Lettre 162, lettre inventée dans laquelle Usbek découvre Paris aujourd'hui

LETTRE 162

USBEK AU MEME, A SMYRNE

                Ha ! Les habitants de Paris ! Comme tu aimes tant les appeler Rica. Tu ne les reconnaitrais plus, tu serais grandement stupéfait par leur changement d’attitude. Lors de mon arrivée sur le territoire, dans ce qu’ils appellent un taxi, c’est-à-dire une sorte de carrosse motorisé où une fumée noire, brulant les poumons, sort par l’arrière, je fus complètement dépité et déçu. Toi, Rica, tu disais, je cite : « lorsque j’arrivais, je fus regardé comme si j’avais été envoyé du ciel… », cependant, moi, c’était absolument tout le contraire, ces parisiens, dotés d’une soi-disant curiosité extravagante, ne m’ont pas lâché ne serait-ce qu’un seul regard ni même adressé une fois la parole. Lorsque je suis sortie du taxi, le chauffeur ne m’a même pas laissé le temps de le remercier qu’il était déjà parti à toute allure chercher, sans doute, une autre personne à transporter. Il m’avait déposé dans une grande avenue, j’étais débout sur le trottoir avec mon sac, examinant tout ce qu’il y avait autour de moi. Deux choses me choquèrent, tout d’abord cette manie qu’ont les parisiens d’être aux cent coups tout le temps, ils marchent à toute vitesse avec des sortes de brindilles blanches aux oreilles et ils se parlent à eux même. On dirait un troupeau d’onagres se dirigeant vers un même endroit, qui ressemble à une énorme grotte souterraine. Les Parisiens se précipitent dans cette bouche sans avoir peur, ils vont et viennent de façon décidée, de plus il y a des indications en haut de cette bouche, que je ne comprends pas c’est un mot de 5 lettres : « M.E.T.R.O », peut être arriverez-vous à le déchiffrer. Je me demandais donc ce que ferait Rica dans cette situation. Je me suis rappelé de sa plus grande qualité : « La curiosité » Je décide donc de suivre cette foule, et je me lance les yeux fermés dans ce flux infernal. Pendant un cours instant j’ai cru me retrouver dans mon cher sérail, et de vous retrouver : « Fatmé, Zachi, Zélis, Zéphis et mon adoré Roxane » Quelle désenchantement, quelle déception, quelle désillusion, je me suis retrouvé face à un mur de métal, on aurait dit les barreaux d’une prison, au lieu de me retrouver dans un lieu de luxure je me suis retrouvé dans un lieu décharné, sale et avec des odeurs nauséabondes, même le crottin de chameaux sent meilleur. Plusieurs utilisaient comme un petit parchemin pour que les portes de métal s’ouvrent, et d’autres passaient au-dessus tel des rapaces, Narsit aurait été très fort pour sauter aussi haut. Quelle épreuve ! Mais ce ne fut pas terminé, un gros serpent faisant un bruit stridant métallique est arrivé, et tous ces Parisiens se précipitaient sans peur dans ce serpent, je fus pris par le flot malgré moi et emporté tel un galion dans une tempête. J’étais dans ses entrailles, des bruits, des couleurs, des odeurs et des indications m’assaillaient de tout part, j’étais complétement perdu, mais pour eux, les Parisiens, tout semblait normal. J’ai voulu demander à une personne pour savoir où nous étions, mais je voyais tellement de visages, de couleur de peaux et d’habits différents, que je n’ai pas su à qui m’adresser. Quand, soudain un homme s’adressa à moi en me demandant «  Ah ah Monsieur est persan ? C’est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? »

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