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Le pouvoir du corbeau, Acte IV, scène 3. 1637

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Par   •  21 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 620 Mots (15 Pages)  •  750 Vues

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Le Cid de Corneille, acte IV, scène 3. 1637.

DON RODRIGUE :

1 […] Sous moi donc cette troupe s'avance,

Et porte sur le front une mâle assurance.

Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort

Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,

5 Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,

Les plus épouvantés reprenaient de courage !

J'en cache les deux tiers, aussitôt qu'arrivés,

Dans le fond des vaisseaux qui lors furent trouvés;

Le reste, dont le nombre augmentait à toute heure,

10 Brûlant d'impatience, autour de moi demeure,

Se couche contre terre, et sans faire aucun bruit

Passe une bonne part d'une si belle nuit.

Par mon commandement la garde en fait de même,

Et se tenant cachée, aide à mon stratagème;

15 Et je feins hardiment d'avoir reçu de vous

L'ordre qu'on me voit suivre et que je donne à tous.

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles

Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles;

L'onde s'enfle dessous, et d'un commun effort

20 Les Maures et la mer montent jusques au port.

On les laisse passer ; tout leur paraît tranquille;

Point de soldats au port, point aux murs de la ville.

Notre profond silence abusant leurs esprits,

Ils n'osent plus douter de nous avoir surpris;

25 Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,

Et courent se livrer aux mains qui les attendent.

Nous nous levons alors, et tous en même temps

Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.

Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent;

30 Ils paraissent armés, les Maures se confondent,

L'épouvante les prend à demi descendus;

Avant que de combattre ils s'estiment perdus.

Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre;

Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre,

35 Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,

Avant qu'aucun résiste ou reprenne son rang.

Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient,

Leur courage renaît, et leurs terreurs s'oublient

La honte de mourir sans avoir combattu

40 Arrête leur désordre, et leur rend leur vertu.

Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges;

De notre sang au leur font d'horribles mélanges.

Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,

Sont des champs de carnage où triomphe la mort.

45 Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres

Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres,

Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il donnait,

Ne pouvait discerner où le sort inclinait !

J'allais de tous côtés encourager les nôtres,

50 Faire avancer les uns et soutenir les autres,

Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour,

Et ne l'ai pu savoir jusques au point du jour.

Mais enfin sa clarté montre notre avantage;

Le Maure voit sa perte, et perd soudain courage

55 Et voyant un renfort qui nous vient secourir,

L'ardeur de vaincre cède à la peur de mourir.

Ils gagnent leurs vaisseaux, ils en coupent les câbles,

Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables,

Font retraite en tumulte, et sans considérer

60 Si leurs rois avec eux peuvent se retirer.

Pour souffrir ce devoir leur frayeur est trop forte;

Le flux les apporta, le reflux les remporte;

Cependant que leurs rois, engagés parmi nous,

Et quelque peu des leurs, tous percés de nos coups,

65 Disputent vaillamment et vendent bien leur vie.

À se rendre moi-même en vain je les convie :

Le cimeterre au poing ils ne m'écoutent pas;

Mais voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats,

Et que seuls désormais en vain ils se défendent,

70 Ils demandent le chef; je me nomme, ils se rendent.

Je vous les envoyai tous deux en même temps;

Et le combat cessa faute de combattants.

COMMENTAIRE DE L'EXTRAIT DU CID DE CORNEILLE par C. Hoarau

Grand dramaturge du XVIIème siècle, Pierre Corneille a connu un succès de scandale en 1637 avec sa tragi-comédie Le Cid. La situation de Rodrigue, tiraillé entre son amour pour Chimène et le devoir de venger son père, a donné naissance à l'expression « dilemme cornélien » qui prouve la renommée de son auteur

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