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Le personnage d'Homais dans Madame Bovary - G. Flaubert

Fiche : Le personnage d'Homais dans Madame Bovary - G. Flaubert. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mai 2016  •  Fiche  •  2 540 Mots (11 Pages)  •  1 681 Vues

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-Le personnage d'Homais-

Madame Bovary

  1. A) Le plan détaillé

        Durant tout le processus d'écriture de son roman, Flaubert apportera de nombreuses modifications sur les scènes clés du roman, sur les personnages et même les plus petits détails. Chaque modification, chaque ajout ou suppression est très significatif. Le personnage d'Homais n'était pas présent dans le premier scénario de Madame Bovary. Il a été ajouté dans le second scénario. Apothicaire d'Yonville-L'Abbaye, il apparaît dans la deuxième partie du roman lors de l'arrivé de Charles et d'Emma Bovary. On le considère souvent comme un personnage secondaire sans grande importance. Néanmoins, le fait que Flaubert décide de le rajouter dans le deuxième scénario n'est pas un hasard. Ce choix est très significatif, c'est le fruit d'une longue réflexion. Homais prendra d'ailleurs beaucoup d'importance au fur et à mesure du roman, à un tel point que la dernière phrase du roman lui soit consacrée. Ainsi, quel est l’intérêt d'avoir développé ce personnage ? Quel en est l'impact sur le roman ?

  1. I) Homais, un personnage qui concentre l'ironie flaubérienne

a) un personnage grotesque et ridicule

→ Le grotesque d'Homais apparaît d'abord par son côté loquasse : Il parle beaucoup. Il fait de longue tirade et change souvent de conversation. Il souhaite de cette manière là se mettre en avant, valoriser ses “savoirs” mais c'est au contraire pour Flaubert occasion d'illustrer le ridicule du personnage. Dans la deuxième partie, chap. 2 (p 160) par exemple, alors que Charles se plaint d'être “sans cesse obligé d'être à cheval”, Homais, lui change de conversation pour montrer ses connaissances sur les pathologies à Yonville : “Du reste, disait l'apothicaire, l'exercice de la médecine n'est pas fort pénible en nos contrées ; car l'état de nos routes permet l'usage du cabriolet, et, généralement, l'on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés. Nous avons, sous le rapport médical, à part les cas ordinaires d'entérite, bronchite, affections bilieuses, etc, de temps à autres quelques fièvres intermittentes à la moisson”. Il s'exprime comme un médecin chevronné alors qu'il n'est qu'en réalité un simple apothicaire de campagne.

→ Homais veut être vu comme un homme de science respectable. Flaubert se moque des ambitions et de l'image qu'Homais veut se donner. De plus la science à laquelle il prétend aspiré peut sembler savante avec le vocabulaire utilisé, mais il n'est est rien : “"Il composa une Statistique générale du canton d'Yonville, suivie d'observations climatologiques, et la statistique le poussa vers la philosophie. Il se préoccupa des grandes questions : problème social, moralisation des classes pauvres, pisciculture, caoutchouc, chemin de fer, etc." (III, chap.11 p 495). Flaubert utilise ici une accumulation pour montrer le grotesque du personnage qui s'interesse en même temps aux pauvres et aux poisons. De plus les savoirs accumulés semblent quelques peu ridicules (caoutchouc, chemins de fer..)

b) Le comportement d'Homais aux autres permet d'appuyer l'ironie flaubérienne

Le comportement qu'Homais adopte en société discrédite souvent l'image qu'il essaie de se donner.

→ Homais entretient des relations totalement intéressées avec Charles et espère en tirer des avantages : la clientèle, la reconnaissance mais aussi il espère acheter le silence et la confiance de Charles car il exècre illégalement la médecine.

Homais utilise Charles pour la compagnie, il va en effet manger chez lui régulièrement et aussi pour le succès quand il le convainc d'opérer Hippolyte de son pied-bot. Une fois Hippolyte opéré il va même jusqu'à écrire un article dans le Fanal de Rouen pour annoncer que l'opération s'est bien passé.

Mais Homais se détourne de Charles quand il devient beaucoup moins glorieux : lorsque l'opération du pied-bot se révèle être une catastrophe ou lorsque Charles est ruiné, veuf et déshonoré à la fin du roman.

La relation Charles/Homais est donc l'occasion pour Flaubert d’exercer son ironie qui lui est chère : il se moque de l'image qu'Homais veut se donner, dénonce sa personnalité infecte et se moque de Charles, un personnage niais, qui n'est pas capable de s'affirmer.

→ La relation qu'entretient Homais avec Bournicien prend souvent une dimension comique. Homais est anticlérical et c'est pour cette raison qu'il rejette Bournicien. Chaque rencontre entre les deux hommes est sujette à une dispute.

Lorsque Bournisien vient pour l'extrême-onction d'Emma, Homais ne peut s'empêcher de provoquer le curé : "Homais, comme il le devait à ses principes, compara les prêtres à des corbeaux qu'attire l'odeur des morts ; la vie d'un ecclésiastique lui était personnellement désagréable, car la soutane le faisait rêver au linceul, et il exécrait l'une un peu par épouvante de l'autre" (III, 8, p 469).

En veillant sur le cadavre d'Emma ils auront aussi une dispute totalement ridicule pour au final manger et rire devant le cadavre d'Emma : “ils mangèrent et trinquèrent, tout en ricanant un peu, sans savoir pourquoi, excités par cette gaieté vague qui vous prend après des séances de tristesse ; et, au dernier petit verre, le prêtre dit au pharmacien, tout en lui frappant sur l'épaule : - Nous finirons bien par nous entendre !" (III, 9, p 482).

Les deux hommes sont l'objet de l'ironie flaubertienne. De plus, lorsqu'Homais se détourne de Charles de qui il était jusque là “très proche”, il se rapproche de Bournisien. Ses sois-disant “conviction politique anticléricale” sont quelque peu démenties et le personnage discrédité.

  1. II) La critique de la bourgeoisie du XIXé siècle et des ses manières par l'entremise d'Homais

Les caractéristiques du personnage d'Homais sont l'occasion rêvés pour Flaubert d'exprimer sa voix ironique. Mais c'est aussi un personnage type qui contribue à dresser le tableau de la société normande rurale du XIX et plus particulièrement de la bourgeoisie et de sa bêtise qu'Homais incarne à la perfection.

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