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Les Mésirables

Dissertation : Les Mésirables. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2014  •  262 Mots (2 Pages)  •  478 Vues

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Javert pencha la tête et regarda. Tout était noir. On ne distinguait rien. On entendait un bruit d’écume ; mais on ne voyait pas la rivière. Par instants, dans cette profondeur vertigineuse, une lueur apparaissait et serpentait vaguement, l’eau ayant cette puissance, dans la nuit la plus complète, de prendre la lumière on ne sait où et de la changer en couleuvre. La lueur s’évanouissait, et tout redevenait indistinct. L’immensité semblait ouverte là. Ce qu’on avait au-dessous de soi, ce n’était pas de l’eau, c’était du gouffre. Le mur du quai, abrupt, confus, mêlé à la vapeur, tout de suite dérobé, faisait l’effet d’un escarpement de l’infini.

On ne voyait rien, mais on sentait la froideur hostile de l’eau et l’odeur fade des pierres mouillées. Un souffle farouche montait de cet abîme. Le grossissement du fleuve plutôt deviné qu’aperçu, le tragique chuchotement du flot, l’énormité lugubre des arches du pont, la chute imaginable dans ce vide sombre, toute cette ombre était pleine d’horreur.

Javert demeura quelques minutes immobile, regardant cette ouverture de ténèbres ; il considérait l’invisible avec une fixité qui ressemblait à de l’attention. L’eau bruissait. Tout à coup, il ôta son chapeau et le posa sur le rebord du quai. Un moment après, une figure haute et noire, que de loin quelque passant at-tardé eût pu prendre pour un fantôme, apparut debout sur le pa-rapet, se courba vers la Seine, puis se redressa, et tomba droite dans les ténèbres ; il y eut un clapotement sourd, et l’ombre seule fut dans le secret des convulsions de cette forme obscure disparue sous l’eau.

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