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Paratexte

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Par   •  3 Avril 2013  •  Étude de cas  •  2 664 Mots (11 Pages)  •  823 Vues

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ARCHIVES DU TAG: PARATEXTE

Quels paratextes pour la bande dessinée numérique? (2)

Publié le 28 avril 2012

J’avançais dans la note précédente que les paratextes de la bande dessinée numérique ne sont pas inexistants mais plutôt différents de ceux qu’on retrouve en bande dessinée papier. Certains disparaissent, certains apparaissent, beaucoup se déplacent ou se transforment. Dans un contexte culturel où le livre est encore dominant, le lecteur décode peut-être seulement plus laborieusement ces productions qui lui sont moins familières. Je reviens donc à la charge ici pour tenter de cerner les formes inusitées sous lesquelles se manifestent les paratextes de la bande dessinée numérique.

Afin d’ordonner la lecture, je parlerai d’abord des paratextes qui n’ont pas cours en bande dessinée numérique. Je traiterai ensuite de ceux qu’on y retrouve mais à des endroits et sous des aspects différents de ceux courants en bande dessinée papier. Finalement, je tenterai de cerner quelques paratextes qui sont uniques au support numérique. En dressant cette liste, mon but est d’offrir un panorama général, bien que synthétique et sans doute lacunaire, des paratextes qui se présentent au lecteur de bande dessinée en ligne.

PARATEXTES DISPARUS

La première et la plus évidente disparition est celle des péritextes matériels (papier, carton, textile, signet, jaquette, bandeau) due à la dématérialisation du support, à sa numérisation. D’aspect peut-être innocent, ces paratextes véhiculent néanmoins une quantité significative d’information. Le choix des matériaux, le type de reliure, les techniques d’impression utilisées permettent de préjuger de la qualité de l’édition, de sa méthode de fabrication, de son appartenance à un type particulier de productions, de distinguer l’artisanal de l’industriel, l’amateur du professionnel. Cette perte substantielle d’information paratextuelle peut être partiellement et diversement compensée par les caractéristiques de la présentation graphique du site internet, mais pas complètement.

Avec la disparition du livre comme objet, disparaît aussi la notion de format au sens où nous la comprenons. En bande dessinée numérique, on ne peut plus distinguer, dès les seuils du texte, la bande dessinée traditionnelle, en format album, de la bande dessinée alternative, en format d’auteur, ou du fanzine de micro-édition, de format généralement plus modeste. Il ne faut pas conclure pour autant qu’il n’existe qu’un seul format de bande dessinée numérique (assimilé à celui de l’écran). Ils sont nombreux au contraire. Seulement, ils ne sont pas aussi nettement associés à un type particulier de contenu. On se bornera à reconnaître aux créations réalisées sur canvas infini ou turbomedia, un caractère plus expérimental. On se contentera de pointer rapidement, aussi, que la différence entre les bandes dessinées conçues pour l’écran et celles conçues pour les téléphones intelligents et autres lecteurs portables est sensiblement la même par endroits que celle entre l’édition courante et l’édition de poche.

On notera, au passage, la disparition, pour la même raison, de la dédicace d’exemplaire (qui s’ajoute parfois à la dédicace d’œuvre). Liée à la matérialité du livre et à l’aspect social qui l’entoure, elle n’a plus raison d’être sur support numérique où elle demeure sans équivalent.

Un autre pan de l’univers paratextuel tombe avec la disparition de l’éditeur et donc avec la disparition en bloc des paratextes éditoriaux au profit des seuls paratextes auctoriaux (auteur). Seul maître à bord, l’auteur de bande dessinée numérique s’auto-publie ou, si on préfère, s’auto-édite. Les seules traces de paratextes non-auctoriaux à subsister sont des commentaires sur l’œuvre laissés par des connaissances ou des critiques puis retranscrits par l’auteur dans le but de présenter et de promouvoir son travail. Une préface complète sur ce mode – bien que je n’en ai jamais rencontrée – n’est pas inconcevable. Précisons aussi que le développement progressif de structures éditoriales potables autour de la bande dessinée en ligne pourrait réhabiliter, du moins en partie, les paratextes éditoriaux.

PARATEXTES DÉPLACÉS OU REMPLACÉS

Quantité d’autres paratextes ne disparaissent pas sur support numérique, mais simplement se déplacent. Ils migrent des espaces où les éditeurs nous ont habitué à les trouver dans les éditions papier pour se relocaliser ailleurs, de façon beaucoup plus variable, dans les « marges » de la page et sous des onglets séparés. C’est le cas du nom d’auteur ou du pseudonyme (particulièrement courant sur internet) de même que des notices biographique et bibliographique qui se retrouvent souvent sur une barre latérale, voir sous un onglet « Auteur » ou « Plus sur moi ». C’est encore le cas du résumé d’œuvre qui, s’il n’apparaît pas en tête de la création, se décline souvent sous un onglet « À propos ». N’ayant pas à concilier avec les limites d’espace qui contraignent les éditions papier, ces paratextes ont tendances à être aussi plus exhaustifs. La notice biographique peut augmenter en proportions, comprendre un CV détaillé de l’artiste ainsi qu’un portfolio. La notice bibliographique peut s’enrichir d’illustrations de couvertures, voir d’extraits et de critiques. Dans la même optique, le résumé d’œuvre peut être étoffé d’un véritable dossier de presse.

D’autres paratextes se transforment ou, pour être plus précis, cèdent la place à d’autres manifestations paratextuelles qui les remplacent et assurent plus ou moins la même fonction qu’eux.

L’habillage de la page web remplace la présentation graphique du livre. L’habillage de la page web offre une idée générale du contenu présenté par l’auteur. Il n’est d’ailleurs pas rare que des bédéistes entretiennent à la fois plusieurs blogs ou développent parallèlement plusieurs pages web afin d’offrir, à chaque endroit, un contenu plus spécifique (je pense entre autres à Miss Gally et Iris). On notera quand même que, contrairement au livre qui ne change de présentation graphique que d’une édition à l’autre, l’habillage d’une page web est sujet à changer librement et sans préavis. Certains bédéistes entretiennent simultanément plusieurs habillages qui se relaient soit aléatoirement, soit selon une logique précise. Le blog de Boulet, par exemple, fait

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