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L’albatros, Baudelaire

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Par   •  29 Mai 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 914 Mots (8 Pages)  •  216 Vues

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Aude Blazy L’albatros, Baudelaire Lundi 7 Février 2022

Maxime Vérin Analyse linéaire

Aude “L’Albatros” est le second poème de la section “Spleen et Idéal” des Fleurs du Mal ajouté dans la deuxième édition de 1861. Cette réédition fait suite à la condamnation de Baudelaire par la direction générale de la Sûreté publique pour délit d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs le 20 août 1857 et l’amputation de six pièces connues comme Les Épaves.

Pour ce poème construit en quatre quatrains en alexandrins à rimes croisées alternant entre féminines et masculines, Baudelaire est inspiré par son voyage en mer vers l’Île Bourbon (actuelle Réunion) à ses 20 ans. Il y observe la pêche à l’albatros, un des passe-temps favoris des marins qui pouvaient se montrer cruels et maltraitants envers l’oiseau considéré comme malfaisant. Il mobilise cette expérience pour en faire une représentation des relations du poète avec ses contemporains à travers la description de la déchéance de l’oiseau avant de finir sur la chute révélatrice de l’allégorie auto-représentative.

Maxime Dans la continuité du poème précédent “Bénédiction”, le poème illustre la destinée de l’enfant saturnien honni par ses semblables mais bénit du prodige de l’âme poétique par l’allégorie de l’albatros, souverain des cieux arraché à son royaume, inapte à la vie au sol et moqué par ses bourreaux.

L’oiseau comme mimesis du poète constitue un topos romantique qui est ici subverti dans une tonalité pathétique avec le choix surprenant de l'albatros, loin de l’aigle ou du condor utilisés par Musset ou Hugo.

Lecture poème Aude

De quelle manière Baudelaire, à travers la figure de l'albatros, illustre-t-il son idée de la condition du poète ?

Dans un premier temps nous nous pencherons sur le mouvement des vers 1 à 4 correspondant au portrait souverain de l’albatros et l’introduction d’un rapport de force, ce qui nous amènera à l’illustration de la déchéance par la métamorphose des vers 5 à 12 pour terminer par le quatrain final vers 13 à 16 constituant une allégorie de la double condition du poète.

Exemplaire support /4

Dessin de Alexandre Van Dantas, https://francessobmedida.com.br/lalbatros-charles-baudelaire/

Explication de l’image : albatros car nom du poème, point de vue supérieur aux hommes représentés par le bateau. Grandeur de l’albatros comparée à la petitesse du bâteau/tjr des hommes. Majesté du simple oiseau élevé par rapport aux hommes, qui s’évertuent à braver les limites de l’humain en conquérant les terres, les mers et les airs mais sans jamais égaler la prestance et la liberté de l’albatros.

Aude PREMIER MOUVEMENT DES VERS 1 À 4 : portrait souverain de l’albatros et l’introduction d’un rapport de force

de manière générale, construction d’une scène de vie en mer avec isotopie maritime “hommes d’équipage” (v.1), “navire” (v.4), “albatros” (v.2), “mers” (v.2) “avirons” (v.8)

dichotomie spatiale : oiseau souverain des cieux “rois de l’azur”, en parfaite symbiose avec son environnement céleste (périphrases, hypallage + allitération en “s” sifflement du vol (vv.1 et 2)) et hommes au “sol” sur leur bateau à l’altitude 0, notion d’horizontalité avec le glissement du bateau sur les eaux en parallèle de celui de l’oiseau dans les airs + verticalité terre/ciel

étonnement de l’ouverture avec adv “souvent” (v.1), aspect de rejet, l’adverbe était isolé par une virgule = habitude CC de but “pour s’amuser” = désoeuvrement et cruauté

ce “souvent” isolé rend le premier vers claudiquant, car césure à l’hémistiche respectée mais décalée par la virgule, ce premier vers met en exergue un décalage formel qui paraît insignifiant mais qui va se creuser de manière thématique

aspect global d’entremêlement des vers, jeu d’enjambements rejet contre-rejet “les hommes d’équipage // Prennent des albatros” (vv.1 et 2) “vastes oiseaux des mers, // Qui suivent” (vv.2 et 3) = donne une impression de déséquilibre entre les deux entités (hommes d’équipage / albatros) renforcée par la syntaxe : principale “les hommes d’équipage prennent des albatros”, “hommes d’équipage” = sujet actant, verbe d’action “prendre” subie par COD “des albatros” tandis que proposition subordonnée relative “qui suivent” dépeint l’oiseau comme paisible voire passif + attitude désinvolte renforcé par qualificatif “indolent” (v.3) = celui qui agit avec

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mollesse du latin indolens “celui qui ne souffre pas” + périphrase “compagnons de voyage” (v.3)) = introduction d’un rapport de force ;

“vastes oiseaux des mers” = hypallage très élégant reprenant l’adjectif “vaste(s)” attendu pour désigner la mer mais qui fait ici référence à l’envergure, donnant ainsi un aspect mythique et seigneurial à l’albatros de par ce surplombement des eaux, comparaison de la vastitude de la mer à celle des ailes du volatile, la majesté du sujet est également soulignée par la périphrase elle-même qui sera amplifié par le titre honorifique “rois de l’azur” (v.6)

ce portrait épidictique de l’oiseau et de sa souveraineté céleste entre en dichotomie avec l’espace dans lequel évolue les marins sur un plan inférieur, rime de “mer” avec “amers” + substantif “gouffres” connotation lugubre, infernale

Maxime DEUXIÈME MOUVEMENT DES VERS 5 À 12 : illustration de la déchéance par la métamorphose

effacement des “hommes d’équipage” uniquement évoqué par le pronom “ils” (v.5) puis absents de la strophe, déshumanisation du groupe mais répétition de l’antagonisme entre “ils” sujet actant, verbe d’action “déposer” et COD “les” désignant les albatros, victime du procès = l’animal est arraché à son royaume céleste, spatialement et symboliquement supérieur par les hommes

“les planches” (v.5) cette synecdoque sert ici à désigner le navire mais pas seulement. On observe une syllepse stylistique qui désigne également les planches d’un théâtre, mise en scène d’un spectacle de cruauté avec une ambivalence des rôles : l’albatros jeté sur la scène

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