Les Feluettes

Dans sa pièce de théâtre Les Feluettes ou La répétition d’un drame romantique (1988), Michel Marc Bouchard brosse, sur fond d’un tableau historique d’une époque d’instabilité politique, la fin de la IIIe République en France (1870-1914), nombre de sentiments déterminant le comportement de l’être humain : la jalousie, la vengeance, la nostalgie, l’amour, etc. Parmi ces sentiments le dernier y occupe une place importante, ce que l’on peut constater depuis le titre par le terme «romantique». Mais, contrairement à ce qui est communément admis, l’amour chez ce dramaturge, dans cette œuvre, tourne et finit souvent mal. Il y est même dévastateur. Cet effet de la passion amoureuse est clairement observable dans Les Feluettes… à travers deux aspects : la dégradation de la personne et le sabotage de liens sociaux entre les humains.

Premièrement, cet effet dégradant de l’amour dans cette œuvre touche l’image sociale d’une personne. Ainsi, l’amour de Vallier, ce jeune comte d’origine française, pour Smon est très mal vu par la société d’alors. Il est vu comme une «maladie» comme on peut le comprendre de ce que dit Bilodeau dans cette réplique : «Ta maladie Simon, c’est que tu fais à faire affaires avec Vallier comme si y était une fille ? Pis le plus grave, c’est que lui, y est tellement malade qu’y appelle ça amour» (p. 34). Par cette hyperbole créée par l’emploi du terme «maladie», Bilodeau résume à la fois le regard fort négatif porté par la société à l’endroit de cette catégorie de gens et la dégradation de l’image des deux personnes qui s’aiment sincèrement. Conséquence : Vallier se vengera à sa façon de Bilodeau. D’autre part, cette dégradation peut toucher l’état physique et psychologique de la personne concernée. Ainsi, la comtesse Marie-Laure de Tilly qui, à cause du départ de son mari en France, il y a 5 ans, «ne mange pas à sa faim» et «résiste l’envie de fondre en larmes» (p. 53) ; elle est même jugée par ses connaissances comme étant devenue «folle» (p. 53, répl. 4). Il s’agit donc d’un effet dévastateur évident de l’amour.

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