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La psychocritique

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Par   •  29 Mai 2012  •  Cours  •  1 017 Mots (5 Pages)  •  2 517 Vues

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L'approche marxiste "classique" considère la littérature comme un élément de la "superstructure". Les oeuvres sont à lire comme un "reflet" idéologique, donc déformé, d'une instance qui lui est extérieure et qui la détermine, la lutte des classes.

Dans la "Nouvelle critique" des années 60 la tentative la plus conséquente pour penser la relation entre oeuvres, classes sociales et idéologie est celle de Lucien Goldmann (1913-1970). Lui-même se place dans la continuité de la pensée du philosophe hongrois G. Lukàcs (1885-1971) qui a exercé dans ce domaine une grande influence entre les années 30 et 60.

Pour Lukàcs l'œuvre est une totalité qui a pour fonction de donner une figure aux contradictions du monde historique "réel". De cette thèse découle un critère d'évaluation esthétique : les oeuvres les plus accomplies, qu'il nomme "réalistes", sont celles qui accomplissent le mieux cette fonction. Les romans de grande valeur comportent ainsi des personnages "typiques", qui sont à la fois de véritables individualités et l'expression du mouvement de l'histoire :

La tragédie et la grande littérature épique (= épopée et roman) élèvent donc toutes deux la prétention de figurer la totalité du processus de vie. Dans les deux cas il est évident que cela peut être seulement un résultat de la structure artistique, de la concentration formelle sur le reflet artistique des traits les plus importants de la réalité objective (...) Bien entendu, aucun personnage littéraire ne peut contenir la richesse infinie et inépuisable de traits et de réactions que la vie elle-même comporte. Mais la nature de la création artistique consiste précisément dans le fait que cette image relative, incomplète produise l'effet de la vie elle-même, sous une forme encore rehaussée, intensifiée, plus vivante que dans la réalité objective (6).

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Une telle approche ne se soucie guère des fonctionnements textuels, des ressources dont dispose la littérature pour donner une "figure" à la "réalité objective". Les genres littéraires y occupent, certes, une place importante, mais en fonction du type de "reflet" de la société qu'ils impliquent, non en tant qu'institutions de la communication littéraire. L'analyste traverse les textes comme si leur contenu était transparent et univoque, le seul sens véritable étant extérieur à l'œuvre.

L. Goldmann a voulu remédier à certaines insuffisances notoires de cette démarche. Il a pris pour point de départ non la qualité du reflet artistique par rapport à la "réalité" mais la question de la genèse des oeuvres, des conditions sociales de leur apparition.

Son ouvrage majeur, Le Dieu caché, sous-titré "Etude sur la vision tragique dans les Pensées de Pascal et dans le théâtre de Racine", est paru en 1959, c'est-à-dire avant la vague du structuralisme littéraire. Il y énonce ainsi sa thèse majeure :

Toute grande oeuvre littéraire ou artistique est l'expression d'une vision du monde. Celle-ci est un phénomène de conscience collective qui atteint son maximum de clarté conceptuelle ou sensible dans la conscience du penseur ou du poète. Ces derniers l'expriment à leur tour dans l'œuvre qu'étudie l'historien en se servant de l'instrument conceptuel qu'est la vision du monde (7).

De prime abord, cette thèse semble proche de la démarche des philologues, toujours soucieux de plonger les oeuvres dans la "mentalité", "l'esprit",

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