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La froideur de Malherbe

Analyse sectorielle : La froideur de Malherbe. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 618 Mots (7 Pages)  •  645 Vues

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I.La froideur de Malherbe est bien une transcription des événements politiques de son temps

II.Pourquoi cette froideur est, au contraire, le signe d'une certaine esthétique voulue par le poète et donc sans lien avec les 'hiérarchies' ?

III.Comment cette poésie malherbienne témoigne de l'évolution générale de son temps, tout en intégrant plus particulièrement la pensée de Malherbe ?

Résumé de l'exposé

Mis à l’honneur dans l’Art poétique de Boileau, Malherbe est depuis longtemps considéré comme le poète le plus rigoureux de son temps et comme celui qui a mis en place des règles inflexibles et incontournables, pour les poètes qui lui succèderont au cours des siècles suivants. La rigueur est en effet ce qui frappe le plus dans la poésie de Malherbe, que l’on a même parfois taxée de froideur et d’impassibilité. Cependant, Antoine Adam, par ailleurs grand spécialiste de la poésie malherbienne, nous invite à réfléchir sur cette rigueur en ces termes : « L’ordre qui domine toute l’œuvre de Malherbe, qu’est-il donc que l’expression de l’ordre politique restauré ? La majesté de ses vers ne fait que traduire l’exigence de grandeur qui anime alors les hiérarchies. Et si cette majesté nous semble marquée de froideur, ce n’est pas à Malherbe que nous le devons imputer, c’est à son époque toute entière ».

Face à une telle affirmation, il convient donc de se demander jusqu’à quel point elle est adaptée à Malherbe et sa poésie. Ainsi, nous verrons comment la froideur de Malherbe est bien une transcription des événements politiques de son temps, puis nous verrons plus en détails pourquoi cette froideur est, au contraire, le signe d’une certaine esthétique voulue par le poète et donc sans lien avec les « hiérarchies ». Enfin, nous nous attacherons à voir comment cette poésie malherbienne témoigne de l’évolution générale de son temps, tout en intégrant plus particulièrement la pensée de Malherbe.

[...] En effet, la poétique de Malherbe se définit d’abord par son opposition aux poètes qui l’ont précédé : il se joue avec une froide ironie des codes pétrarquistes, qu’il convoque pour mieux repousser dans la majorité de ses poèmes amoureux, où il nous dépeint une figure masculine conquérante et cynique, en contradiction totale avec la vision pétrarquiste des rapports amoureux. Cette conception de l’amour qui rejaillit dans son œuvre n’est autre que l’expression d’une esthétique nouvelle, que Malherbe contribue à forger par son style, qui n’a donc plus rien à voir avec la majesté de la monarchie ou avec une quelconque influence du pouvoir. Il nous faut alors nous interroger plus spécifiquement sur la teneur de la poésie malherbienne et sur les raisons d’une telle rigueur dans la composition. [...]

[...] Mais si Malherbe s’aligne sur la monarchie, il témoigne également de l’importance de l’influence des hiérarchies à son époque, c’est-à-dire de l’Eglise et de l’Etat. Déjà, depuis Bertaut et Du Perron, la poésie française s’était tournée vers l’exaltation des grandes idées religieuses, et Malherbe ne fait que poursuivre dans cette lignée. Ainsi, dans L’imitation du psaume Lauda anima mea Dominum il affirme qu’il ne faut louer que Dieu, car les choses du monde ne sont que vanités et s’évanouiront avec le temps. [...]

[...] Il parvient ainsi à entrer dans les faveurs d’Henri IV, Marie de Médicis, dont il sera le poète favori, Louis XII ou Richelieu. C’est ce dont témoignent les nombreux éloges qu’il adresse à ces personnages, tout au long de sa vie : plus de la moitié de son œuvre est constituée de poèmes dédiés ou consacrés à un Grand du royaume, comme par exemple l’Ode à la Reine sur sa bienvenue en France ou A Monseigneur, Frère du Roi Au vu de cela, quoi d’étonnant à ce que Malherbe glorifie le pouvoir royal dans ses poèmes ? [...]

[...] En effet, ce qui prime avant tout dans cette rigueur et cette majesté des vers, c’est l’esthétique. La rigueur croissante apportée par Malherbe dans son art poétique en est la preuve : son œuvre est une discipline de la création et de la métrique, c’est un culte de l’effort, avec un enjeu artistique majeur. Malherbe ne se contente pas de mettre en vers, il stylise, il concentre ses effets, il développe des procédés construits et affinés. Car, selon lui, le véritable art consiste à s’imposer des contraintes à soi-même. [...]

[...] Cependant, peut-on réellement dire que cette froideur de style n’est due qu’à cette volonté de louer les hiérarchies ? Ne peut-on pas y voir également l’expression d’un style personnel et d’une esthétique nouvelle ? A y regarder de plus près, l’on peut en effet s’apercevoir que, si Malherbe loue l’Etat et l’Eglise, ce n’est pas par conviction personnelle : le poète fait en réalité preuve d’une indépendance d’esprit peu commune, qui le pousse à adhérer à la religion et au gouvernement du pays dans lequel il vit plutôt par souci de commodité que par réelle conviction. [...]

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