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Marivaux, l'originalité loin de l'Antiquité

Dissertation : Marivaux, l'originalité loin de l'Antiquité. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juillet 2021  •  Dissertation  •  1 500 Mots (6 Pages)  •  341 Vues

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Dissertation

Marivaux, le célèbre auteur de La double inconstance ou des fausses confidences, a dit qu’il aimerait mieux « être assis humblement sur le dernier banc de la petite troupe des auteurs originaux qu’orgueilleusement placé à la première ligne dans le nombreux bétail des singes littéraires ».

Il est légitime de se demander ce que désigne son expression « nombreux bétail des singes littéraires ».

D’abord, le terme « bétail » est avilissant. Une bête de somme n’évoque pas l’intelligence. De plus, cela évoque la notion de multitude, opposé à « la petite troupe des auteurs originaux ». Le terme « singe », quant à lui, évoque de grimaçantes contrefaçons et cette idée de mimétismes et d’imitations ratées s’oppose, elle, à l’ adjectif « original ». Il semble accuser ces auteurs d’être tout comme le ridicule poète Trissotin dans les Femmes Savantes de Molière, ces écrivains qui reproduisent leurs prédécesseurs, avec hélas beaucoup moins de talent.

Cela est justement le sujet de la Querelle des Anciens et des Modernes à laquelle Marivaux a participé. Nous en reparlerons dans une première partie. Ensuite, nous verrons ce qu’implique la volonté de faire partie de « la petite troupe des auteurs originaux », avant de nous demander si l’écrivain y est parvenu.

La Querelle des Anciens et des Modernes est un débat de la fin du 17ème  et du début du 18ème siècle. Elle opposait, comme son nom l’indique, les Anciens – parmi lesquels on peut compter Jean de La Fontaine, - qui affirmaient que la littérature devait traiter des sujets antiques, et les Modernes – dont Marivaux et Charles Perrault- qui disaient qu’elle devait se renouveler.

En effet, la redécouverte de l’Antiquité, particulièrement des écrits grecs, ont apporté un souffle nouveau à la littérature française, qui avait perdu ses chansons de geste , ses lais, ses poèmes. A la mort de François Villon, notre littérature semblait avoir rendu son dernier soupir.

La Renaissance la vit renaître, avec la Pléiade d’abord. Du 16e au 17e, tous nos écrits se sont mis à regorger d’écrits latins, grecs,  à leur mythes, à leurs villes.

Les précieuses abandonnèrent leurs noms de baptême pour  d’autres aux sonorités plus antiques :

Ainsi, Madame de Montespan, dont le prénom était Françoise, se fit appeler Athénaîs. Nous vîmes le retour de la tragédie, genre oublié du Moyen-Âge. Ce renouveau fit le génie du siècle classique, et Corneille, Racine, figurent parmi les plus grands noms de notre littérature. Mais en 1773, Jean Racine se retire, laissant derrière lui essentiellement des imitateurs de son génie. Georges Pompidou dans la préface de son Anthologie de la poésie française, dit de lui que son don de manier les mots « a tari le fleuve de notre littérature… ». Certes, la fin du Grand Siècle ne nous a guère apporté plus que des tragédies calquées sur les règles du théâtre classique ou une nouvelle traduction d’Homère par La Motte.

Pour Marivaux, et les autres Modernes, la solution est de s’émanciper de l’Antiquité et des grands auteurs des siècles précédents. Non, les Anciens – auteurs de l’Antiquité- n’ont pas tout fait, ils n’ont pas le monopole du génie. On peut tout à fait écrire une pièce grandiose qui ne parle pas de Phèdre, des Atrides ou des Labdacides, et s’il y a des merveilles dans les œuvres passées, les imiter ne fera pas la grandeur de celles du présent.

Ainsi, la phrase de Marivaux : « J’aimerais mieux  être assis humblement sur le dernier banc de la petite troupe des auteurs originaux qu’orgueilleusement placé à la première ligne dans le nombreux bétail des singes littéraires »  sonne comme une accusation des Anciens de la Querelle.

Marivaux était donc un moderne et ne voulait pas imiter, ni reproduire les œuvres du siècle passé.  Mais en quoi cela consiste-t-il d’être un auteur original ?

        Premièrement,  il y a le choix du thème : chez notre auteur, pas de sujet antique. Quant au dessein de ses comédies, il est toujours de provoquer l’amusement certes, mais, quand Molière ou Aristophane cherchaient è corriger les mœurs
- « 
castigare  ridendo mores », telle était la devise de Jean Baptiste Poquelin - l’auteur de l’Île aux Esclaves s’intéresse à l’analyse des sentiments et surtout à la naissance de l’amour.  Par cet aspect, il est réellement original. Dans chacune de ses œuvres, on trouve une autopsie de l’amour et de chacune de ses étapes : de l’amour-propre qui y fait obstacle,  mais aussi des stratagèmes à dessein de provoquer l’amour chez l’un ou chez l’autre. Si ceci semble malhonnête, Marivaux les excuse par l’ardeur des sentiments. Il fait dire à ses personnages : « Il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire et on doit lui pardonner lorsqu’il a réussi. »

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