LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L’ambition est-elle une manifestation positive de notre capacité à rêver ?

Analyse sectorielle : L’ambition est-elle une manifestation positive de notre capacité à rêver ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 168 Mots (9 Pages)  •  2 640 Vues

Page 1 sur 9

L’ambition est-elle une manifestation positive de notre capacité à rêver ?

I. L’ambition est dangereuse 1) L’ambition peut conduire à des dérives 2) Réalisée ou non, une ambition s’avère souvent décevante

II. L’ambition est cependant indispensable 1) L’ambition nous permet d’avancer 2) Sans ambition, rien n’est possible

4. Rédaction

Doc. 1 Doc. 2 Doc. 3 Doc. 4 Problématique, annonce du plan, transitions et conclusion

Chacun rêve de réussir sa vie, il s’agit d’une ambition légitime et universellement partagée comme le souligne Paul Valadier dans un article du numéro 1 de la revue Études publié en 2008. Et cela n’est d’ailleurs pas nouveau : Émile Zola avait déjà fait de l’ambition de l’un de ses personnages, Octave Mouret, le cœur de son roman Au Bonheur des Dames publié en 1883. Plus récemment, deux chansons françaises très populaires ont abordé le même thème : Charles Aznavour en 1960 en s’inspirant de son ambition de jeune chanteur dans « Je m’voyais déjà » et le groupe Téléphone, en 1984, en insistant plus sur la dimension utopique du phénomène. À la suite de P. Valadier qui s’interroge dans son titre sur la nécessité de réhabiliter l’ambition, on peut dès lors se demander si l’ambition doit toujours être considérée comme une manifestation positive de notre capacité à rêver. On se penchera sur les problèmes que posent un excès d’ambition ou l’imparfaite satisfaction de nos aspirations. Mais on envisagera aussi ce que l’ambition peut apporter de positif.

L’ambition a, souvent à juste titre d’après P. Valadier, très mauvaise réputation. On reproche aux ambitieux leur matérialisme et leur égoïsme. Leur volonté de réussir les conduirait à mépriser leurs semblables. En fait, d’après P. Valadier, les gens très ambitieux privilégient tellement leur propre succès qu’ils ruinent en fait les valeurs sur lesquelles la société repose. Émile Zola a lui aussi constaté cette dérive dans son roman Au Bonheur des Dames : pour réaliser son rêve de succès commercial, le personnage d’Octave Mouret en vient à dépersonnaliser les femmes qui fréquentent son immense magasin. Il ne considère plus ses clientes que comme les membres d’un culte dont il serait le chef, il n’envisage pas les femmes comme des individus mais comme une masse informe, presque comme un troupeau d’animaux. Le protagoniste de la chanson « Je m’voyais déjà » est lui aussi tellement obnubilé par son rêve de réussite, qu’il en vient à envisager les personnes comme de simples instruments de sa réussite, songeant à ses futures admiratrices comme à de véritables trophées symbolisant son succès. Le personnage évoqué par Charles Aznavour semble donc complètement obsédé par son ambition au point d’en oublier tout le reste. Il en vient même, afin de réussir, à sacrifier ses maigres économies. Il n’est d’ailleurs pas le seul à adopter un

comportement à risque à cause de son ambition. Le protagoniste de la chanson de Téléphone n’hésite pas, en effet, à prôner un comportement destructeur pour faire advenir l’autre monde auquel il aspire.

Même si on est prêt à tout pour réaliser ses rêves, on risque cependant d’échouer et d’être confronté à une grave désillusion. L’autre monde évoqué par le groupe Téléphone est certes attractif, mais il semble bien chimérique. P. Valadier souligne quant à lui à quel point la poursuite d’une ambition peut s’avérer nocive tant elle implique de sacrifices et de renoncements. Charles Aznavour en donne une illustration dans le texte de sa chanson de 1960 : son personnage a tout sacrifié à son ambition, mais il n’a jamais rencontré le succès artistique. Il a acquis une certaine maîtrise de son art, un certain savoir-faire, mais il a l’impression d’être passé à côté du succès. Il éprouve de l’amertume d’avoir échoué dans tous les domaines et il en rejette la faute sur la malchance, sur l’absence de soutien dont il aurait fait l’objet et même sur le manque de goût de son public potentiel. Même quand on la réalise, une ambition peut s’avérer nuisible. Dans Au Bonheur des Dames, le personnage d’Octave Mouret jubile de son succès mais ne semble pas profondément satisfait, comme s’il était condamné à la chute après avoir atteint le sommet ou comme s’il était désabusé de ne plus avoir, désormais, de véritable ambition à poursuivre. Mais l’ambition n’est pas seulement négative.

Ce n’est, en effet, pas par hasard que P. Valadier se demande dans son article s’il ne convient pas de « réhabiliter l’ambition » ? L’ambition apparaît incontestablement comme un stimulant très efficace. Dans le texte d’Émile Zola, c’est elle qui permet à Octave Mouret de fonder une entreprise très prospère, un magasin bourdonnant d’activité. P. Valadier va dans le même sens quand il explique que si l’on renonçait à donner aux enfants l’ambition d’être les meilleurs à l’école, la concurrence inhérente au monde capitaliste ne pourrait exister. Dans les textes des deux chansons, l’ambition apparaît aussi comme un puissant moteur. C’est elle qui pousse le personnage de Charles Aznavour à monter de province à Paris et à prendre son destin en mains et c’est elle aussi qui, dans le texte de Téléphone, permet d’envisager un monde entièrement nouveau et très original.

L’ambition, qui est fondamentalement ambiguë, ne doit donc pas être rejetée en bloc selon P. Valadier. Il propose de réhabiliter l’ambition qui permet d’avancer sans négliger la solidarité et l’entraide sur lesquelles est fondée la société. Il semble de toute façon difficile de se passer de l’ambition tant celle-ci apparaît indispensable. Sans l’ambition de réussir, Octave Mouret n’aurait jamais, dans le roman d’Émile Zola, fondé un magasin permettant de répondre au désir de consommation des femmes de son époque. L’ambition apparaît aussi fondamentale dans le texte de « Je m’voyais déjà » : malgré tous les déboires et les déceptions qu’il a connus, malgré son âge, il n’a rien abdiqué de ses rêves de succès, et tient envers et contre tout grâce à son désir de réussite intact. Dans le texte de Téléphone, l’ambition apparaît même comme une indispensable soupape de sécurité qui permet, en rêvant d’un autre monde, d’évacuer la frustration d’une jeunesse confrontée aux difficultés de la vie. C’est ce type d’ambition, au sens noble du terme, que P. Valadier propose de réhabiliter à la fin de l’extrait de son article.

...

Télécharger au format  txt (13.6 Kb)   pdf (131.8 Kb)   docx (10.6 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com