Le Loup Et L'agneau
Recherche de Documents : Le Loup Et L'agneau. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar djimboa • 11 Janvier 2012 • 1 167 Mots (5 Pages) • 1 165 Vues
I. Des personnages vivants
Dans sa dédicace « À Monseigneur le Dauphin » du premier recueil de ses
Fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables et surtout les
siennes : « Tout parle en mon ouvrage […] Je me sers d’Animaux pour instruire
les hommes. » La réussite des fables de La Fontaine tient à ce que
ses animaux sont humanisés, mais cette métamorphose s’inscrit toujours
dans la logique de leur nature, de leur physique, de leur comportement
animal, ce qui rend encore plus convaincant le passage du récit à la leçon
morale qu’on peut en tirer.
1. Des animaux ?
• Le cadre naturel
Dans la fable, les deux animaux sont d’abord présentés dans leur milieu
naturel (« dans le courant d’une onde pure »), plus suggéré que décrit par
des détails pittoresques : La Fontaine utilise des termes d’une grande simplicité
et aux sonorités pleines de douceur, de fluidité. Le décor est réduit
au minimum : à la fin de la fable, il est seulement fait mention du « bois » où
le Loup entraîne l’Agneau pour le tuer et qui pourrait figurer la coulisse où,
loin du regard des spectateurs et par souci des bienséances, s’accomplissent
les actions sanglantes dans les tragédies classiques.
• La réalité animale
Seule la majuscule à leur nom les caractérise et les distingue, leur donne un
statut particulier dans leur espèce. La réalité animale de chacun des deux
protagonistes est rappelée par des traits peu nombreux mais qui vont à
l’essentiel : ici non plus, pas de description, mais le Loup est une bête
« cruelle », poussée par « la faim », l’Agneau « tète » sa mère et vit au milieu
des « chiens » et des « bergers ».
2. Des hommes ?
Ce sont ces quelques caractéristiques animales qui servent à La Fontaine
d’armature en quelque sorte pour développer, par les propos que tient
chacun, un caractère propre correspondant à leur apparence et à leur
comportement.
• Le caractère du Loup
Ce sont leurs paroles qui peignent chacun en profondeur et nous y adhérons
d’autant mieux qu’elles correspondent parfaitement à ce que leur
aspect et leur comportement animal laissaient attendre. Le Loup se
comporte en prédateur, soumis à ses instincts, à sa « faim », à ses pulsions
agressives et cruelles : son discours est plein de menaces (« Tu seras
châtié »), d’affirmations sans fondement.
dans le « passé » (v. 19). C’est donc un délit d’opinion qui est reproché à
l’Agneau.
Le Loup se comporte comme le ferait l’agent d’une police politique dans un
régime dictatorial qui prétend interdire à la population souffrant de ses
exactions de se plaindre des sévices dont elle est victime : souffre et taistoi,
et même, si besoin est, bénis ton tyran…
• Une conspiration anti-loup
Les dénégations de l’Agneau ne décontenancent pas le Loup. Il n’abandonne
pas le chef d’accusation mais en modifie les circonstances : l’Agneau
devient ici avec ses semblables l’instigateur d’une conspiration anti-loup (la
conspiration est l’obsession de tous les pouvoirs tyranniques) dans un drôle
de monde à l’envers réinventé par le Loup, où les agneaux et les moutons
régneraient sur un peuple de « bergers » et de « chiens » – c’est ce que
sous-entend la reprise du possessif « vos » du vers 25… Mais il ne révèle
pas ses sources ou ne donne pas ses « indics » : il se contente d’une
formule indéfinie (« on me l’a dit »).
Les hypothèses et les rectifications successives que le Loup s’obstine à
apporter (« ton frère », « quelqu’un des tiens », ou un membre du prétendu
pacte anti-loup : « vous, vos bergers et vos chiens ») ne sont pas le signe
que le Loup est aux abois – loin de là. La résistance inouïe de l’Agneau
l’exaspère et ne fait que renforcer son désir d’en finir avec lui. On remarque
que c’est
...