LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les oeuvres du passé.

Dissertation : Les oeuvres du passé.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Novembre 2016  •  Dissertation  •  2 800 Mots (12 Pages)  •  1 160 Vues

Page 1 sur 12

Dissertation de Français

        La lecture d'œuvres constitue une part importante des études secondaires, elle reste aussi une activité de loisir pour beaucoup de collégiens et de lycéens. Dans les livres qu'ils lisent, les jeunes essayent de trouver des réponses aux questions qu'ils se posent concernant bien sûr leurs études mais aussi leur existence et les grands problèmes de société auxquels l'actualité les confrontent.

Pourtant, bien des livres qu'on leur donne à lire ignorent totalement cette actualité, puisque le passé qui les a vu naître est révolu depuis longtemps. Comment des adolescents confrontés immédiatement à des sujets brûlants mais arrêtés par ce décalage temporel, peuvent-ils trouver un intérêt à des œuvres depuis longtemps dépassées, d'auteurs qui n'ont pas connu leur modernité ? Y aurait-il des valeurs éternelles qui feraient les œuvres humaines indépassables ? Lire des œuvres du passé a-t-il encore un sens ?

Nous évoquerons l'éternité des œuvres qui fait aussi leur éternelle actualité ; puis du fait qu'elles portent pourtant bien des marques de l'époque de leurs auteurs à tel point que certaines nous paraissent vieillies, et leur intérêt réduit ; et enfin l'auto-temporalité des œuvres qui survivent au passage du temps.

        La littérature, toujours et partout, donne une représentation intemporelle de ce qu'est la réalité humaine, et un écrivain exprime toujours dans ses œuvres quelque-chose d'éternel ; ainsi, certaines idées demeurent toujours les mêmes. Un lycéen ne saurait illustrer ce propos mieux que par la citation suivante : « Les jeunes de nos jours aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. » Une idée inchangée depuis longtemps, puisque l'auteur de cette phrase est le philosophe grec Aristote, mort en l’an 322 avant Jésus-Christ.

Si l'on recherche uniquement l'utilité de la lecture des œuvres du passé, ce sont sans doute celles datant de la Renaissance, et plus particulièrement du mouvement de l'Humanisme, qui ont le plus d'intérêt dans le monde moderne. En effet, le contexte du XVIe siècle et celui des XXe et XXIe siècles, même s'ils sont très éloignés, présentent des similitudes qui entraînent des ressemblances dans les mentalités de l'humaniste et de l'homme moderne, tous deux partagés entre optimisme et lucidité raisonnée. Par exemple, la Renaissance et le monde moderne sont marqués par un même bouleversement dans la diffusion du savoir : au XVIe siècle, l'imprimerie permet aux textes et aux idées de voyager dans toute l'Europe ; aujourd'hui, radio, télévision, informatique et Internet mondialisent l'information et la culture, et les adaptations d'œuvres littéraires au cinéma mettent à la portée de tous une culture jusqu'alors réservée aux  intellectuels. De plus, au moment des Grandes Découvertes, le monde change brusquement d'échelle, tout comme récemment avec les avancées dans la Conquête spatiale ; et ces deux périodes sont troublées par les conflits, que ce soit la fin de la Guerre de Cent Ans ou bien les deux Guerres Mondiales. Ainsi, notre siècle est sans doute plus proche de l'Humanisme que de la fin du XIXe siècle, de par les philosophies et la conception de l'homme qui ne diffèrent pas fondamentalement. De la même manière, beaucoup d'œuvres rencontrent notre intérêt parce qu'elles ne cessent de nous concerner et de nous parler.

        Au contraire, la lecture d’œuvres du passé peut également être utile afin de reconstituer un univers historique, pour découvrir des cultures aujourd'hui disparues ; ou bien pour connaître des philosophies, décrypter des relations sociales ou nous informer sur la psychologie humaine... Outre le fait de dispenser une culture (nécessaire entre autres pour pouvoir trouver des exemples permettant d'étayer une dissertation...), la fréquentation des classiques, leur étude, permet de se confronter à des problématiques qui régissent la vie humaine : comme Alceste dans Le Misanthrope, ou le héros éponyme dans Dom Juan, par exemple, sont des types humains que l'on peut croiser au cours de sa vie. L'étude de ces deux textes de Molière peut offrir une compréhension subtile des comportements humains universels, comme la séduction, l'ambition ou l'altruisme. C'est en cela que la lecture des œuvres du passé, puisque ses sujets tendent vers l'universel, peut éduquer les esprits.

Parce que nous avons besoins de recul pour pouvoir comprendre et juger les œuvres, la distance qui nous sépare du passé et de ses ouvrages est celle qui nous est nécessaire pour être capable d'appliquer leurs enseignements au présent. Ainsi que l'a dit Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu, « Ce n'est [pas] l'allégresse du moment présent, mais les sages réflexions du passé qui nous aident à préserver le futur. » Sans ces œuvres du passé, nous ne pourrions pas prendre de l'éloignement pour nous comprendre dans nos actes et nos sentiments et éviter de refaire les mêmes erreurs que nos prédécesseurs. Mais comme il est presque impossible de pouvoir analyser objectivement une œuvre dans son temps, ce recul est aussi nécessaire pour l'apprécier. « Un livre n'est jamais un chef-d'œuvre : il le devient », pour citer Edmond et Jules de Goncourt.

        De nombreuses œuvres ont pourtant vieillit, leurs auteurs s'enfermant dans la désuétude et les recettes usées. Celles-ci restent prisonnières de leur époque et cessent de susciter de l'intérêt car elle ne concernent plus le lecteur : elles ont cessé de vivre avec ce qui a provoqué leur création. Par exemple, les œuvres des frères Goncourt, qui ont pourtant donné leur nom à un prix (et volontairement cités plus haut), ne sont aujourd'hui presque plus lues.

En outre, et pour reprendre les mots du peintre russe Wassily Kandinsky, « toute œuvre d'art est l'enfant de son temps » ; c'est-à-dire que quel que soit l'ouvrage, il est toujours rattaché à son époque par un lien, plus ou moins fort, inévitablement en rapport avec une évolution : évolution des langues, des cultures, des techniques. Et au bout d'un certain temps, ces évolutions finissent par rendre l’œuvre hermétique.

   C'est ainsi que de nombreux ouvrages cessent de nous intéresser car ils substituent l'application de règles et de normes à l'invention et l'originalité. Nous pouvons prendre comme exemple les nombreuses tragédies de Voltaire (auteur aujourd'hui connu pour ses romans philosophiques) : il se voulait continuateur de Racine, mais son théâtre a vite été considéré comme désuet, car au lieu d'innover, il ne faisait que reproduire un monde déjà révolu : celui de Racine.

Par ailleurs, cet évanouissement progressif d'une grande partie des ouvrages n'est pas l’apanage des œuvres du passé : il suffit de considérer le cas de nos nombreuses œuvres modernes, dont la plupart tombent dans l'oubli après quelques années passées sur les rayonnages des librairies.

...

Télécharger au format  txt (17.2 Kb)   pdf (114.3 Kb)   docx (573 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com