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Role De Marion E T Son Pere Dans Le Jeu D'amour E T Du Hasard

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Par   •  28 Décembre 2013  •  1 448 Mots (6 Pages)  •  1 247 Vues

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Le rôle de M. Orgon et de Mario :

M. Orgon est le seul à être informé, dès le début, du double déguisement. Il met son fils dans la confidence. Ils sont les maîtres des deux secrets qu'ils décident de garder (I, 4). Il leur revient de maintenir dans la confusion les autres personnages aussi longtemps qu'il leur plaira. Ils favorisent temporairement leurs illusions. Leurs apparitions intermittentes semblent destinées à contrôler les autres à leur insu. On serait donc tenté de voir en eux les «meneurs de jeu», ceux qui tirent les ficelles de la double intrigue.

En réalité, Orgon et Mario ont moins de pouvoir qu'il n'y paraît. Leur rôle est autre. S'ils ne révèlent pas à Silvia le stratagème de Dorante, c'est dans le but avoué de favoriser le hasard, la liberté des sentiments, et non dans le but de les emprisonner. Mario s'explique d’ailleurs très clairement : «Ma foi, monsieur, puisque les choses prennent ce train-là, je ne voudrais pas les déranger, et je respecterais l'idée qui leur est venue à l'un et à l’autre ; il faudra bien qu'ils se parlent souvent tous deux sous ce déguisement. Voyons si leur coeur ne les avertirait pas de ce qu'ils valent. Peut-être que Dorante prendra du goût pour ma soeur, toute soubrette qu'elle sera, et cela serait charmant pour elle.» (I, 4).

Orgon et Mario, spectateurs de I'action, n’en tiennent donc pas vraiment les fils. Au contraire, en ne leur revélant pas ce qu'ils savent, ils livrent le destin de Silvia et de Dorante au «hasard», à l'«aventure» des rencontres et des intrigues. S'ils jouent le jeu, donnant le change à Dorante et à Arlequin (I, 10), comme à Lisette (II, 1) et Silvia (II, 11), c'est pour favoriser les sentiments qu'ils voient naître. Ils ne créent pas ces sentimens, ils en accélèrent l'expression parce qu'ils en sont les témoins. Les autres personnages, se sentant regardés, se regardent eux-mêmes, et prennent conscience de ce qu’ils éprouvent. Ainsi, Lisette va de plus en plus loin dans la conscience de son amour parce que quelqu’un (M. Orgon, en II, 1) en recueille l’aveu.

On pourrait remarquer aussi qu’en s'assurant la complicité de son fils, M. Orgon fait des spectateurs eux-mêmes les complices du jeu. Dès I, 4, nous devenons, comme lui, non pas partie prenante du drame psychologique, mais des guetteurs observant des guettés. Nous adoptons, en fait, le point de vue de l'auteur. «J’ai guetté dans le coeur humain, écrivait Marivaux, toutes les niches différentes où peut se cacher l'amour lorsqu'il craint de se montrer et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d'une de ses niches.» Avec lui, nous observons l'amour de Silvia qui cherche à sortir de sa niche d'amour-propre. Notre position devient plus enviable que celle d'Orgon qui doit se contenter de mener le jeu sans assister à toutes les situations qu'il engendre.

Le rôle des apartés :

À cette complicité voulue et recherchée s'ajoute celle des antagonistes qui, par des apartés (répliques que le personnage dit pour lui-même), tentent de nous informer de leurs réactions intérieures sans se les avouer l'un à l’autre :

- «Cette fille m'étonne» (I, 7), reconnaît Dorante.

Surtout, le «jeu» qu'opèrent amour et hasard dans le coeur de Silvia sont révélés par ses apartés :

- «Quel homme pour un valet !» (I,7) ;

- «Mais, en vérité, voilà un garçon qui me surprend, malgré que j'en aie.» (I, 7) ;

- «Malgré tout ce qu'il m'a dit, je ne suis point partie, je ne pars point, me voilà encore, et je réponds ! En vérité, cela passe la raillerie.» (I, 7) ;

- «Que dire à cela? Quand je me fâcherais, il n'en serait ni plus ni moins.» (ll, 9) ;

- «J'ai besoin d'oublier â tout moment que je l'écoute.» (II, 9) ;

- «J'étouffe !» (ll, 11) ;

- «Ah ! je vois clair dans mon cœur.» (ll, 12) ;

- «Allons, j'avais grand besoin que ce fût Ià Dorante.» (II, 12), aveu qui souligne combien Marivaux ne conteste guère le «poids social» dans l'amour ;

- «S'il part, je ne I'aime plus, je ne l'épouserai jamais.» (lll, 8).

L'amour ayant deux faces : d’une part, un amour joué (comme au théâtre) sous la forme d'une conversation où s'échangent compliments bien tournés et refus amusés ; d’autre part, un sentiment, une

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