Médée Furieuse

L'œuvre

« Médée furieuse » est une peinture à l’huile sur toile exposée pour la première fois avec succès en 1838 par Eugène Delacroix (1798-1863), célèbre peintre romantique français du XIXe siècle. Il est probable que le peintre ait été influencé par le succès que le mythe de Médée rencontre au XIXe siècle, objet de nombreuses adaptations théâtrales (Jason et Médée de Gustave Moreau, Jason and Medea de John William Waterhouse, Médée de Victor Mottez).

C’est un tableau qui s'intéresse à l'horreur qu'inspire le dénouement de la légende de Médée selon laquelle elle était l’épouse de Jason, qu’elle avait aidé à s’emparer de la Toison d’or et dont elle avait eu deux fils. Lorsque Jason la répudia pour Créüse, la fille du roi de Corinthe, elle se vengea entre autres crimes en égorgeant leurs deux enfants.

C'est ce dénouement tragique que Delacroix a choisi d'illustrer : Médée, furieuse de la trahison de son époux, emporte ses fils pour commettre le plus abominable des crimes : l'infanticide.

Cette œuvre mesurant 2,60 mètres sur 1,65 fut achetée par l'État et présentée en 1855 à l’Exposition Universelle. Elle est aujourd'hui exposée au musée des Beaux-Arts de Lille.

L'œuvre est composée de 2 parties :

les personnages placés au centre afin que notre regard en soit attiré, Médée et ses deux fils qu'elle retient sans ménagement, un couteau à la main ;

et un sobre décor de grotte où Médée s'est réfugiée, poursuivie, pour commettre son forfait.

Toutes les lignes du tableau convergent vers la figure de Médée et les corps des enfants attachés à elle dans un effort pour protester, échapper à leur destin.

Médée regarde dans le sens opposé au tableau et tient ses deux enfants différemment, l’un sur ses genoux, tenu par le creux du coude du bras droit de Médée, l’autre qu’elle empoigne par la main droite a la tête collé contre le ventre de sa mère.

Vue de profil, plutôt que furieuse (comme l'indique le titre), elle paraît inquiète malgré sa détermination : Médée semble fuir le danger qui la poursuit invisible pour le spectateur mais qui semble imminent, et s’engouffre dans la grotte afin d’y commettre l’impensable.

Le groupe forme une pyramide dont le sommet occupé par Médée montre sa toute-puissance et sa détermination à vouloir tuer sa progéniture qui semble vouloir échapper à son emprise, de plus les enfants sont très jeunes et cela accentue leur faiblesse et leur innocence qui inspire notre pitié, les assimile à des anges (chérubins nus), ce qui renforce leur caractère de victime.

Détermination également visible dans la fermeté avec laquelle elle tient sa dague et dans les couleurs sombres (évoquant le mal) de sa robe. L'ombre portée uniquement sur la partie supérieure de son visage (masquant ses yeux), révèle également ses intentions criminelles.

Les fils sont dans une posture qui suggère à la fois la précipitation de Médée et la violence avec laquelle elle tient ses deux enfants.

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