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Manuscrit d’Au Bonheur des Dames

Commentaire d'arrêt : Manuscrit d’Au Bonheur des Dames. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2013  •  Commentaire d'arrêt  •  2 475 Mots (10 Pages)  •  715 Vues

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ès l'automne de l'année 1868, le projet d'Émile Zola d'écrire une grande fresque sur l'ascension sociale d'une famille est clairement établi. Il projette d'y présenter des personnages évoluant dans quatre mondes: le peuple, les commerçants, la bourgeoisie, le grand monde. Il ajoute aussi un monde à part celui des militaires, des prêtres et des prostituées1. Les personnages y seront mus par la « fièvre du désir et leur ambition »2. Dans ce corpus, qui deviendra Les Rougon-Macquart, il projette d'écrire un roman sur « la femme d'intrigue dans le commerce ». Ce sera Au Bonheur des Dames3. En février 1880, à la fin de la parution de Nana, il fait annoncer que son prochain roman parlera du grand commerce dans Paris et surtout des grands bazars modernes qui naissent dans la capitale4. Mais l'année 1880 est une année noire pour Zola (mort de ses amis Edmond Duranty, Gustave Flaubert, mort de sa mère, état dépressif et ennuis de santé)5 et il sursoit à son projet.

Lorsqu'il écrit Pot-Bouille en 1881, il le conçoit comme le premier épisode du roman suivant6. Le premier roman met l'accent sur l'adultère et l'éducation sentimentale d'un jeune homme ambitieux, le second mettra l'accent sur le triomphe des grands magasins et aura pour dominante principale les femmes : les clientes des grands magasins et le triomphe de Denise Baudu7. Zola a le désir de faire de ce roman un roman optimiste, un « poème de l'activité moderne »8, célébrant le triomphe du siècle, « siècle d'action et de conquête, d'efforts dans tous les sens »8.

Manuscrit d’Au Bonheur des Dames.

Sa documentation sur le sujet commence dès 1881: article du Figaro du 23 mars 1881 sur les grands bazars, la faillite du petit commerce, le folie des achats et le problème du vol, article de novembre 1881 de Jean Richepin dans Gil Blas sur le calicot dans les grands magasins, article de janvier 1882 dans Gil Blas sur les demoiselles des grands magasins. Il visite des après-midi entiers des grands magasins9 : le Bon marché, les grands magasins du Louvre, la place Clichy, observe l'organisation, interroge les dirigeants10 et note tout dans ses Carnets d'enquête. Il parcourt le livre nouvellement sorti de Pierre Giffard, Paris sous la IIIe république. Les grand bazars, dont il se servira finalement peu11. Il a également lu les romans de Balzac, La Maison du chat-qui-pelote et Grandeur et décadence de César Birotteau ainsi que l'étude de Charles Fourier de 1829, le Mouvement industriel et sociétaire12. Puis il s'enferme pendant huit mois dans sa résidence de Médan pour écrire son roman (28 mai 1882-25 janvier 1883). Son travail commence par une ébauche, résumée en style télégraphique, agrémentée de notes, puis par un plan d'ensemble où Zola décrit le contenu de chaque chapitre suivi d'une premier puis un second plan plus détaillé, ce n'est qu'ensuite qu'il se lance dans la rédaction13.

Parution et réception[modifier]

En novembre 1882, Émile Zola fait paraitre un extrait du roman dans Le Panurge , le Gil Blas l'annonce dans ses colonnes. La veille de la parution du premier épisode, 16 décembre 1882, le Gil Blas sort un grand papier sur les femmes d'Émile Zola, destiné à allécher le lecteur mais un peu loin du réel contenu d’Au Bonheur des Dames14 . Le roman parait en 75 livraisons, du 17 décembre 1882 au 1er mars 188315. Il est favorablement accueilli par la critique mais pour de mauvaises raisons : on y loue la délicatesse et la grâce des tableaux, son caractère moral, la simplicité attendrissante de son dénouement. Bref, la bonne société pense que Zola est rentré dans le droit chemin16. Huysmans écrit à Zola en mars 1883 pour lui faire part de son admiration pour avoir su bâtir un tel édifice et décrire les rouages d'un tel colosse. Il loue la puissance de ses descriptions et la fraicheur singulière des amours de Denise et Mouret17.

Résumé[modifier]

Sujet[modifier]

L'action se déroule entre 1864 et 186918. Arrivée à Paris avec ses frères, pour travailler dans le petit magasin de son oncle, Denise Baudu prend rapidement conscience que l'emploi n'existe que dans les grands magasins. Elle se fait embaucher au Bonheur des Dames, découvre le monde cruel des petites vendeuses, la précarité de l'emploi et assiste au développement exponentiel de ce magasin et à la mort des anciens petits commerces. Elle suscite l'intérêt du directeur du magasin, Octave Mouret qui lui confie de plus en plus de responsabilités. Elle refuse de devenir sa maitresse mais finit par accepter sa demande en mariage.

Découpage[modifier]

Les débuts au grand magasin[modifier]

Affiche de Gil Blas annonçant le roman Au Bonheur des Dames

Chapitre I. Denise Baudu, jeune Normande de vingt ans originaire de Valognes, arrive à Paris avec ses frères Jean et Pépé, âgés respectivement de seize et cinq ans. Leur père, dont ils portent le deuil, est mort il y a un an environ de la même maladie qui avait emporté leur mère un mois auparavant. Elle découvre place Gaillon le magasin Au Bonheur des Dames qui la fascine et, lui faisant face, la boutique Au vieil Elbeuf, propriété de son oncle. Celui-ci lui avait écrit un an plus tôt qu’il y aurait toujours une place pour elle dans sa boutique à Paris. Mais depuis un an, les affaires ont périclité et il ne peut embaucher Denise. Il tente, sans succès, de la faire embaucher dans un petit commerce ami. Là, Robineau, commis au Bonheur des Dames, lui suggère de postuler pour un poste dans ce magasin. M. Baudu décrit à Denise l'histoire du bazar : Au Bonheur des Dames est à ce moment dirigé par Octave Mouret, fils de François Mouret et Marthe Rougon. Ce grand magasin prospère aux dépens des petites boutiques du quartier. Les Baudu, tenant le Vieil Elbeuf qui se trouve en face du Bonheur, sont exaspérés par les agrandissements successifs opérés par Mouret. Ils ont en effet connu la boutique, fondée par les frères Deleuze, à l’époque où elle avait une taille modeste. Mouret est devenu propriétaire de la boutique en épousant, dans Pot-Bouille, Mme Caroline Deleuze veuve Hédouin, qui mourut peu après, des suites d'une chute sur le chantier du magasin. Denise, ne trouvant pas de place dans les petites boutiques, décide d’aller chercher du travail au Bonheur des Dames et ce malgré l’avis défavorable de son oncle. Ce premier chapitre d'exposition permet

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