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Musset Et L'histoire

Mémoires Gratuits : Musset Et L'histoire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Janvier 2014  •  1 292 Mots (6 Pages)  •  633 Vues

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Le drame de Musset se situe à Florence dans les deux dernières années du règne d'Alexandre de Médicis (1536-1537). La ville est alors le théâtre d'affrontements qui ne sont pas sans analogies avec la situation que Musset vient de connaître en France avec l'échec des journées révolutionnaires de juillet 1830 et l'avènement de la bourgeoisie louis-philipparde. Il serait vain pourtant de voir en Lorenzaccio une pièce historique, car Musset laisse librement vagabonder son imagination en créant des personnages et en resserrant la chronologie des faits. Sa sympathie pour les révolutionnaires de 1830 est à l'unisson, sans doute, de celle qui transparaît dans la pièce à l'égard des républicains conduits par Philippe Strozzi, mais elle est tempérée aussi du même scepticisme. La réflexion de Musset sur l'Histoire laisse les deux temporalités se télescoper sans plus de commentaires, mais les lecteurs et spectateurs de la pièce peuvent librement y voir un simple déplacement où le poète témoigne de son désenchantement à l'égard de l'action politique.

En 1536, Florence vit sous une autocratie tyrannique et corrompue. Les Florentins avaient tenté, après le sac de Rome par Charles-Quint (1527), de mettre en place un gouvernement républicain et, avec l'appui de François Ier, avaient chassé les Médicis. Mais le pape Clément VII, né Jules de Médicis, accepta de mettre fin à son alliance avec François Ier et de couronner l'empereur. Le 12 août 1530, à l'issue d'un siège de onze mois, les troupes de Charles-Quint et du Pape entrèrent ensemble dans Florence, et l'année suivante, par concession impériale, Alexandre de Médicis fut déclaré « duc de la république florentine ». Le nouveau seigneur, bâtard de Laurent le Magnifique et d'une esclave mauresque, règne alors en tyran : toutes les institutions furent entièrement sous son contrôle et il commença à mener une politique d'alliance avec les familles régnantes les plus importantes d'Europe. Les adversaires des Médicis, menés par Philippe Strozzi et soutenus par François Ier, tentèrent, mais en vain, de renverser le gouvernement du duc Alexandre. Ils ont peut-être pour cela exploité la rancœur de Lorenzo de Médicis, qui pouvait légitimement prétendre au titre de duc de Florence :

Le vrai Lorenzo

Lorenzo de Médicis est au nombre des personnages serviles et corrompus qui entourent le duc Alexandre (on ne le confondra pas avec cet autre Lorenzo, Laurent dit « le Magnifique », homme d'état florentin du siècle précédent). Né en 1514, Lorenzino, comme tout le monde l’appelle à cause de sa petite taille, ou Lorenzaccio (le « mauvais Laurent »), comme il sera éloquemment rebaptisé par la suite, est le fils de Pierre-François de Médicis et, à ce titre, cousin d'Alexandre. Personnage ambigu, il feint d’éprouver de la sympathie pour ce dernier, dont il devient l’espion et l’homme de confiance ; en réalité il nourrit le dessein de parvenir à la gloire d’un nouveau Brutus en l'assassinant. Pour réaliser son projet, Lorenzino décide d’exploiter le penchant notoire d’Alexandre pour les femmes. Parmi toutes celles qui attirent son attention, certaines font partie de la famille : peut-être la tante de Lorenzino, Caterina Ginori, ou sa jolie sœur Laudomia, jeune veuve d’Alemanno Salviati. Le futur assassin occupe une maison contiguë au palais Médicis : c’est là qu'un faux rendez-vous d’amour est fixé pour la nuit de l’Epiphanie de 1537. Lorenzino, en compagnie d’un tueur surnommé Scoronconcolo, attendent Alexandre. Le duc, frappé d’abord par le poignard de son cousin, est achevé par Scoronconcolo d’un coup mortel à la gorge. Le cadavre n’est découvert que le lendemain, lorsque Lorenzino est déjà à Bologne, qu’il quitte à destination de Venise.

Ce geste n’aura aucun effet du point de vue politique car, dans les moments dramatiques qui suivent la mort du tyran, les adversaires des Médicis se montrent incertains et divisés. La faction opposée – les « palleschi » (du mot « palle », les boules des armoiries des Médicis) – en profite pour élire le fils de Jean des Bandes Noires, Cosimo (Cosme), qui fera totalement disparaître

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