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Les héroïnes et héros du Rouge et le Noir, par leur sensibilité et leur personnalité, orientent-ils le roman vers un éloge de la passion ?

Dissertation : Les héroïnes et héros du Rouge et le Noir, par leur sensibilité et leur personnalité, orientent-ils le roman vers un éloge de la passion ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Mai 2020  •  Dissertation  •  1 680 Mots (7 Pages)  •  616 Vues

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Dissertation de Français

Sujet : Les héroïnes et héros du Rouge et le Noir, par leur sensibilité et leur personnalité, orientent-ils le roman vers un éloge de la passion ?

   Dans Le Rouge et le Noir, un de ses romans les plus célèbres, et considéré par certains comme son chef-d’œuvre, Stendhal écrit que « La passion peut se comparer à la loterie : duperie certaine et bonheur cherché par les fous ! ». Cette phrase peut surprendre de la part de Stendhal, parfois présenté comme l’écrivain ayant le mieux décrit la passion, et qui semble en faire l’éloge dans tous ses romans.

La dualité de la passion est fortement mise en valeur dans Le Rouge et le Noir, où les trois personnages centraux du roman sont passionnés, ce qui les rend exceptionnels. Néanmoins, on trouve dans ce roman de nombreux exemples de conduites irrationnelles, voire dangereuses, que la passion les pousse à adopter. Se pourrait-il que Stendhal cherche à transmettre une vision plus nuancée qu’il n’y paraît de la passion, à travers les personnages principaux de son roman ? Les héroïnes et héros du Rouge et le Noir, par leur sensibilité et leur personnalité, orientent-ils le roman vers un éloge de la passion ?

Nous examinerons dans une première partie le personnage de Mme de Rênal, puis dans une deuxième partie le personnage de Mathilde de la Mole, et enfin dans une troisième partie le personnage de Julien.

Mme de Rênal est le grand amour de Julien, qu’il rencontre à Verrières alors qu’il est précepteur de ses enfants. Cette femme rêveuse, très introvertie et menant une vie banale aux côtés d’un notable de Verrières, est transfigurée par sa passion pour Julien, qui fait de la paisible mère de famille une héroïne romanesque. On pourrait donc penser qu’à travers elle, Stendhal fait un éloge de la passion : Mme de Rênal vivait sans vivre vraiment, elle n’avait jamais aimé quiconque (les deux seuls hommes dans sa vie étant Valenod et Mr. De Rênal, lesquels lui inspirent au mieux de l’ennui, au pire du dégoût), et le lecteur aurait des raisons de la plaindre. Le moment où elle prend conscience de la puissance de ses sentiments pour Julien est pour elle un pivot, et sa vie devient alors beaucoup plus enviable et romanesque. Sa passion pour Julien lui fait découvrir un bonheur tel qu’elle ne l’aurait jamais imaginé, bonheur d’autant plus intense qu’elle n’avait jamais rien connu de tel auparavant. Ainsi, la passion est ici positive car elle transforme Mme de Rênal en figure romanesque et lui fait découvrir le bonheur. De plus, Stendhal montre clairement sa préférence pour Mme de Rênal et sa sensibilité quand il la compare à son mari ou à Valenod, qui sont grossiers et incapables de ressentir une quelconque passion.

Néanmoins, la passion n’a pas que des effets bénéfiques sur Mme de Rênal. Son amour pour Julien lui fait certes connaître un bonheur extrême, mais il la jette parfois dans le plus profond désespoir. Lorsque Stendhal décrit les accès de terreur de Mme de Rênal quand elle imagine que Dieu la punira de son adultère à travers ses enfants, il est difficile d’ignorer les effets pervers de la passion : cette femme menait une vie paisible, quoi qu’un peu morne, avant que la passion ne la fasse basculer dans l’errance et le doute. Il écrit à son sujet que « Tantôt elle craignait de n'être pas aimée, tantôt l'affreuse idée du crime la torturait comme si le lendemain elle eût dû être exposée au pilori sur la place publique de Verrières, avec un écriteau expliquant son adultère à la populace. ». Ainsi, Mme de Rênal souffre de sa passion, car celle-ci lui donne toujours de nouveaux motifs d’inquiétude. Elle a parfois peur du regard des autres, parfois de la vengeance divine, parfois de l’abandon. C’est d’ailleurs sa passion qui la tuera, à la fin du roman : ne pouvant pas vivre sans Julien, elle meurt trois jours après lui, « en embrassant ses enfants ».

Ainsi, nous avons vu ici que si la passion a illuminé la vie de Mme De Rênal, elle a également fait disparaître sa sérénité, et a causé sa perte, ce qui montre donc un éloge en demi-teinte de la passion. Mais il est également intéressant d’observer ce que Stendhal dit de la passion à travers le personnage de Mathilde de la Mole, seconde aventure de Julien.

    Mathilde de la Mole est un personnage très passionné, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle attire l’attention de Julien. Le lecteur est immédiatement fasciné par son intelligence, sa détermination farouche, son sens de l’honneur et son courage exceptionnel. Au milieu des jeunes gens ternes et mous de son époque, Mathilde apparaît comme une exception, tout comme Julien : ces deux êtres passionnés se comprennent, alors que les autres les considèrent avec une sorte de crainte. Mathilde peut alors être considérée comme un éloge de la passion, surtout lorsqu’elle est comparée aux autres jeunes aristocrates comme Caylus ou Croisenois. Le ton du roman est sarcastique et semble déplorer la mollesse d’esprit de l’époque : ces jeunes gens sont beaux, bien élevés, mais ils sont ennuyés par tout, et incapables d’éprouver une passion pour quoi que ce soit. Ils ne sont donc pas sublimes. Sans passion, les personnages sont ternes et peu intéressants, semble dire le roman.

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