LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le stade du miroir

Commentaire de texte : Le stade du miroir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  2 949 Mots (12 Pages)  •  869 Vues

Page 1 sur 12

Le miroir et son symbolisme dans la littérature

Dr. Raser

Par Morgane M. Bunz

La théorie du stade du miroir est une théorie qui fut introduite par Henri Wallon en 1931. Henri Wallon était un psychologue, homme politique et médecin français. C’est lui le premier à avoir décrit le stade du miroir, contrairement à l’idée commune que Lacan en serait à l’origine. En effet, il a développé ce sujet dans son livre « Les origines du caractère chez l’enfant » paru en 1934 alors que Lacan n’a commencé à le mentionner qu’en 1937 en le faisant entrer dans la théorie analytique. Cet ouvrage de Wallon se compose de trois études parallèles portant chacune « sur un des trois grands aspects que prennent la réalisation psychique de l’enfant durant ses trois premières années » (Nuttin, 1950). La première partie porte sur le comportement émotionnel qui considère les émotions comme provenant de réactions élémentaires. La deuxième partie porte sur la conscience et l’individualisation du corps propre et enfin, la troisième partie porte sur l’analyse de la conscience de soi. Selon Wallon, l’image de l’enfant reflété et sa propre vision de son image évoluent au cours de son développement et se caractérisent par sept stades bien distincts qui sont : le stade impulsif, le stade émotionnel, le stade sensori-moteur, le stade projectif, le stade du personnalisme, le stade catégoriel et le stade de l’adolescence. Cette théorie du stade du miroir se situe elle lors du stade émotionnel, qui correspond au stade numéro 2 dans l’échelle établie par Wallon. Pendant ce stade, il y a une émergence d’un sentiment de reconnaissance de soi au travers du regard des autres. Ce stade couvre le développement de l’enfant de ses 6 mois à ses 1 an. Chez Wallon, le développement de l’enfant est une succession alternative de stade tantôt centripètes, ou l’enfant se concentre sur lui-même, sur la construction de sa personnalité, et tantôt centrifuges, ou l’enfant se concentre sur son environnement extérieur.

Pour Lacan, qui était un psychiatre et psychanalyste français qui a repris et interprété l’ensemble des concepts freudiens, le stade du miroir est similaire à une identification au sens premier, à savoir la transformation qui se produit chez le sujet quand il assume une image. Pour lui, c’est ce stade spécifique qui est le formateur de la fonction « je ». Cependant, contrairement à Wallon, ce stade s’étend des 6 à 18 mois du développement de l’enfant. Autre fait important, la mise en place de ce « je » n’est rendue possible que s’il y a présence d’autrui. En effet, utiliser le pronom « je » indique qu’il y a une certaine opposition, ce qui veut dire que le sujet a besoin de quelqu’un d’autre pour se constituer et s’exprimer.  

Pour Lacan, ce stade du miroir intervient lorsque l’enfant est encore plongé dans une immaturité profonde. Ce stade est avant tout une réflexion de corps propre (l’unité de sa propre personne) et de représentation, qui est la capacité à organiser les images ainsi qu’à se situer dans l’ordre de ces images. D’après sa perspective Lacanienne, le stade du miroir est fondé sur la perception freudienne du narcissisme primaire. Le narcissisme primaire correspond à « un état précoce de l’organisation des pulsions de l’enfant qui investit la totalité de sa libido, de son énergie sur lui-même. » (Freud, 1977) L’enfant se prend lui-même comme objet d’amour. Il s’agit de l’étape ou l’érotisme et autoérotisme se développe chez l’humain.

En d’autres mots, la libido de l’enfant se développe et n’est portée que sur lui-même, il devient narcissique. Plus il va grandir, et plus il va lui être possible de se différencier d’autres objets tels que sa mère, son père… Pour Lacan, le regard est un concept fondamental dans sa réflexion sur le rôle de l’autre. C’est en effet ce qui permet cette identification et qui permet d’évoluer. Souvenons-nous de ce schéma ou un vase vide est posé sur une table.[pic 1]

Sur ce schéma, un vase vide est posé sur une table et un bouquet de fleur est à l’envers, sous la table. Avec l’aide d’un miroir courbé et avec le regard à bonne distance, le bouquet va apparaitre dans le miroir comme étant dans le vase. Ainsi, ce que nous voyons n’est pas le bouquet lui-même mais son image reflétée. C’est donc ce qui se passe avec le miroir lui-même. Ce que nous voyons n’est qu’une image de la réalité, pas le réel lui-même.

Après avoir défini le terme de miroir et expliqué ce à quoi le stade correspond, il est important de s’intéresser à la présence de ce stade dans la littérature et d’en comprendre son symbolisme.

Nous retrouvons ce stade et ses effets dans de nombreux récits littéraires et nous allons nous intéresser a certains d’entre eux. Le miroir au sens propre fait partie intégrante de notre vie mais celui au sens figuré ne cesse de fasciner les plus grands. Le miroir est en effet assez récurrent dans la littérature et pas seulement du XIXe ou XXe siècle. On le trouvait déjà au XIIIe siècle, ou ce terme était utilisé pour parler de sens spirituel ou moral. Le miroir est un genre littéraire qui désigne des ouvrages destinés à conseiller les lecteurs sur des questions morales. Goldin, en discussion sur le miroir et sa représentation, nous disait en 1967 qu’il était possible de classer le miroir en 3 catégories distinctes. Tout d’abord, si nous nous focalisons sur l’image reflétée et pas l’objet lui-même, nous pouvons nous voir tel que nous sommes et non pas ce que nous devrions être. Ensuite, si on se concentre uniquement sur l’objet physique, le réel, le miroir devient celui de Narcisse, autrement dit un piège. De fait, une femme qui se regarde dans le miroir peut être considéré comme un acte vaniteux, tout comme en discutait Freud.

Enfin, le miroir sacré peut être perçu comme un équilibre entre abstrait et concret, reflétant un idéal en lui donnant une forme matérielle.  Nous retrouvons le miroir et son symbolisme dans le Roman de Silence, d’Heldris de Cornouailles. Tout d’abord, rappelons l’histoire pour se localiser. Nous sommes au treizième siècle, à la cour du roi Eban, roi d’Angleterre, qui a décidé que les femmes n’ont plus le droit d’hériter dans la ligne de succession. Après cette annonce, Cador, compte de Cornouaille sur le point de devenir père, décide de cacher que son nouveau-né est en fait une fille. De fait, l’enfant, nommé Silentius, est élevé comme un garçon. En faisant ceci, les parents déjouent nature, servante de Dieu, qui imprime les formes créées dans la matière et créer les humains à son image. D’après ses parents, Silence est le Miroir du Monde ;

...

Télécharger au format  txt (17.8 Kb)   pdf (181 Kb)   docx (259.1 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com