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Saguiet et Hamra, hiver 1909-1910

Commentaire de texte : Saguiet et Hamra, hiver 1909-1910. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Mai 2013  •  Commentaire de texte  •  660 Mots (3 Pages)  •  770 Vues

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Saguiet et Hamra, hiver 1909-1910 (p.7)

Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. En tête de la caravane, il y avait les hommes, enve¬loppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par le voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche. C'étaient des silhouettes alourdies, encombrées par les lourds manteaux, et la peau de leurs bras et de leurs fronts sem¬blait encore plus sombre dans les voiles d'indigo.

(p.12)

C'était comme s'il n'y avait pas de noms, ici, comme s'il n'y avait pas de paroles. Le désert lavait tout dans son vent, effaçait tout. Les hommes avaient la liberté de l'espace dans leur regard, leur peau était pareille au métal. La lumière du soleil éclatait partout. Le sable ocre, jaune, gris, blanc, le sable léger glissait, montrait le vent. Il couvrait toutes les traces, tous les os. Il repoussait la lumière, il chassait l'eau, la vie, loin d'un centre que personne ne pouvait reconnaître. Les hommes savaient bien que le désert ne voulait pas d'eux : alors ils marchaient sans s'arrêter, sur les chemins que d'autres pieds avaient déjà parcourus, pour trouver autre chose. L'eau, elle était dans les aiun, les yeux, couleur de ciel, ou bien dans les lits humides des vieux ruisseaux de boue.

Mais ce n'était pas de l'eau pour le plaisir, ni pour le repos/ C'était juste la trace d'une sueur à la surface du désert, le don parcimonieux d'un Dieu sec, le dernier mouvement de la vie. Eau lourde arrachée au sable, eau morte des crevasses, eau alcaline qui donnait la colique, qui faisait vomir. Il fallait aller encore plus loin, penché un peu en avant, dans la direction qu'avaient donnée les étoiles.

Mais c'était le seul, le dernier pays libre peut-être, le pays où les lois des hommes n'avaient plus d'importance. Un pays pour les pierres et pour le vent, aussi pour les scorpions et pour les gerboises, ceux qui savent se cacher et s'enfuir quand le soleil brûle et que la nuit gèle.

Maintenant, ils étaient apparus au-dessus de la vallée de la Saguiet el Hamra. Ils descendaient lentement les pentes de sable. Au fond de la vallée, commençaient les traces de la vie humaine : champs de terre entourés de murs de pierre sèche, enclos pour les chameaux, baraquements de feuilles de palmier nain, grandes tentes de laine pareilles à des bateaux renversés. Les hommes descendaient lentement, enfonçant leurs talons dans le sable qui s’éboulait. Les femmes ralentissaient leur marche, et restaient loin derrière le groupe des bêtes tout à coup affolées par l’odeur des puits. Alors l’immense vallée apparaissait, s’ouvrait sous le plateau de pierre. Nour cherchait les hauts palmiers vert sombre jaillissant du sol, en rangs serrés autour du lac d’eau claire, il cherchait les palais blancs, les minarets, tout ce qu’on lui avait dit depuis son enfance, quand on lui avait parlé de la ville de Smara.

(p.23)

Les hommes , les femmes vivaient ainsi,

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