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Qu'est-ce qu'un récit?

Étude de cas : Qu'est-ce qu'un récit?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Décembre 2012  •  Étude de cas  •  3 103 Mots (13 Pages)  •  1 324 Vues

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Envoyé par Delphine.

FIGURES III

GENETTE

Discours du récit

Dans un premier sens, récit désigne l’énoncé narratif, le discours oral ou écrit qui assume la relation d’un événement ou d’une série d’événements.

Dans un second sens, récit désigne la succession d’événements, réels ou fictifs, qui font l’objet de ce discours, et leurs diverses relations d’enchaînement, d’opposition, de répétition.

Un troisième sens : récit désigne encore un événement : non plus toutefois celui que l’on raconte, mais celui qui consiste en ce que quelqu’un raconte quelque chose : l’acte de narrer en lui-même.

Notre étude porte essentiellement sur le récit au sens le plus courant, càd le discours narratif, qui se trouve être en littérature un texte narratif.

Nous nommerons histoire le signifié ou contenu narratif, récit le signifiant, énoncé, discours ou texte narratif lui-même, et narration l’acte narratif producteur.

Histoire et narration n’existe pour nous que par le truchement du récit. Mais réciproquement le récit, le discours narratif ne peut être tel qu’il raconte une histoire, faute de quoi il ne serait pas narratif. L’analys du discours narratif sera donc essentiellement l’étude des relations entre récit et histoire, entre récit et narration, entre histoire et narration.

I - ORDRE

Temps du récit?

« Le récit est une séquence deux fois temporelle ... : il y a le temps de la chose-racontée et le temps du récit. » Christian Metz.

Anachronies

Etudier l’ordre temporel d’un récit, c’est confronter l’ordre de disposition des événements dans le discours narratif à l’ordre de succession de ces mêmes événements ou dans l’histoire, en tant qu’il est explicitement indiqué par le récit lui-même, ou qu’on peut l’inférer de tel ou tel indice indirect. Dans le récit classique, cette reconstitution est non seulement possible, parce que le discours narratif n’y intervertit jamais l’ordre des événements sans le dire, mais encore nécessaire : lorsqu’un segement narratif (événement) commence par une indication telle que « Trois mois plus tôt », il faut tenir compte à la fois de ce que cette scène vient après dans le récit, et de ce qu’elle est censée être venue avant dans la diégèse.

Le repérage et la mesure de ces anachronies narratives (les différentes formes de discordance entre l’ordre de l’histoire et celui du récit) postulent implicitement l’existence d’une sorte de degré zéro qui serait en état de parfaite coïncidence temporelle entre récit et histoire. Notre tradition littéraire s’inaugure par un effet d’anachronie caractérisé, puisque, dès le huitième vers de l’Iliade, le narrateur, après avoir évoqué la querelle entre Achille et Agamemnon, revient une dizaine de jours en arrière pour en exposer la cause en qq vers rétrospectifs. Ce début in média res suivi d’un retour en arrière explicatif deviendra l’un des topoï formels du genre épique.

On désigne par prolepse toute manoeuvre narrative consistant à raconter ou évoquer d’avance un événement ultérieur, et par analepse toute évocation après coup d’un événement antérieur au point de l’histoire où l’on se trouve, et réservant le terme général d’anachronie pour désigner toutes les formes de discordance entre les deux ordres temporels.

Portée, amplitude

Une anachronie peut se porter, dans le passé ou dans l’avenir, plus ou moins loin du moment « présent », càd du moment de l’histoire où le récit s’est interrompu pour lui faire place : nous appelerons portée de l’anachronie cette distance temporelle. Elle peut aussi couvrir elle -même une durée d’histoire plus ou moins longue : c’est ce que nous appellerons son amplitude.

Analepses

Nous appellerons désormais « récit premier » le niveau temporel de récit par rapport auquel une anachronie se définit comme telle.

Le récit de la blessure d’Ulysse porte sur un épisode antérieur au point de déparrt temporel du « récit premier » de l’Odyssée. Nous pouvons qualifier d’externecette analepse dont toute l’amplitude reste extérieure à celle du récit premier.

Inversement, nous qualifierons d’analepse interne le chap 6 de Madame Bovary, consacré aux années de couvent d’Emma, postérieures à l’entrée de Charles au lycée, qui est le point de départ du roman.

On peut aussi concevoir des analepses mixtes, dont le point de portée est antérieur et le point d’amplitude postérieur au début du récit premier : ainsi l’histoire de des Grieux dans Manon Lescaut, qui remonte à plusieurs années avant la première rencontre avec l’Homme de Qualité, et se poursuit jusqu’au moment de la seconde rencontre, qui est celui de la narration.

Les analepses externes ne risquent à aucun moment d’interférer avec le récit premier, qu’elles ont seulement pour fonction de compléter en éclairant le lecteur sur tel ou tel antécédent. Alors que les analepses internes, dont le champ temporel est compris dans celui du récit premier, présentent un risque évident de redondance ou de collision.

Nous distinguerons : les analepses internes dits hétérodiégétiques, càd portant sur une ligne d’histoire, et donc un contenu diégétique différent de celui du récit premier : soit très classiquement sur un personnage nouvellement introduit et dont le narrateur veut éclairer les « antécédents » (Emma pour Flaubert chap 6)

Les analepses internes homodiégétique portent sur la même ligne d’action que le récit premier et le risque d’interférence est évident :

Analepses complétives ou « renvois », comprend les segments rétrospectifs qui viennent combler après coup une lacune antérieure du récit, lequel s’organise ainsi par omission provisoires et réparations plus ou moins tardives. Ces lacunes antérieures peuvent être des ellipses pure et simples, càd des failles dans la continuité temporelle.

La paralipse consiste en l’omission d’un des éléments constitutifs de la situation, dans une période en principe couverte par le récit : soit le fait, par ex, de raconter son enfance en occultant systématiquement

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