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Le Voyage

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Par   •  11 Avril 2015  •  Cours  •  1 430 Mots (6 Pages)  •  548 Vues

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Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,

L’univers est égal à son vaste appétit.

Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !

Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,

Le cœur gros de rancune et de désirs amers,

Et nous allons, suivant le rythme de la lame,

Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;

D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,

Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,

La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent

D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;

La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,

Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent

Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,

De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,

Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,

Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,

De vastes voluptés, changeantes, inconnues,

Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !

II

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule

Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils

La Curiosité nous tourmente et nous roule,

Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace,

Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où !

Où l’Homme, dont jamais l’espérance n’est lasse,

Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;

Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! »

Une voix de la hune, ardente et folle, crie :

« Amour... gloire... bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !

Chaque îlot signalé par l’homme de vigie

Est un Eldorado promis par le Destin ;

L’Imagination qui dresse son orgie

Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.

Ô le pauvre amoureux des pays chimériques !

Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,

Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques

Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,

Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ;

Son œil ensorcelé découvre une Capoue

Partout où la chandelle illumine un taudis.

III

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires

Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !

Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,

Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !

Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,

Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,

Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?

IV

« Nous avons vu des astres

Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;

Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres,

Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,

La gloire des cités dans le soleil couchant,

Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète

De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus beaux paysages,

Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux

De ceux que le hasard fait avec les nuages.

Et toujours le désir nous rendait soucieux !

— La jouissance ajoute

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