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Le Château du Diable

Fiche de lecture : Le Château du Diable. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2015  •  Fiche de lecture  •  1 480 Mots (6 Pages)  •  3 579 Vues

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GÉRARD DE NERVAL

LE MONSTRE VERT

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I

LE CHÂTEAU DU DIABLE

Je vais parler d'un des plus anciens habitants de Paris ; on l'appelait

autrefois le diable Vauvert.

D'où est résulté le proverbe : « C'est au diable Vauvert ! Allez au diable

Vauvert ! »

C'est-à-dire : allez vous... promener aux Champs-Élysées.

Les portiers disent généralement : « C'est au diable aux vers ! » pour

exprimer un lieu qui est fort loin.

Cela signifie qu'il faut payer très cher la commission dont on les charge. ―

Mais c'est là, en outre, une locution vicieuse et corrompue comme plusieurs

autres familières au peuple parisien.

Le diable Vauvert est essentiellement un habitant de Paris, où il demeure

depuis bien des siècles, si l'on en croit les historiens. Sauval, Félibien,

Sainte-Foix et Dulaure ont raconté longuement ses escapades.

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Il semble d'abord avoir habité le château de Vauvert, qui était situé au lieu

occupé aujourd'hui par le joyeux bal de la Chartreuse, à l'extrémité du

Luxembourg et en face des allées de l'Observatoire, dans la rue d'Enfer.

Ce château, d'une triste renommée, fut démoli en partie, et les ruines

devinrent une dépendance d'un couvent de Chartreux, dans lequel mourut, en

1414, Jean de la Lune, neveu de l'antipape Benoît XIII. Jean de la Lune avait

été soupçonné d'avoir des relations avec un certain diable qui, peut-être, était

l'esprit familier de l'ancien château de Vauvert, chacun de ces édifices ayant le

sien, comme on le sait.

Les historiens ne nous ont rien laissé de précis sur cette phase

intéressante.

Le diable Vauvert fit de nouveau parler de lui à l'époque de Louis XIII.

Pendant fort longtemps, on avait entendu, tous les soirs, un grand bruit

dans une maison faite des débris de l'ancien couvent et dont les propriétaires

étaient absents depuis plusieurs années.

Ce qui effrayait beaucoup les voisins.

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Ils allèrent prévenir le lieutenant de police, qui envoya quelques archers.

Quel fut l'étonnement de ces militaires, en entendant un cliquetis de verre,

mêlé de rires stridents !

On crut d'abord que c'étaient des faux monnayeurs qui se livraient à une

orgie et, jugeant de leur nombre d'après l'intensité du bruit, on alla chercher

du renfort.

Mais on jugea encore que l'escouade n'était pas suffisante : aucun sergent

ne se souciait de guider ses hommes dans ce repaire, où il semblait qu'on

entendît le fracas de toute une année.

Il arriva enfin, vers le matin, un corps de troupes suffisant ; on pénétra dans

la maison. On n'y trouva rien.

Le soleil dissipa les ombres !

Toute la journée l'on fit des recherches, puis l'on conjectura que le bruit

venait des catacombes situées, comme on sait, sous ce quartier.

On s'apprêtait à y pénétrer ; mais, pendant que la police prenait ses

dispositions, le soir était venu de nouveau et le bruit recommençait plus fort

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que jamais.

Cette fois, personne n'osa plus redescendre, parce qu'il était évident qu'il

n'y avait rien dans la cave que des bouteilles et qu'alors il fallait bien que ce

fût le diable qui les mît en danse.

On se contenta d'occuper les abords de la rue et de demander des prières

au clergé.

Le clergé fit une foule d'oraisons et l'on envoya même de l'eau bénite avec

des seringues par le soupirail de la cave.

Le bruit persistait toujours.

II

LE SERGENT

Pendant toute une semaine, la foule des Parisiens ne cessait d'obstruer les

abords du faubourg, en s'effrayant et demandant des nouvelles.

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Enfin, un sergent de la prévôté, plus hard que les autres, offrit de pénétrer

dans la cave maudite, moyennant une pension reversible, en cas de décès, sur

une couturière nommée Margot.

C'était un homme brave et plus amoureux que crédule. Il adorait cette

couturière, qui était une personne bien nippée et très économe, on pourrait

même dire un peu avares, et qui n'avait point voulu épouser un simple

sergent, privé de toute fortune.

Mais, en gagnant la pension, le sergent devenait un autre homme.

Encouragé par cette perspective,

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