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Qu'est-ce qu'un tyran dans la grèce antique ?

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Par   •  14 Janvier 2016  •  Guide pratique  •  2 412 Mots (10 Pages)  •  2 256 Vues

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                « Qu'est-ce qu'un tyran dans la grèce antique ? »

 Définition

  • A Un tyran(du grec ancien τύραννος/ túrannos), désigne dans l'Antiquité grecque un individu disposant d’un pouvoir absolu, après s'en être emparé de façon illégitime. Le mot tyran a été appliqué pour la première fois au viiie siècle av. J.-C. au roi lydien Gygès par le sophiste Hippias d'Élis. Le terme prit très vite un sens péjoratif, notamment à Athènes, impliquant que le tyran abuse de son pouvoir : la nature du pouvoir tyrannique se reconnaît en effet à ce que le tyran, sans abolir les lois, se place au-dessus d'elle. La perversion de ce régime tient aussi au fait que « la tyrannie cumule les vices de la démocratie et ceux de l'oligarchie » (forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante) , en raison de l'amour du tyran pour les richesses et de son hostilité à l'égard du peuple qu'il désarme et asservit.
  • C En outre, ce régime se caractérise par son arbitraire ( désision prise par un seul homme) le tyran étant « celui qui, dans la cité, exerce son autorité selon ses propres vues ». Sur le plan politique, il y a une différence entre « tyrannie » et « despotisme» ( autorité exercée par un individu qui règne avec un pouvoir politique absolu et de manière abusive au regard des lois): dans la Grèce antique, un tyran était un homme qui disposait d’un pouvoir assuré par la force; ce pouvait être un ancien magistrat, parfois même un esclave, arrivé au pouvoir après un coup d'État, par ruse plus que par violence . Les tyrans ne prirent jamais officiellement le titre de tyran, et il n'y eut pas de titre général et officiel pour les désigner, c'est pourquoi on leur donne le nom dont leurs ennemis les stigmatisaient.

  • A La tyrannie a concerné presque toutes les régions du monde grec. Phénomène très fréquent à l'époque archaïque, il se maintient à l'époque classique et apparaît encore au iie siècle av.J.-C.  Les premiers tyrans sont apparus en Asie Mineure, avec Thrasybule de Milet, Pittacos de Mitylène Polycrate de Samos, et Lygdamis de Naxos. Aristote classe ces premiers tyrans dans une forme particulière de monarchie non héréditaire, sorte de tyrannie élective et fondée sur la loi, ces législateurs choisis par les villes pour mettre fin aux discordes civiles concentraient tout le pouvoir politique dans leurs mains et ils étaient irresponsables. La Grèce proprement dite connut elle aussi un grand nombre de tyrans, particulièrement le Péloponnèse (péninsule grecque) et l'isthme de Corinthe (bande de terre reliant le péloponnèse) avec, entre autres, Phidon d'Argos et Cypsélos de Corinthe. L’un des plus célèbres tyrans fut Pisistrate, à Athènes en 560 av. J.-C., bien qu'on ne l'ait jamais nommé tyran de son vivant.

Origines de la tyrannie

  • L La tyrannie constitue un phénomène historique capital du fait de la chute de l'aristocratie et de l'accession au pouvoir de la bourgeoisie. Son arrivée au vie siècle av. J.-C.marque en effet un bouleversement économique et social. L'historien Thucydide voit avec raison dans l'accroissement de la richesse la cause déterminante de la tyrannie, et c'est bien à mesure que les villes prospéraient que se propageait la tyrannie. À partir de la diffusion de la monnaie comme moyen d'échanges, à la place du troc, le commerce et l'industrie ont été facilités grandement, et des richesses nouvelles ont ainsi été amassées.
  • A Ce fut le cas pour les Alcméonides ( qui était une famille noble à Athènes)en Attique, ( région qui entoure Athènes) dont la puissance devint écrasante tandis que les travailleurs agricoles et les tenanciers ( personne ayant des terres et qui devait de l'argent ou autre chose) devenaient les esclaves des grands propriétaires. Le tyran a d'abord été un démagogue, (La démagogie est une notion politique et rhétorique désignant l'état politique dans lequel les dirigeants mènent le peuple en le manipulant pour s'attirer ses faveurs, notamment en utilisant un discours flatteur ou appelant aux passions)  : il a mené les pauvres contre les riches, ou les roturiers contre les nobles, et la multitude le suivait aveuglément pourvu qu'il travaillait pour elle. Cet antagonisme social organisé sous la direction des tyrans est un élément déterminant à la fois pour les situer géographiquement et pour comprendre leur politique. Excepté en Sicile, où ils ont mis fin aux querelles intestines, les tyrans se trouvent en effet dans les cités où le régime industriel et commercial prévalait sur l'économie rurale. La liste des tyrans grecs coïncide pour ainsi dire avec la carte des grands ports, depuis l'Asie Mineure jusqu'aux rives du golfe de Corinthe, à la seule exception d'Égine qui était alors la grande rivale d'Athènes dans l'Antiquité : Athènes est acquise à la tyrannie en 560 av. J.-C.

        Méthodes de gouvernement des tyrans

  • C Arrivés au pouvoir, les tyrans s'établissaient sur l'acropole (citadelle)de leur cité, s'entouraient d'une garde armée, bannissaient les oligarques ( classe dominante liée  au gouvernement d'un pays) les plus dangereux, et tenaient les autres grâce à des otages . La constitution de la cité était conservée ainsi que les lois civiles, et les lois politiques étaient rarement suspendues. Si l'assemblée était amenée à voter, c'était sous la surveillance de porte-gourdins (massue) .
  • L Mais la réalité de l'exercice du pouvoir était brutale. Le gouvernement de la cité était entre les mains du tyran, de son fils et de sa famille qui se répartissaient les magistratures : la tyrannie, système de pouvoir à vie, tendait ainsi à devenir un régime dynastique. Le principe général de la tyrannie consistait à abaisser l'aristocratie et à relever les humbles ( gens qui n'étaient pas forcément riches). On procédait donc par exécutions, sentences d'exil, confiscations et espionnage.
  • A Les tyrans privaient la noblesse des sacerdoces (dignité et fonctions du prête dans certaines religions) religieux et les assumaient eux-mêmes, afin d'ôter à cette noblesse le prestige qu'ils lui conféraient.   Cette piété des tyrans s'exerçait cependant avec un calcul politique : elle visait à asseoir leur pouvoir et à garantir leur vie même.

Politique économique et sociale des tyrans

  • A Grands bâtisseurs, les tyrans ont aussi voulu enrichir les artisans et gens de métier pour leur ôter le désir de faire de l'opposition. Par des travaux d'utilité publique et d'embellissement, non seulement ils favorisèrent l'industrie et le commerce maritime mais encore ils inspirèrent au peuple une grande fierté civique : la fontaine Pirène fit la gloire de Périandre, la Fontaine Ennéacrounos et le temple Hécatompédon, celle de Pisistrate, et les travaux de Polycrate de Samos furent célèbres et admirés en Grèce.
    Pour ajouter encore à leur prestige, les tyrans menaient une vie de cour brillante au milieu d'une domesticité nombreuse, attirant à l'envi architectes, sculpteurs et poètes; ils donnaient au peuple des fêtes magnifiques, et d'une façon générale, préféraient la paix à la guerre (à l'exception des tyrans de Sicile), car la moindre défaite leur aurait coûté le pouvoir et la vie.Certains tyrans étaient plutôt populaires au moins au début de leur règne, puisque leur ascension se faisait avec l'aide du peuple, comme le montre la liste établie par Aristote des tyrans qui tenaient leur pouvoir de la «démagogie »

La fin des tyrans au VIe siècle av. J.-C. et leur renouveau au IVe

  • C À l'exception de la dynastie des Orthagorides qui réussit à se maintenir pendant un siècle à Sicyone ( cité importante de la grèce antique au nord du péloponnèse), le régime des tyrans ne dura nulle part, bien qu'il ait puissamment contribué à la prospérité matérielle et au développement de la démocratie. Il a persisté seulement tant qu'il a eu l'appui du peuple, qui l'a utilisé comme une machine de guerre pour abattre le pouvoir des oligarques. Lorsque les cités eurent trouvé leur équilibre constitutionnel par la prépondérance du régime démocratique, la tyrannie disparut en Grèce. Aristote note que le régime des tyrans était incompatible avec la liberté civique :« Aucun homme libre ne consent volontairement à supporter une autorité pareille ». Au tyran porté d'abord au pinacle par la foule, succédait un épigone plus dur et moins capable, car au fur et à mesure qu'elle devenait moins utile, la tyrannie se faisait oppressive. Ainsi s'explique la fin sanglante de certains tyrans : aucun des fils de Pisistrate ne se maintint au pouvoir,Hipparque fut assassiné par les tyrannoctones, puis Hippias fut déposé.

Quelques tyrans célèbres :

  • L Pisistrate né vers 600 av. J.-C., mort en 527 av. J.-C., est un tyran d'Athènes. Fils de l'eupatride Hippocrate, Pisistrate s'empara du pouvoir par la ruse, en occupant l'Acropole (561 av. J.-C.) et fut le premier tyran d'Athènes, ainsi que le fondateur de la dynastie des Pisistratides, dynastie qui ne lui survivra que dix-sept ans.Aristocrate d'origine, issu d'une famille qui prétendait descendre de Nestor,( seul survivant après le masacre d'Héraclès) Pisistrate devient le chef des Diacriens grâce à son prestige militaire acquis lors d'une bataille d'Athènes contre Mégare (ville de la banlieue d'Athènes). Fils Allié aux Alcméonides (famille noble d'Athènes) par son mariage, Pisistrate interéresse les passions populaires avec talent : il organise un attentat simulé contre lui pour se faire attribuer des gardes du corps.
  • C Blessé accidentellement par son barbier, il montre son visage ensanglanté dans les rues affirmant qu'on vient de tenter de l'assassiner. On lui accorde les gardes du corps avec comme seule restriction qu’ils soient munis seulement de gourdins, d'où leur nom de « porte-matraque ». Avec cette milice, il prend le pouvoir et s'installe sur l'Acropole, ancienne demeure des rois légendaires (-561). Chassé par l'opposition conjuguée de Lycurgue, chef des Pédiens, et de Mégaclès, chef des Alcméonides, Pisistrate est rappelé d'exil quatre ans plus tard. Vers -554, Mégaclès s’allie à Pisistrate et manipule le dèmos athénien pour légitimer Pisistrate : Hérodote (historien grec du 5 eme siècle)rapporte qu'il se serait affiché sur un char en compagnie d'une jeune femme portant le costume d'Athéna, et que les Athéniens y crurent.
  • A En -552, une fois au pouvoir, Pisistrate est à nouveau écarté car il rompt son alliance avec Mégaclès, puis gagne la région du mont Pangée,( massif montagneux de Macédoine centrale) riche en minerais précieux. Comme d’autres aventuriers athéniens, il exploite les richesses naturelles du pays, s’y procurant assez d’or et d’argent pour pouvoir ensuite y rassembler une armée de mercenaires, qu’il fera débarquer en Attique : en -542, accueilli par Érétrie, ( cité grecque) s’appuyant sur divers alliés, dont les Thébains et le puissant Lygdamis de Naxos, tyran qu’il a installé et à qui il a confié l'île entière, il part de là combattre le pouvoir en place à Athènes, est vainqueur de ses adversaires dans une bataille qui se déroule près du temple d’Athéna Pallènis, et rentre à Athènes, définitivement cette fois en-538.

  • C Homme d'État prudent, Pisistrate est l'instigateur d'une vaste réforme politique et sociale qui prolonge l'œuvre de Solon ( Solon a joué un rôle politique important, étant à l'origine d'une série de réformes qui accroissent considérablement le rôle de la classe populaire dans la politique athénienne) : il s'attaque aux privilèges des riches, résout la question agraire ( qui concerne l'agriculture) en instaurant dans l'Attique une sorte de crédit agricole, favorise l'industrie et le commerce maritime : les finances sont assainies grâce aux mines d'or du Pangée et à la mise en valeur des mines d'argent des Mines du Laurion ; de surcroît, un impôt de 5% sur le revenu permet de financer les conquêtes en mer Égée.
  • A Il tend à se concilier les paysans par des mesures destinées à porter remède à leur misère par la distribution monétaire, et la vente de grains à bas prix, sans toutefois procéder à ce partage des terres qu'avait, avant lui, rejeté Solon. La population rurale de l’Attique lui en témoigne beaucoup de sympathie ; on citait d'innombrables anecdotes sur ses visites personnelles dans les campagnes, ses conversations avec les simples paysans dont il avait conquis le cœur en particulier par la modicité des taxes. En même temps, ses revenus augmentent quand la campagne est cultivée. Pour payer le blé, il encourage le développement de la céramique athénienne. À la fin de son règne, il fait frapper les premières monnaies de l'Attique connues sous le nom de monnaies à blasons. Soucieux d'affirmer l'unité de l'Attique, il favorise également le développement des cultes autour desquels pouvaient se rassembler les Athéniens, celui d'Athéna et celui de Dionysos.
  • L En matière de politique extérieure, il est le premier à orienter la politique d'Athènes vers la mer Égée et la région des Détroits. En cela, il permet l'établissement de colonies militaires sur l'Hellespont, entreprend la conquête des Cyclades, de Naxos, où Pisistrate établit la tyrannie de son ami Lygdamis, et de Délos, centre religieux et commercial. Ainsi, il s’assure l'approvisionnement en blé qui, aux ve et ive siècles av. J.-C., alimentera Athènes. Par là, il devient le prototype des futurs hommes d'État, en ce sens qu'il montre que gouverner une cité, c'est prévoir et calculer des fins et des moyens à long terme.
  • C L'époque des Pisistratides est celle des grands travaux d'adduction d'eau et des premières grandes constructions sur l'Acropole, avec l'Hécatompédon, l'Olympiéion, le Lycée, le temple d'Apollon Pythien. Pisistrate ouvre la première bibliothèque publique, fait rassembler et publier les rhapsodies homériques et les œuvres de plusieurs anciens poètes. Les récitations d'Homère sont incorporées dans les Panathénées, ces grandes fêtes nationales que Pisistrate réorganise avec magnificence. Il contribue de toutes les manières à préparer la grandeur politique et artistique d'Athènes. La concentration de la culture et du mécénat à la cour de Pisistrate intensifie remarquablement la vie intellectuelle et esthétique d'Athènes.
  • A À sa mort, en -527, Pisistrate lègue à ses deux fils, Hippias et Hipparque, une Athènes prospère et puissante, qui connaît un essor culturel sans précédent. Longtemps après sa mort, sa tyrannie était encore appelée « le règne de Cronos », c'est-à-dire l’Âge d’Or. Mais l'aristocratie marchande - les Alcméonides en particulier - qu'il a pourtant enrichie, va tenter de se débarrasser d'une tyrannie devenue particulièrement policière après l'assassinat d'Hipparque par les tyrannoctones. Pour en finir avec la dictature d'Hippias, ils font appel à l'intervention militaire de Sparte, qui met fin au règne des Pisistratides et ouvre la voie à la réforme démocratique dont Pisistrate avait jeté les bases économiques et militaires.

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