Le fossé générationnel face à l’indicible, la Shoah ?
Dissertation : Le fossé générationnel face à l’indicible, la Shoah ?. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar mendy ydem • 7 Décembre 2020 • Dissertation • 1 483 Mots (6 Pages) • 313 Vues
« Nous avons refoulé tout ce que nous avions en nous, et sur ce refoulement, nous avons
bâti une nouvelle personnalité. Nous nous sommes coupés de notre mémoire intérieure,
de nos souvenirs les plus intimes pour bâtir un autre monde. » Tel est le tableau que
brosse d’Aharon Appelfeld de l’état d’esprit prévalent dans le nouvel Etat d’Israël. Une
ambiance que Savyon Liebrecht décrit dans sa nouvelle, “Les fiançailles de Hayouta”,
publiée en 1986, sous le titre de “Hag haïroussin shel Hayouta”, dans le recueil”
Tapouhim min haMidbar”, paru à Tel Aviv aux éditions Sifriat Hapoalim.
Le fossé générationnel face à l’indicible, la Shoah ?
L’Etat d’Israël en est à ses balbutiements et les rescapés de la Shoah dérangent les
nouvelles générations de sabras.
Il convient enpremier lieu de décrire en quoi le personnage du rescapé de la Shoah est un
personnage dérangeant, en second lieu nous analyserons la résurgence du passé,
Savyon Liebrecht, née le 13 Janvier 1948 à Munich en Allemagne, elle est écrivain
israélienne, ainée de trois enfants, fille de parents polonais ayant survécu à l’Holocauste.
En 1950, elle émigre en Israël, puis entreprend des études de journalisme à Londres
pendant un an et obtient finalement son baccalauréat à l’université de Tel Aviv. Etant
elle-même fille de deux rescapés, elle ne peut que mieux dénoncer ce silence exprimé
par les survivants qui souhaitent oublier leur passé et souvenirs de l’expérience
concentrationnaire. D’ailleurs, comme elle le dit elle-même, Liebrecht entretient avec la
Shoah « un lien intime et profond », héritage certain du vécu de ses parents.
C’est ainsi que cet écrivain, excellant dans l’art de la nouvelle, publie en 1986 “Les
fiançailles de Hayouta”, nouvelle de huit pages.
Dans son œuvre, elle dénonce l’attitude horrifiée des jeunes israéliens face au récit des
survivants.
Hayouta, jeune israelienne, prépare son mariage avec Ran, un jeune israélien, chez sa
mère Bella, dans les moindres détails.
Tout doit être et paraitre parfait. Pourtant une inquiétude commune les taraude : depuis
six ans, le grand père de Hayouta, Mendel se met à agir bizarrement en présence de
monde ou d’une grande quantité de nourriture. Il lève son verre, et se
met à raconter ses souvenirs douloureux sur la Shoah. Ceux-ci parlent souvent de morts,
de sang et autres sujets laissant son auditoire dans une atmosphère assez perplexe,
troublée voir parfois en colère. Le personnage principal redoute donc une
nouvelle prise de parole du grand-père à son propre mariage. Elle pense même à ne pas
l’inviter mais finit par conclure un pacte avec lui. Il ne devra pas dire davantage que « A
la vôtre ! » et « Meilleurs vœux ». Cependant, face à l’abondance des victuailles, le
grand père ne peut se retenir et se prépare à faire un discours. De loin, Hayouta le fait
taire, et devant son impossibilité de
parler, celui-ci fait un malaise.
Le perseonnage du rescapé de la Shoah est un personnage dérangeant.
Ainsi, pour bon nombre des personnages de cette histoire, le grand père incarne un
personnage déraciné, dérangeant son entourage et la bonne société israélienne. En effet,
il est évident que la famille de Hayouta
cherche à acquérir un certain statut, à être bien intégréé dans la société naissante. Pour
accentuer ce fait, l’auteur emploie beaucoup d’énumérations, relatifs aux préparatifs qui
prennent une très grande place dans le début du récit. Les phrases sont très longues,
regorgeant de détails. Les personnages misent beaucoup sur l’aspect de leur maison qui
reflète leur atmosphère familiale mais contient trop de leur passé, d’où leur désir de
changer et refaire les rideaux, tapisseries etc... Ils se préoccupent aussi leur apparence
physique : la réflexion de Bella sur sa robe, la couleur, la hauteur de la ceinture, la robe
de la belle mere est également démesurée et parait de superficielle comparé au sujet
tellement profond que représente la Shoah.
Si tout doit avoir un aspect neuf, c’est parce que cette nouvelle génération ou deuxième
génération souhaite oublier la Shoah qui les hante et resurgit à chaque repas, à chaque
fête.
En se plongeant dans des sujets aussi superficiels, ils souhaitent éviter d’affronter la
parole du grand-père qu’ils redoutent au plus haut point. On relève plusieurs fois des
répétitions et champ lexicaux de « se taire », notamment à travers le personnage de
Shiffra la bru, qui à côté du grand père pourra l’empêcher de parler. Ce sujet la dégoûte,
lui coupe l’appétit et elle ne peut supporter les situations où Mendel exprime son passé.
La
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