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"Le Jeu de l'Amour et du hasard", Acte I, Scène I, Marivaux, 1730.

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Par   •  11 Juin 2013  •  1 610 Mots (7 Pages)  •  6 445 Vues

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"Le Jeu de l'Amour et du hasard", Acte I, scène I, Marivaux, 1730

Introduction :

Marivaux est un écrivain français du XVIIIème siècle, siècle des Lumières qui voit l'émergence de revendications de la liberté ainsi que de l'égalité des hommes entre eux. Celles-ci poussent Marivaux à traiter des thèmes tels que la liberté d'aimer ou la redéfinition des relations maîtres/valets. Il écrit pour les comédiens italiens dont il apprécie le jeu plein de fantaisie, explore et renouvelle le genre de la comédie sentimentale en donnant naissance à 4 pièces devenues de grands classiques : La Surprise de l'amour, La Double Inconstance, mais surtout Les Fausses Confidences et Le Jeu de l'amour et du hasard.

La scène étudiée est la première scène, du premier acte, du Jeu de l'amour et du hasard. Elle joue le rôle de scène d'exposition et nous plonge immédiatement, avec un début "in medias res" dans une discussion entre Silvia, la jeune femme de la maison dans laquelle se déroule la pièce, et sa servante Lisette. Cette dernière a assuré abusivement le père de sa maîtresse, Orgon, de la joie éprouvée par sa fille, à l'annonce de son prochain mariage.

Quelques répliques nous restituent ces faits antérieurs et nous présentent Silvia, jeune fille très inquiète et indignée devant un mariage arrangé par son père, et sa servante, qui n'ayant pas les mêmes attentes vis-à-vis du mariage, ne comprend pas du tout ce qui trouve sa maîtresse. Le ton monte ...

Nous verrons tout d'abord quel est le rôle de Lisette dans cette scène, puis quelles sont les craintes de Silvia et enfin, la place dans son argumentation de trois portraits de mauvais maris.

I. Le rôle de Lisette

A. L'expression du conformisme

1. Une servante surprise

● Forte ponctuation et exclamations "Quoi [...] qu'il vous destine ?" l.1, "que voulez-vous de plus ?" l.7, "Voilà une pensée bien hétéroclite" l.21-22 ⇒ trahit la surprise et l'émotion d'une servante par rapport aux propos inattendus pour elle de Silvia.

● Opposition entre un comportement non conformiste "vous n'épouserez pas" et la destinée des filles de l'époque "celui qu'il vous destine" l.1 ⇒ explicite la raison de son étonnement.

● Réponse avec bon sens "voilà une pensée bien hétéroclite" l.21-22 à l'argument ridicule "il est bel homme [...] et c'est presque tant pis" ⇒ Lisette permet d'insister sur le côté à la fois étrange et ridicule de la pensée de Silvia.

2. Une vision conformiste du mariage

● Les expressions toutes faites "celui qu'il vous destine" l.1, "votre futur" l.4 pour caractériser Dorante avant même qu'on prononce son nom, "un amant de cette espèce-là" qui aime et est aimé ⇒ Pour Lisette, le chemin de Silvia est tout tracé, le mariage est joué d'avance.

● L'approche idyllique et sans expérience "de mariage plus doux ? D'union plus délicieuse" l.8, à rapprocher de "se marier dans les formes" l.12 ⇒ Pour Lisette, conformiste, le bonheur tient dans le respect des traditions, et non dans le désir de chacun.

● Utilisation de proverbes "tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve" l.15-16, "y" renvoyant curieusement à l'amant, "endroit" supposé de plénitude et de bonheur et non personne ⇒ montre une réflexion limitée, et une argumentation fondée sur des principes.

3. Une vision du monde superficielle

● Jeu antithétique entre "superflu" et "nécessaire" dans "ce superflu-là sera mon nécessaire", en réponse à "De beauté et de bonne mine, je l'en dispense, ce sont là des agréments superflus" ⇒ met en évidence les ordres de priorité inverses des deux femmes.

● Un jugement basé sur des rumeurs, avec l'accumulation "On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, ..., qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère" l.4-7 ⇒ portrait moral, physique, intellectuel, social, élogieux, basé uniquement sur les apparences et des rumeurs.

● Termes globalisants "presque point de fille" l.12, "un amant de cette espèce-là" l.11, avec 2 pronoms indéfinis "tout en sera bon", "tout s'y trouve" l.16 ⇒ Pensée totalisante qui évacue la personnalité spécifique de Dorante pour en faire l'homme à épouser.

B. La servante au théâtre : tradition et contrepoint

● Interjections "Pardi" l.15, "Oui-da" l.27, "Vertuchoux" l. 30, allusion aux mœurs libertines avec l'expression populaire "l'épouser sans cérémonie" l.13 ⇒ Langage caractéristique des servants.

● Les trois questions rhétoriques "Que voulez-vous de plus ?" Peut-on se figurer de mariage plus doux ? D'union plus délicieuse" qui se veulent rassurantes, associé à une vision traditionnelle du bonheur avec "doux" et "délicieuse" ⇒ Lisette joue le rôle traditionnel de confidente en poussant sa maîtresse à se dévoiler.

● Interruption de l'argumentation de Silvia sur la question grave et philosophique de la vérité et des apparences par "Quel fantasque avec ses deux visages !" l.54, puis la métaphore de l'indifférence "Je gèle au récit que vous m'en faites" l.63, et enfin la dernière "Un mari ? c'est un mari ; vous ne deviez pas finir par ce mot-là, il me raccommode avec tout le reste" l.77-78 ⇒ Lisette apporte un peu de légèreté à la pièce (typique de la comédie), et a aussi pour

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