On Ne Badine Pas Avec L'amour
Dissertations Gratuits : On Ne Badine Pas Avec L'amour. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 27 Novembre 2013 • 1 201 Mots (5 Pages) • 791 Vues
SCENE VI
La chambre de Camille.
Entrent CAMILLE et DAME PLUCHE.
CAMILLE
Il a pris ma lettre, dites-vous ?
DAME PLUCHE
Oui, mon enfant, il s'est chargé de la mettre à la poste.
CAMILLE
Allez au salon, dame Pluche ; et faites-moi le plaisir de dire à Perdican que je l'attends ici.
Dame Pluche Sort.
CAMILLE
Il a lu ma lettre, cela est certain ; sa scène du bois est une vengeance, comme son amour pour Rosette. Il a voulu me prouver qu'il en aimait une autre que moi, et jouer l'indifférent malgré son dépit. Est-ce qu'il m'aimerait, par hasard ? (Elle lève la tapisserie. ) Es-tu là, Rosette ?
ROSETTE, entrant.
Oui ; puis-je entrer ?
CAMILLE
Écoute-moi, mon enfant ; le seigneur Perdican ne te fait-il pas la cour ?
ROSETTE
Hélas ! oui.
CAMILLE
Que penses-tu de ce qu'il t'a dit ce matin ?
ROSETTE
Ce matin ? Où donc ?
CAMILLE
Ne fais pas l'hypocrite. - Ce matin à la fontaine dans le petit bois.
ROSETTE
Vous m'avez donc vue ?
CAMILLE
Pauvre innocente ! Non, je ne t'ai pas vue. Il t'a fait de beaux discours, n'est-ce pas ? Gageons qu'il t'a promis de t'épouser.
ROSETTE
Comment le savez-vous ?
CAMILLE
Qu'importe comment je le sais ? Crois-tu à ses promesses, Rosette ?
ROSETTE
Comment n'y croirais-je pas ? il me tromperait donc ? Pour quoi faire ?
CAMILLE
Perdican ne t'épousera pas, mon enfant.
ROSETTE
Hélas ! je n'en sais rien.
CAMILLE
Tu l'aimes, pauvre fille ; il ne t'épousera pas, et la preuve, je vais te la donner ; rentre derrière ce rideau, tu n'auras qu'à prêter l'oreille et à venir quand je t'appellerai.
Rosette sort.
CAMILLE, Seule.
Moi qui croyais faire un acte de vengeance, ferais-je un acte d'humanité ? La pauvre fille a le coeur pris. (Entre Perdican.) Bonjour, cousin, asseyez-vous.
PERDICAN
Quelle toilette, Camille ! A qui en voulez-vous ?
CAMILLE
À vous, peut-être ; je suis fâchée de n'avoir pu me rendre au rendez-vous que vous m'avez demandé ; vous aviez quelque chose à me dire ?
PERDICAN, à part.
Voilà, sur ma vie, un petit mensonge assez gros, pour un agneau sans tache ; je l'ai vue derrière un arbre écouter la conversation. (Haut. ) Je n'ai rien à vous dire, qu'un adieu, Camille ; je croyais que vous partiez ; cependant votre cheval est à l'écurie, et vous n'avez pas l'air d'être en robe de voyage.
CAMILLE
J'aime la discussion ; je ne suis pas bien sûre de ne pas avoir eu envie de me quereller encore avec vous.
PERDICAN
A quoi sert de se quereller, quand le raccommodement est impossible ? Le plaisir des disputes, c'est de faire la paix.
CAMILLE
Etes-vous convaincu que je ne veuille pas la faire ?
PERDICAN
Ne raillez pas ; je ne suis pas de force à vous répondre.
CAMILLE
Je voudrais qu'on me fit la cour ; je ne sais si c'est que j'ai une robe neuve, mais j'ai envie de m'amuser. Vous m'avez proposé d'aller au village, allons-y, je veux bien ; mettons-nous en bateau ; j'ai envie d'aller dîner sur l'herbe, ou de faire une promenade dans la forêt. Fera-t-il clair de lune, ce soir ? Cela est singulier, vous n'avez plus au doigt la bague que je vous ai donnée.
PERDICAN
Je l'ai perdue.
CAMILLE
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