Poète Artiste Ou Artisan

Depuis le début de l'art de l'écriture, tout écrivain cherche à maîtriser un langage universel dont seule une poignée d'entre eux a réussi à percer les secrets, la poésie. La singularité de celle-ci, tant par sa forme, sa fluidité à l'oreille comme à l'écrit et la puissance des idées exprimées à travers elle nous amènent souvent à la même question : Doit-on considérer les maîtres de cette art comme des artistes ou comme des artisans ?

Ainsi le côté artisan du poète sera développé dans un premier temps puis, par la suite, on s'intéressera aussi au côté artiste de ces maîtres en la matière. Enfin, on étudiera la conciliation de ces deux idées qui est très souvent présente dans la poésie, de ce fait notre propos sera moins diamétralement opposé au niveau de ces deux points de vue mais bien plus dans la nuance.

Certes, le poète semble être davantage un artisan.

En effet, la poésie, élevée à la perfection, est avant tout un travail de longue haleine. Le poète soigne et tente d'idéaliser la construction et la versification de ses poèmes. Cela est notamment observable, par exemple, dans le recueil de poèmes d'un des plus grands génie de la poésie qu'est Victor Hugo, Pauca Meae. "C'était le bonheur de ma vie" est un des nombreux octosyllabes remarquables du troisième poème de ce recueil qui est particulièrement émouvant car il évoque la souffrance de l'auteur qui a perdu sa fille dans un tragique accident.

"Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,

Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?

Destin, lugubre assaut !", extrait du huitième poème de ce recueil, est vraiment représentatif de ce travail de l'auteur, car on observe deux alexandrins suivis d'un hémistiche ce que Victor Hugo pratique avec allégresse alors que pour le commun des écrivains cela est compliqué à mettre en œuvre. Toute cette versification va ainsi permettre au poète de faire ressentir ses sentiments, sa souffrance intérieure dans le cas du recueil de Victor Hugo, à ses lecteurs. De telle manière qu'il va mettre en relief tous les mots importants dont son poème est constitué. Il use de fort belle manière de l'euphémisme dans son quinzième poème, il y décrit de manière implicite la douleur que la mort de son enfant lui a causé et le fait que celle-ci est toujours visible après son deuil,

"Maintenant, ô mon Dieu ! que j'ai ce calme sombre

De pouvoir désormais

Voir de mes yeux la pierre où je sais que dans l'ombre

Elle dort jamais;".

Le rejet ainsi que le contre-rejet font eux aussi partie des éléments phares utilisés par les grands poètes. Victor Hugo nous en donne la preuve en commençant son onzième poème par un rejet :

"On vit, on parle, on a le ciel et les nuages

Sur la tête; on se plaît aux livres des vieux sages;".

Ceci a pour but dans le même temps de donner un certain rythme au poème, de plus ce rythme va être accentué par l'utilisation, de la part du poète, de mots plus ou moins longs servant à donner de la vitesse au texte dans le premier cas ou bien , au contraire, à le ralentir pour souligner la puissance de chaque mot. Dans le huitième poème, on observe de façon très perceptible que Hugo a voulu donner un rythme lent et de la profondeur à ses mots lorsqu'il écrit par exemple :

"Songe horrible! le bien, le mal, de cette voûte

Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute !

Ô sphinx, dis-moi le mot !

Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent,

Noirs vivants ! Heureux ceux qui tout à coup s'éveillent

Et meurent en sursaut !" cela laisse le lecteur dans une profonde réflexion.

Mais le poète est aussi artisan car il réussi à force de travail et en utilisant les mots parfaits, à construire des poèmes sur la base de questions philosophiques comme dans le début de celui-ci :

A qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?

Vautour fatalité, tiens-tu

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