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Quels reflets, et changements, l’art est-il susceptible d’entraîner dans la perception physique et psychique du moi ?

Dissertation : Quels reflets, et changements, l’art est-il susceptible d’entraîner dans la perception physique et psychique du moi ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 274 Mots (6 Pages)  •  327 Vues

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BOUSQUET

Fanny

TG1

Essai littéraire

Spécialité Humanité, littérature et philosophie

          Si l’on en croit la célèbre formule d’Hegel, repris par le titre d’un roman de Raymond

Queneau, l’art serait « le dimanche de la vie ». Mais il ne s’agit nullement pour le philosophe de définir l’art sous l’angle de l’oisiveté, du temps perdu. Plutôt, la création artistique serait cette zone franche, de liberté et de possible, à travers laquelle l’esprit peut s’ébattre et trouver de nouvelles formes d’expression. Favorisant le regard et la réflexion, autant ceux du spectateur que de l’artiste lui-même sur son œuvre, on peut dire que l’art, qu’il soit littéraire, pictural, musical… permet de s’interroger sur le moi. Mais comment se produit cette interrogation ? Quels reflets, et changements, l’art est-il susceptible d’entraîner dans la perception physique et psychique du moi ?

Après avoir examiné la création en tant que miroir de l’âme humaine, nous verrons en quoi elle peut déranger l’image qu’on se fait de soi, et in fine le transfigurer. Cette réflexion s’appuiera sur des œuvres littéraires, dont, au premier plan, Le Portrait de Dorian Gray  publié en 1890 par Oscar Wilde.

          En littérature, la création artistique est fréquemment associée à un miroir possible à travers lequel l’humain parvient à se confronter, et in fine, à mieux se comprendre. Passerelle vers la connaissance de soi, et des autres, l’art parviendrait, mieux qu’un long discours philosophique, à saisir l’attention de son spectateur, puisqu’il en appellerait à ses émotions, avant d’être réfléchi par sa raison. Dans Mémoires d’une jeune fille rangée, ainsi, l’écrivaine Simone de Beauvoir revient longuement sur les œuvres fondatrices de son adolescence et célèbre le pouvoir incantatoire de la littérature, qui lui fait voir, dans les écrits de Alain Fournier et Jacques Rivière, notamment, des frères amis, qui l’inspirent et l’aident à supporter le quotidien. La jeune Beauvoir se rêve d’ailleurs écrivaine, afin de transmettre cette capacité de contemplation et de connaissance de soi à de futurs lecteurs.

          En se joignant à la sonorité des mots, la virtuosité des couleurs, ou les mystérieux accords de la musique, la création artistique peut d’ailleurs posséder un véritable pouvoir de révélation de soi à soi. Pour Marcel Proust, l’art est ce qui donne de la valeur à la vie, mieux, il s’agit de « la vraie vie, enfin découverte et éclaircie ». Le narrateur de À la recherche du temps perdu se perd ainsi dans l’écoute d’un morceau musical, « la petite sonate de Vinteuil », ou dans les romans de l’écrivain Bergotte, où il re-découvre, amplifiée, magnifiée, la beauté mystérieuse qui enveloppe sa réalité. Dans un volume de la Recherche, Un amour de Swann, publié en 1913, le personnage de Swann connaît ainsi une révélation en écoutant la musique de Vinteuil : elle lui permet de réaliser le caractère superficiel de son amour pour le personnage d’Odette, et a contrario la profondeur du rôle joué par l’art dans sa vie.

          Miroir parfois merveilleusement harmonieux, la création artistique peut aussi posséder une faculté de révélation destructrice. Elle dérange lorsqu’elle met celui qui l’observe face aux failles de l’âme humaine, à ses propres contradictions, à ses zones d’ombre. Le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde, commence ainsi par une terrible prise de conscience : celle du jeune dandy Dorian, modèle et muse du peintre Hallward, devant le portrait que ce dernier vient d’achever de lui. Ébloui par la beauté de l’œuvre picturale, Dorian ne ressent que plus douloureusement la fragilité de ses propres charmes, et de sa jeunesse, condamnée à l’éphémère. L’œuvre d’art apparaît alors comme le déclencheur de la connaissance, mais aussi la perte de l’innocence : déchiré par sa propre finitude, Dorian est séduit par le Mal.

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