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Lile Des Esclaves Marivaux

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Par   •  1 Juin 2013  •  2 655 Mots (11 Pages)  •  1 164 Vues

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Marivaux est un des écrivains qui résume le mieux la grâce et l’esprit du siècle des Lumières. Ce grand innovateur du bavardage galant : les « marivaudages » a écrit des comédies plus imprévisibles les unes que les autres, toujours caractérisées par ce jeu du rêve et de la réalité, de la confrontation des préjugés et des élans du coeur mais surtout de situations miraculeuses tantôt cruelles ou tendres pour ses protagonistes.

“L’Ile des esclaves”, une de ses célèbres comédies sociales, ne manque a la règle. Sur une ile ou des aristocrates athéniens Iphicrate et Euphrosine et leurs esclaves Arlequin et Cléanthis échouent, les rôles brusquement s’inversent et sur cette ile les esclaves deviennent maîtres. Trivelin, le chef de l’ile, leur fait passer a chacun des épreuves. La première consiste à ce que Cléanthis dresse le portrait de sa maitresse Euphrosine, et que cette dernière l’écoute attentivement. Cette scène leve le voile sur la relation complexe qu’entretient l’esclave Cleanthis avec Euphrosine sa maitresse. Sous la commande de maitre Trivelin, chef de l’ile, les tabous se brisent et les esclaves peuvent enfin exprimer librement ses pensées. Nous nous interrogerons donc sur cette représentation de la relation maitre-valet que propose Marivaux mise a l’épreuve dans cet environnement tout particulier qu’est l’Ile des esclaves.

Nous étudierons d’abord ce portrait très vivant que dresse Cleanthis de sa maitresse puis il sera question de la critique sociale ; véritable visée de ce passage de l’Ile des esclaves.

Dans cet extrait de la troisième scène de l’Ile des esclaves : Cleanthis dresse un portrait très vivant de sa maitresse.

L’environnement dans lequel se trouvent les protagonistes bouleverse la situation d’énonciation et procure à Cleanthis une très grande liberté d’expression. Il est vrai que cette ile utopique est très imprégnée de l’idéal des Lumières qui ont remis en question les privilèges accordés à certaines classes et prônée l’égalité entre les hommes. C’est sur cette utopie séculaire que Cleanthis peut enfin exprimer librement ses pensées sur sa maitresse Euphrosine. En effet, comme nous pouvons le constater l’ancienne esclave devenue maitre domine largement le dialogue et ses tirades sont les plus longues. Selon les ordres de Trivelin, maitre de l’ile, Cleanthis commence « l’examen de son caractère »l.1. Ce portrait est influence par le maitre de l’ile qui pousse Cleanthis a ses extrêmes durant son discours. Il orchestre les différentes manœuvres à adopter. « (…) Il faut que vous soyez présente. » l.10-11. , félicite le malaise d’Euprosine « Ah ! Je vous félicite (…) » l.24 et la retient lorsqu’elle désire quitter la pièce « Attendez, ce n’est qu’un début. »L.41. Tout ceci pour que l’épreuve se déroule en bon et du des termes. Trivelin dont les interventions sont plus rares mais néanmoins essentiels témoigne de l’utilité de cet exercice et surtout d’une moralisation qui pourra avoir des effets bénéfiques sur la personnalité d’Euphrosine. « Ah ! Je vous félicite du petit embarras que cela vous donne, vous sentez, c’est bon signe (…) » l.24-25 Trivelin n’est autre que le respectueux double de l’écrivain Marivaux qui pousse Cleanthis à mettre en œuvre cette moralisation du portrait aux « bonnes intentions » l.4. Sans Trivelin cette ile utopique n’existerait pas et l’exercice n’aurait pas eu lieu.

Durant cette scène, Cleanthis caricaturiste sa maitresse de manière très théâtrale pour divertir son auditoire : Trivelin, Cleanthis, le public et Marivaux ses lecteurs. En jouant sur les situations d’énonciations : Cleanthis donne du piquant a sa « peinture » l. 64. L’ancienne esclave joue, mime et rapporte des dialogues qui alimentent ses tirades descriptives et narratives. C’est Madame, sujet de son portrait, qu’elle imite majoritairement dans son rôle impérieux de maitresse « qu’on m’habille !»l.44, lorsqu’elle se parle a elle-même « Ah ! Qu’on m’apporte un miroir ! Comment me voilà faite ! Que je suis mal bâtie ! » l.49, lorsqu’elle se trouve en bonne société« Très mal, Madame : j’ai perdu le sommeil, il y a huit jours que je n’ai pas ferme l’oeil ; je n’ose pas me montrer, je fais peur. »l.57-61 ou encore quand elle se fait douce et séduisante « Continuez folâtres, continuez (…) » l 78. L’oratrice n'hésite pas à traduire les pensées de sa maitresse. Dire tout haut ce que l’on pense tout bas tel est le but de cet exercice et cette règle est également applicable pour Euphrosine « Très mal madame : j’ai perdu le sommeil (…) et cela veut dire : Messieurs (…) ne me jugez pas aujourd’hui ; attendez que j’aie dormi ». l57-59. L’ancienne esclave n’hésite pas également a revêtir différents masques tels que celui d’un des semblables de sa maitresse « Comment vous portez vous Madame ? » l.57 mais surtout celui du fameux cavalier. « Oui, madame a vous même a tout ce qu’il y a de plus aimable au monde » l.77 -78. En effet, l’oratrice rapporte un récit introspectif fort bien narre de la romance interdite entre sa maitresse : une femme mariée et un jeune cavalier. Le seul et unique objectif de ce portrait est de corriger les défauts d’Euphrosine. Le fond et la forme convergent et Cleanthis propose un portrait moral qu’elle dresse néanmoins à l’aide d’un verbe acerbe qui témoigne de son profond mépris envers sa maitresse. Tel est le but de cet « exercice » décidé par Trivelin au début de l’extrait : que la concerné « (…) se connaisse, qu’elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu’elle se corrige. » l.3-4 dans une peinture bien personnelle de sa servante Cleanthis. Cleanthis se sent effectivement « dans (son) fort » l.7. Le portrait de Cleanthis fourmille d’hyperboles « (…) je m’y perds ; il y a tant de choses, j’en ai tant vu, tant remarqué de toute les espèces, que cela me brouille »l.32-33. Ces figures d’amplification donne du piquant à son satyre. Ce portrait « qui se doit faire devant la personne qu’on peint » l.2, 3 est très subjectif. En effet, le verbe « peindre » et le terme « peinture » a la lige 64 insistent ici sur ce point : Cleanthis propose au lecteur une représentation très personnelle de sa maitresse. Dans cette métaphore ou Cleanthis est le peintre et Euphrosine le sujet : Cleanthis propose une représentation de sa réalité. L’oratrice n’aborde pas seulement les défauts de sa maitresse : la coquetterie et la vanité mais aussi son adultère. En décrivant avec précision les faits et gestes de sa maitresse Cleanthis dénoncent sa maitresse comme favorable à ce péché. Les gants en sont la preuve.

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