Poésie Voltaire

Voltaire a dit : « Il n’y a aucun pays de la terre où l’amour n’ait rendu les amants poètes. » Selon lui, tous ceux ayant connu l’amour sont devenus poètes, poussés par le désir d’exprimer leurs émotions. Il est vrai que la poésie semble être le lieu privilégié de l’expression des sentiments, et en particulier de celui du sentiment amoureux. Faut-il pour autant considérer cela son unique rôle ? La vocation de la poésie est-elle simplement de célébrer l’amour ? Ne pourrait-on pas lui attribuer d’autres fonctions ?

La poésie est depuis longtemps une célébration de l’amour et des sentiments. Le mythe d’Orphée suggère qu’Orphée aurait été le premier à introduire le lyrisme dans sa poésie, étant très affecté par la disparition d’Eurydice et souhaitant chanter son désespoir. Aujourd’hui encore, les poètes, inspirés par leurs sentiments amoureux, trouvent dans la poésie un moyen efficace de les exprimer.

Depuis la nuit des temps, les poètes ont recours à la poésie pour déclarer, raconter et célébrer leur amour. Les débuts de la poésie amoureuse telle qu’on la connaît remontent au Cantique des Cantiques, un passage particulier de l’Ancien Testament de la Bible rédigé au IVème siècle avant J.C. Sous forme d’une suite de poèmes, le Cantique des Cantiques alterne le chant d’amour d’un homme et celui d’une femme : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! car tes amours sont meilleures que le vin. » Aujourd’hui encore, la poésie amoureuse ne cesse d’évoluer et de se développer. Nous la retrouvons aisément dans les chansons, qui, rappelons-le, sont aussi des poèmes. Mais entre l’Antiquité et aujourd’hui, la poésie amoureuse a elle aussi souvent été représentée, notamment par les Romantiques et les Surréalistes, dont Éluard. Il faut cependant distinguer entre deux types de poésies amoureuses : la représentation d’un idéal amoureux, et la déclaration d’amour.

Les poètes cherchent parfois à mettre en avant un idéal amoureux dans leur poésie, qui souvent leur est inaccessible. Dans « Les Fleurs du mal », l’Idéal que cherche à atteindre Baudelaire est parfois représenté par l’amour idéalisé : « Charme profond, magique (…) l’amant sur un corps adoré/Du souvenir cueille la fleur exquise » (« Le Parfum »). Pourtant, puisqu’un idéal ne peut être concret, il arrive que l’idéal amoureux de ces poètes devienne flou, vague. Ainsi, dans « Mon rêve familier », Verlaine parle d’une femme aimée, mais n’est pas certain de ce qu’il recherche vraiment. Il décrit en fait une femme substituable, qui n’a aucun trait physique propre, mais qui est sa complice : « Une femme inconnue (…) qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même (…) et qui m’aime, et me comprend. » Il renforce également l’intensité de leur amour en inscrivant son poème dans un cadre onirique, ce qui prouve que leur amour est capable de transcender le réel. De plus, le langage poétique qu’il utilise est pur, et le sentiment amoureux n’en est que renforcé. Ainsi, le sentiment amoureux est très fort est très présent, mais les caractéristiques de l’aimée sont floues. Il s’agit donc de l’idéal amoureux, qui varie selon les poètes mais est pourtant souvent similaire, puisque tous les poètes ont tendance à le placer au rang « d’idéal ultime ».

Enfin, il est bien connu que certains poètes ont eu une muse, de laquelle ils se sont inspirés, et à laquelle ils ont dédié des poèmes amoureux. Souvent, ces poèmes contiennent des allusions ou des adresses directes à la femme aimée, par exemple Jeanne Duval chez Baudelaire, Lou chez Apollinaire, ou Elsa chez Aragon. Ces poèmes-là célèbrent plus directement la femme aimée. Ainsi, dans « Le Balcon », Baudelaire s’adresse à Jeanne Duval et lui rappelle leurs soirées ensemble. Nous voyons rapidement que Baudelaire lui est dévoué, puisqu’il l’appelle « reine des adorées » ainsi qu’ « ô toi, tous mes plaisirs ! ». Le lyrisme et l’intimité sont visibles tout le long du poème, et même si nous y trouvons un aspect mélancolique, il est évident que le poème demeure une déclaration d’amour.

Nous pouvons donc observer que l’amour et la poésie ont toujours été en étroite relation, et que la poésie amoureuse nous a toujours été connue. Qu’elle soit sous forme d’un idéal amoureux ou d’une célébration de la femme aimée, sa place dans le genre poétique a toujours été importante.

Pourtant, la poésie transcende parfois l’expression des sentiments amoureux. Les poètes du Parnasse, notamment, avaient en horreur toute forme de lyrisme et d’expression des sentiments. En effet, la forme de la poésie lui prête d’autres

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