Lettre française

Rédaction de français

Exprimer un sentiment

Daryl traversait l’immense plaine, comme à son habitude : au galop sous les derniers rayons de soleil. Son étalon, fougueux, porté par l’ardeur qu’éveillait cette liberté, arpentait avec toute la puissance dont il était capable la grande prairie américaine. Laissant rennes longues à son cheval, Daryl ne remarqua pas que celui-ci déviait en direction du lac Ontario. C’était comme si son esprit ne faisait qu’un avec l’étalon qui devait sentir, à sa manière, le malaise de son maitre. Il se pencha sur l’encolure pour le rassurer et c’est naturellement que son cheval corrigea sa trajectoire, filant à la vitesse du vent, sous la pâle lueur de la lune. Daryl arrivait à la maison dont les fenêtres étaient éclairées d’une rassurante lumière. Il aperçut une silhouette se découper sur une des fenêtres du premier étage et son cœur se serra. Il descendit de cheval et s’occupa de ranger le harnachement dans la sellerie. Une fois le filet posé sur la barre d’attache en bois, il enlaça son compagnon avec toute l’amitié qu’il pouvait transmettre. Il donna une tape sur le flanc du cheval qui repartit au galop vers les plaines.

Le jeune homme redoutait ce moment qu’il repoussait sans arrêt, mais aujourd’hui, il avait déjà trop fui. Il était temps de regarder la réalité en face, de rentrer dans cette maison et d’affronter l’évidence : la maladie d’Héloïse. Il ouvrit la porte et monta l’escalier qui menait à la petite chambre. Une lampe de chevet éclairait à peine la chambre, Héloïse était étendue sur le sol, elle pleurait et se poussait sur les bras pour atteindre le lit car ses jambes étaient trop faibles pour la porter. Daryl la prit dans les bras et l’allongea sur le lit. Il rapprocha une chaise et s’assit dans le plus grand des silences. Il soupira et prit la main d’Héloïse dans la sienne.

- Qu’as-tu fais aujourd’hui, tu étais par terre depuis longtemps ? lui demanda-t-il.

Elle remonta l’édredon et sécha ses larmes.

- Tu es revenu ? Ses yeux fixaient un point, ils étaient laiteux et immobiles.

N’entendant aucune réponse, elle reprit :

- Oui, c’est les yeux maintenant.

- Héloïse…

- Non, le coupa-t-elle, sa va aller. Je sais, ce doit être dur pour toi mais je vais bien.

- Tu pleurais.

- Je suis tombée, confirma-t-elle, j’ai un peu de mal à m’en sortir toute seule.

- Mais Martine, la voisine, vient bien s’occuper de toi tous les jours ?

- Oui, mais elle n’est pas venue aujourd’hui.

- Ho, Héloïse, je suis tellement désolé…

- Ne le soit pas, c’est normal d’avoir peur de ça.

- J’ai fui Héloïse ! J’ai été lâche et je le regrette, je vais m’occuper de toi maintenant.

- Enfin, Daryl, tu m’as abandonnée alors que je perdais

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