La réécriture

LA RÉÉCRITURE

La réécriture consiste à ré-écrire, c’est à dire écrire quelque chose qui a déjà été écrit, qu’il s’agisse d’un texte, d’un topos (thème récurrent, ex : carpe diem, la belle mâtineuse, etc), d’un personnage, etc.

Quel peut être l’intérêt d’écrire quelque chose qui existe déjà ?

Se réécrire soi-même :

Pour améliorer son style :

De nombreux auteurs sont très célèbres pour tout ce travail de remaniement de la langue. Dès le 17è, Boileau appelle à remettre constamment ses écrits sur le bureau à classicisme. Être écrivain devient alors un métier et n’est plus une histoire d’inspiration.

« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage

Polissez le sans cesse et repolissez »

Art poétique, Boileau (1674)

Au 19è, Flaubert faisait passer ses écrits à l’épreuve de son « gueuloir ». Balzac réécrivait constamment ses œuvres en y ajoutant parfois des phrases entières.

Pour traduire une pensée en constante évolution :

Montaigne passe toute sa vie à réécrire ses Essais. Il y en aura 3 versions : 1580, 1588 et 1595 à titre posthume.

« Si mon âme pouvait se fixer, je ne m’éprouverais, je me déciderais. Elle est toujours en train d’apprendre et de faire des expériences ».

Montaigne

On voit dans De la conscience que Montaigne tolère la torture en 1580 comme étant « la chose la moins mauvaise que l’humaine faiblesse ait pu inventer ». Mais il interroge ce qui fonde cette pratique et les risques d’erreurs. En 1588, il se montre plus affecté pour les innocents torturés et invite le lecteur à se mettre à leur place. Mais il tolère toujours la pratique de la torture. Enfin en 1595, il ne cautionne plus la torture et prend du recul par rapport à ses premières positions. C’est devenu une pratique inhumaine et inutile. Il ne renie pas non plus ses propres pensées passées, cependant il admet qu’il évolue.

Pour faire évoluer son propre projet :

La réécriture peut permettre à certains écrivains d’étoffer une œuvre dont la conception évolue au fur et à mesure de l’écriture.

Début 19è Balzac → Comédie Humaine

Début 20è Proust → A La Recherche du temps perdu

Pour s’amuser et poser la question de la création, de l’écriture :

Oulipo (ouvroir de littérature potentielle) : groupe d’auteurs qui se retrouvent et s’imposent des règles pour s’obliger à écrire d’une certaine façon. Ce qui les stimule et les pousse à créer quelque chose de nouveau.

Raymond Queneau 20è → Exercices de styles

Réécrire autrui

Le principe d’innutrition : trouver son propre style, tenter de surpasser ses modèles :

Depuis le 16è siècle jusqu’à la fin du 18è, les auteurs français redécouvrent les écrivains antiques qu’ils prennent pour modèles et vont tenter d’imiter. Du Bellay avec Déjà la nuit en son parc reprend le thème de la belle matineuse en y incorporant des références antiques et en s’inspirant

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