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La guerre et les Lumières

Dissertation : La guerre et les Lumières. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2022  •  Dissertation  •  933 Mots (4 Pages)  •  223 Vues

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        « La guerre est un fruit de la dépravation des hommes ». Tels sont les mots par lesquels commence l’article Paix de l’Encyclopédie, donnant un avant-goût de la philosophie des Lumières dans son rapport à la guerre et ses horreurs. Voltaire, La Bruyère et Damilaville, en tant que représentants de ce courant philosophique et littéraire, partagent la même opinion quant à cette thématique de l’art militaire, propre à l’Histoire humaine.

        Comment la guerre est-elle représentée chez les philosophes des Lumières ?

         Nous pourrons, dans un premier temps, voir en quoi ces trois auteurs se rejoignent sur la question du conflit armé, puis, nous analyserons comment chacun d’entre eux choisit de traduire son rejet sous forme stylistique et par le choix de la narration. Nous finirons par une brève conclusion répondant à la problématique.

        Chez ces trois auteurs au style très différent, le thème de la guerre est abordé avec le même dégoût, le même regret, et la même force de condamnation. La philosophie des Lumières étant fondée sur l’idée du progrès, de la tolérance et de la réflexion, ces représentants ont eu à cœur de mener un combat littéraire contre toutes les absurdités et tous les obstacles qui empêchaient l’humain d’avoir accès à la liberté intellectuelle, physique, et morale. C’est ainsi que, fermement opposés à toute idée d’obscurantisme et de manipulation, Voltaire, Damilaville et La Bruyère utilisent leur plume pour rendre publique leur critique de la guerre, et inciter la France et l’Europe à la réflexion. Voltaire utilise à la fois le roman (Candide) et son Dictionnaire philosophique pour marquer son désaccord avec toutes les barbaries humaines à l’œuvre depuis des siècles. Dans Candide, publié en 1759, l’auteur s’inspire de la réalité d’alors : la Guerre de sept ans, l’Inquisition portugaise et le tremblement de terre de Lisbonne, autant de contexte où la violence et la misère se déchaînent. Dans le chapitre « Guerre » de son Dictionnaire philosophique, sorti en 1764, il résume un conflit familial sur fond de succession, avec, à la clé, de nouvelles hostilités. Dans Les Caractères, publié en 1688, La Bruyère se sert de la grande Histoire pour juger le recours à la violence depuis l’Antiquité. Il en souligne la banalité, en même temps que la bêtise, avec d’autant plus de fermeté qu’une partie du texte s’adresse à une victime qu’il semble avoir connu et apprécié, et que le conflit a mené à une mort prématurée. Enfin, chez Damilaville, l’article Paix, datant de 1772, permet à l’auteur de critiquer la guerre, en y détaillant ses désordres et ses conséquences. Dans le même temps, plein de bon sens et de rationalisme, il y vente la paix comme seule issue possible, garante du bonheur des hommes et des états.

        Malgré la ressemblance d’opinion entre ces trois auteurs, on peut constater que chacun utilise un style propre à lui afin de dénoncer la nature belligérante des soldats, des états, et des souverains. Voltaire choisit pour exprimer son dégoût de la guerre, une arme littéraire qu’il affectionne : l’ironie. Puisant son inspiration chez Montesquieu (Lettres Persanes), et dans le roman picaresque, Voltaire se place volontairement dans un jugement « à distance », pour laisser le lecteur responsable de son propre avis. Il alterne ainsi les passages décrits de manière glorieuse (« Rien n’était si beau [...] enfer »), et les descriptions choquantes et sanguinolentes (« Des cervelles étaient [...] coupés. »). Le contraste entre ces deux types d’écriture amène un sarcasme indirect, sans passer pour un jugement clair. Pareillement, dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire illustre son dégoût de la guerre sans jamais le formuler directement. C’est la fantaisie dans le choix des mots (« cette équipée », « il les habille d’un gros drap bleu [...] gloire »), ainsi que l’apparente légèreté de ton (« trois ou quatre-cents ans [...] ne subsiste plus »), qui traduisent le regard de l’auteur sur les conflits armés. En ce qui concerne La Bruyère, dans Les Caractères, son ton est beaucoup plus transparent. Utilisant à la fois la harangue (« Jeune Soyecourt [...] ordinaire. ») et le résumé historique, il met le lecteur face à une réalité humaine, sans humour, sous son esprit moralisateur. Les termes sont crus (« se dépouiller [...] autres »), l’ironie présente dans les périphrases (« sont convenus entre eux »), mais la logique de la démonstration reste dominante (« De l’injustice [...] la liberté »). L’ambition pédagogique de l’auteur se fait sentir à travers ces choix stylistiques dans lesquels la fiction ne joue pas de rôle. Pour terminer, Damilaville, dans l’article Paix, tiré de l’Encyclopédie, va encore plus loin dans son analyse de la guerre. Son texte détaille les malheurs que provoquent ce qui, pour lui, est une « maladie », et n’utilise aucun artifice de style pour adoucir son propos. Les termes utilisés sont lapidaires (« dépravation », « incultes et abandonnées ») et les propositions s’enchaînent à un rythme soutenu. Il oppose le conflit à la paix, qui est, à ses yeux, plus progressiste et bénéfique pour les Nations.

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