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Lettre Sur Les Aveugles

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Par   •  26 Mars 2014  •  1 931 Mots (8 Pages)  •  2 378 Vues

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Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient

Denis Diderot

La lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient est une oeuvre philosophique qui date de 1749. L’ouvrage philosophique de Denis Diderot (1713-1784) a été très mal accueilli par le pouvoir ecclésiastique. On lui reprochait notamment de sympathiser avec les athées.

L’année 1749 est importante pour Diderot : ses ouvrages sont saisis et ses Pensées philosophiques sont brûlées. Quant à lui, il est incarcéré à la prison de Vincennes le 24 juillet 1749  sous lettre de cachet. Il est condamné pour impiété et indécence. S’étant engagé dans le projet de l’Encyclopédie avec D’Alembert, Diderot est finalement libéré le 3 novembre 1749 sous l’insistance de ses libraires.

En 1782, Diderot a publié dans la Correspondance littéraire des Additions à sa Lettre sur les aveugles. Elles sont restées inédites en volumes jusqu'au xxe siècle.

La construction de la lettre

Le texte est en fait une fausse lettre. Elle est décousue dans la mesure où il y a un contenu central entrecoupé de diverses digressions. Si celles-ci ne semblent pas être en rapport avec le texte, elles sont très utiles à l’auteur car elles lui permettent de prendre une distance par rapport à ce qu’il écrit. Il peut également se moquer de lui-même et rappeler sa revendication de liberté.

Cette lettre témoigne de l’importance du fond chez Diderot et de l’imbrication de celui-ci à la forme. La forme et le fond représentent en effet un tout pour lui. Et c’est cette façon de voir l’écriture qui amène Diderot à opter souvent pour des ruptures de ton. Ces dernières montrent qu’au moment où il écrit, le contenu de sa pensée change, évolue et a par conséquent besoin d’un nouveau style.

Le contexte historique

Le XVIIIe siècle connaît de nombreux bouleversements. Bien que la majorité des découvertes (comme l’électricité, les montgolfières,…) aient eu lieues dans la deuxième moitié du siècle, l’évolution de la science et de la médecine se sont surtout observées dans la première moitié du siècle.

Au moment où Diderot écrit son ouvrage, le chirurgien Réaumur s’apprête à accomplir une importante opération oculaire : il va opérer un non voyant de la cataracte.

Diderot était très curieux de savoir comment le patient allait réagir face au monde qui lui était enfin visible. Toutefois Réaumur n’a pas souhaité faire de publicité autour de l’événement. La curiosité de Diderot n’a donc pas pu être satisfaite ; l’écrivain a dû se contenter de ses suppositions. C’est de là que lui est venue l’idée d’écrire un ouvrage sur le sujet.

La lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient rassemble ses réflexions, ses impressions, les résultats de son enquête sur l’opération. L’écrivain part d’un événement véridique et le replace dans un contexte qu’il imagine. Cette manière de procéder est chère à Diderot ; on la retrouvera dans d’autres de ses œuvres (Par exemple dans le Rêve de D’Alembert).

Diderot, véritable encyclopédiste, emploie une méthode empirique pour la rédaction de son ouvrage : il cherchent des renseignements sur les aveugles, leur rend visite et les interroge. Il va vite en arriver à des considérations philosophiques. En effet, il introduit la question de l’existence de Dieu parce qu’il y a une différence entre la représentation du monde de l’aveugle et celle d’un voyant.

Notre représentation du monde, nos sensations, nos visions sont déterminées par nos sens et sont organisées par l’expérience que nous en avons. Une personne voyante se représente les choses du monde par l’expérience qu’elle en a. La représentation des concepts abstraits (le beau, le mal,…) découle aussi de l’expérience.

Pour un aveugle, plusieurs questions se posent donc. Comment peut-il percevoir et se représenter les mêmes choses que nous s’il lui manque un de ses sens ? Comment perçoit-il les concepts abstraits ?

Diderot pousse loin sa réflexion. Il va opposer au célèbre « Je pense donc je suis » de Descartes, l’affirmation suivante : « Je sens donc je suis ».

Diderot insiste sur la différence qu’il existe entre un aveugle né et un aveugle qui le devient. Ce dernier a en effet la possibilité de se faire une image du monde avant de perdre la vue.

L’aveugle né se représente le monde par le toucher. Ainsi, ses perceptions sont sans doute diverses des nôtres. Beaucoup de scientifiques et penseurs se sont posés des questions à ce sujet. Par exemple, est-ce qu’un aveugle qui retrouve la vue pourra distinguer un carré d’une sphère et associer la forme au concept intégré dans sa tête ? Comment l’aveugle se représente-t-il les concepts abstraits ?

Le contenu de la lettre : résumé et explications

La lettre est adressée à une intellectuelle qui espère beaucoup de l’opération pratiquée par Réaumur sur une jeune fille non voyante.

Première partie de la lettre

Diderot prend ses renseignements sur le sujet et y présente ses réflexions. L’écrivain constate que les perceptions acoustiques et géométriques ne sont pas les mêmes pour un aveugle que pour un voyant. En effet, étant privé de ses yeux, l’aveugle né, pour compenser son manque, va beaucoup plus développer ses autres sens.

En ce qui concerne les idées esthétiques et morales, il y a évidement des changements. La notion de beau pour l’aveugle équivaut à la notion d’utilité.

Diderot en vient ensuite à se questionner sur l’âme de Dieu. Pour Diderot, c’est le spectacle de la nature qui prouvait l’existence de Dieu. Voir la perfection de la nature permettait d’imaginer qu’il y avait bien une puissance supérieure derrière, une sorte de Dieu horloger, ordonnateur. La vision du monde est donc la preuve de l’existence de Dieu. Or, l’aveugle ne peut contempler cette nature. La question que se pose Diderot est donc la suivante : Comment peut-on prouver à un aveugle l’existence de Dieu ?

L’écrivain remarque également que les sentiments et les émotions découlent directement du visuel. Prenons un exemple : si nous faisons preuve de compassion à l’égard d’une personne, c’est parce que l’on

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