité de l’incipit : un décalage entre le contenu et le style

Là où l’incipit déroute, c’est dans la présentation très factuelle des événements, alors que le récit est écrit à la première personne(focalisation interne) et que le narrateur est intimement concerné par ce qui se passe, c’est-à-dire le décès de sa mère qu’il vient tout juste d’apprendre (début in medias res : le lecteur entre dans le roman directement au cœur de l’action).

On remarque immédiatement que le texte est marqué par l’absence totale d’un lexique psychologique qui exprimerait les sentiments ou émotions d’un narrateur. Lorsqu’il est « étourdi » (troisième paragraphe »), ce n’est que parce qu’il a monté des escaliers.

En revanche, ce passage fourmille de détails purement informatifs, donnés dans des phrases simples (sujet-verbe-complément) et déclaratives qui ne sont pas sans rappeler le style laconique du télégramme : « J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. » (début du troisième paragraphe).

La banalité du propos est surprenante : il prend la peine d’expliquer qu’il s’endort à cause sa course, des « cahots », de « l’odeur d’essence », de « la réverbération de la route et du ciel », alors qu’il ne manifeste aucun sentiment de tristesse.

Ces phrases courtes et banales contrastent avec la situation exceptionnelle qu’est en train de vivre le narrateur.

Transition : L’incipit d’un roman joue aussi le rôle d’accroche, et c’est ici l’originalité de la narration qui intrigue le lecteur.

La bizarrerie du comportement de Meursault dérange et crée une sorte de suspense : qui est-il vraiment et comment expliquer son comportement ?

II – Un personnage atypique

A – Un personnage en apparence complètement détaché …

Mersault apparaît tout de suite comme un personnage indifférent et détaché.

Ainsi, lorsqu’il reçoit le télégramme, il affirme : « Cela ne veut rien dire », alors que l’information donnée est très claire (« Mère décédée »).

Il donne l’impression d’être davantage préoccupé par le jour exact du décès(« aujourd’hui » ou « hier » ?) que par la mort de sa mère.

On a par ailleurs l’impression qu’il a hâte que cette mort soit « une affaire classée », comme s’il ne s’agissait que d’un léger désagrément à régler avant que la vie ne reprenne son cours habituel.

De même, malgré cet événement exceptionnel, il ne change pas ses habitudes et rend au restaurant pour manger : « J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude », ce qui semble indiquer qu’il n’est pas particulièrement troublé par la nouvelle qu’il vient de recevoir.

La réaction de ses amis et connaissances au restaurant, qui « ont tous beaucoup de peine » pour lui, met l’accent sur l’absence d’émotionsde la part du narrateur lui-même.

Détaché du monde, Meursault apparaît parfois comme un enfant : phrases simples, peu de connecteurs, utilisation du

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