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SCÈNE V ALCANDRE, PRIDAMANT

Lettre type : SCÈNE V ALCANDRE, PRIDAMANT. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2015  •  Lettre type  •  1 811 Mots (8 Pages)  •  768 Vues

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SCÈNE V

ALCANDRE, PRIDAMANT

ALCANDRE

Ainsi de notre espoir la fortune se joue :

Tout s’élève ou s’abaisse au branle de sa roue ;

Et son ordre inégal, qui régit l’univers,

Au milieu du bonheur a ses plus grands revers.

PRIDAMANT

Cette réflexion, mal propre pour un père,

Consolerait peut-être une douleur légère ;

Mais après avoir vu mon fils assassiné,

Mes plaisirs foudroyés, mon espoir ruiné,

J’aurais d’un si grand coup l’âme bien peu blessée,

Si de pareils discours m’entraient dans la pensée.

Hélas ! dans sa misère il ne pouvait périr ;

Et son bonheur fatal lui seul l’a fait mourir.

N’attendez pas de moi des plaintes davantage :

La douleur qui se plaint cherche qu’on la soulage ;

La mienne court après son déplorable sort.

Adieu ; je vais mourir, puisque mon fils est mort.

ALCANDRE

D’un juste désespoir l’effort est légitime,

Et de le détourner je croirais faire un crime.

Oui, suivez ce cher fils sans attendre à demain ;

Mais épargnez du moins ce coup à votre main ;

Laissez faire aux douleurs qui rongent vos entrailles,

Et pour les redoubler voyez ses funérailles.

PRIDAMANT

Que vois-je ? Chez les morts compte-t-on de l’argent ?

ALCANDRE

Voyez si pas un d’eux s’y montre négligent.

PRIDAMANT

Je vois Clindor ! Ah dieux ! Quelle étrange surprise !

Je vois ses assassins, je vois sa femme et Lyse !

Quel charme en un moment étouffe leurs discords,

Pour assembler ainsi les vivants et les morts ?

ALCANDRE

Ainsi tous les acteurs d’une troupe comique,

Leur poème récité, partagent leur pratique :

L’un tue, et l’autre meurt, l’autre vous fait pitié ;

Mais la scène préside à leur inimitié.

Leurs vers font leurs combats, leur mort suit leurs paroles,

Et, sans prendre intérêt en pas un de leurs rôles,

Le traître et le trahi, le mort et le vivant,

Se trouvent à la fin amis comme devant.

Votre fils et son train ont bien su, par leur fuite,

D’un père et d’un prévôt éviter la poursuite ;

Mais tombant dans les mains de la nécessité,

Ils ont pris le théâtre en cette extrémité.

PRIDAMANT

Mon fils comédien !

ALCANDRE

D’un art si difficile

Tous les quatre, au besoin, ont fait un doux asile ;

Et depuis sa prison, ce que vous avez vu,

Son adultère amour, son trépas imprévu,

N’est que la triste fin d’une pièce tragique

Qu’il expose aujourd’hui sur la scène publique,

Par où ses compagnons en ce noble métier

Ravissent à Paris un peuple tout entier.

Le gain leur en demeure, et ce grand équipage,

Dont je vous ai fait voir le superbe étalage,

Est bien à votre fils, mais non pour s’en parer

Qu’alors que sur la scène il se fait admirer.

PRIDAMANT

J’ai pris sa mort pour vraie, et ce n’était que feinte ;

Mais je trouve partout mêmes sujets de plainte.

Est-ce là cette gloire, et ce haut rang d’honneur

Où le devait monter l’excès de son bonheur ?

ALCANDRE

SCÈNE V

ALCANDRE, PRIDAMANT

ALCANDRE

Ainsi de notre espoir la fortune se joue :

Tout s’élève ou s’abaisse au branle de sa roue ;

Et son ordre inégal, qui régit l’univers,

Au milieu du bonheur a ses plus grands revers.

PRIDAMANT

Cette réflexion, mal propre pour un père,

Consolerait peut-être une douleur légère ;

Mais après avoir vu mon fils assassiné,

Mes plaisirs foudroyés, mon espoir ruiné,

J’aurais d’un si grand coup l’âme bien peu blessée,

Si de pareils discours m’entraient dans la pensée.

Hélas ! dans sa misère il ne pouvait périr ;

Et son bonheur fatal lui seul l’a fait mourir.

N’attendez pas de moi des plaintes davantage :

La douleur qui se plaint cherche qu’on la soulage ;

La mienne court après son déplorable sort.

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